© Charles Cavenel   



La représentation d'un munus sur la mosaïque de Zliten

La frise de l'amphithéâtre court sur quatre côtés, répartis deux à deux :



La frise du côté nord


© Charles Cavenel   



La frise du côté sud

© Gérard Coulon


L'orchestre

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© Gérard Coulon

L'extrémité gauche des frises nord et sud représente à peu près la même scène : un hermès protecteur préside aux jeux, le buste posé sur une colonne de forme pyramidale contre laquelle repose un bouclier. A côté de lui, un orchestre accompagne les évolutions des combattants : debout, un sonneur de tuba, puis une joueuse d'orgue hydraulique, et deux joueurs de cornu assis.

Duel d'equites

Certains combats opposent des paires de gladiateurs identiques. C'est le cas dans le duel d'equites de la frise nord. les equites sont à la base des cavaliers, commençant leur affrontement montés à cheval et le finalisant toujours au sol. On les reconnaît au fait que ce soit les seuls à porter la tunique. Ils ont le même casque surmonté de deux petites aigrettes et la même manica (brassard) sur le bras droit. L'eques vaincu gît au sol tandis que le bras armé du vainqueur est arrêté dans son élan par l'arbitre. Le gladiateur n'a en effet pas de droit de vie et de mort sur son rival, la décision appartient à l'editor des Jeux.

Rétiaires contre secutores

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C'est le même geste d'appel à l'editor qu'effectue le rétiaire blessé (à gauche) qui tente d'échapper à l'avancée menaçante du secutor auquel il est opposé. Le rétiaire, légèrement armé, a laissé tomber son trident, et sa blessure à la jambe le prive du seul avantage dont il dispose d'ordinaire sur des adversaires bien plus lourdement armés : la vitesse et la mobilité.

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Sur la frise sud, le même type de duel offre une variante intéressante : le rétiaire de gauche, atteint à la poitrine, a laissé tomber son trident, mais a eu le temps de contre-attaquer : son adversaire, blessé au poignet, n'a plus la force de tenir son bouclier. Le combat se poursuit donc au glaive court.

Thraces ou hoplomaques contre mirmillons

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A côté, un duel oppose un thrace (à gauche) et un mirmillon : le thrace est armé de l'épée recourbée caractéristique de cette classe de gladiateurs, la sica, ou falx supina, et d'un petit bouclier rectangulaire, la parma (qu'il tient trop bas pour parer efficacement l'attaque de son adversaire). On reconnaît le thrace au fait qu'il ait toujours deux grandes ocreas (protections de jambes).

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Plus loin, nous assistons à la fin d'un duel entre hoplomaque (à gauche) et mirmillon. L'hoplomaque attend, victorieux et bien campé sur ses jambes, la décision de l'editor : son adversaire, blessé au visage, saigne abondamment. On peut supposer que maints coups de lance dans le casque lui auront ouvert l'arcade sourcillière suite aux chocs et que la coulée de sang l'aveugle. Il serait en revanche faux de penser que la lance a transpercé le casque : c'est impossible. En attendant la décision, le summa rudis (arbitre, à droite) sépare les deux combattants de sa baguette.

Duel de provocatores

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Un duel de provocatores conclut la frise nord à l'extrême droite : le combattant de gauche est en train de donner à son adversaire un coup d'estoc, de haut en bas, qui provoque une hémorragie. Le combattant de droite va peut-être, s'il meurt de ce coup ou si l'editor décide qu'il sera achevé, sortir de l'arène sur la litière qui figure dans l'angle, le torus libitinae sur lequel on transporte les gladiateurs morts vers le spoliarium.

Du début à la fin d'un combat

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Au milieu de la frise sud, deux paires de gladiateurs résument le début et la fin d'un combat : à gauche, les combattants (deux provocatores) commencent leur combat : le provocator de droite entame une attaque de tranche au bouclier, que son adversaire se prépare à encaisser. A côté, au contraire, il se termine : le mirmillon de gauche vient de porter un coup violent en direction de la nuque de son adversaire, un thrace qui pare le coup de son bouclier et profite du moment où l'autre est à découvert pour lui enfoncer sa sica dans la cuisse : l'artère fémorale a peut-être été touchée, le sang gicle abondamment.

Laissons le mot de la fin à Salvatore Aurigemma...

« Celui qui a dessiné les cartons [de cette mosaïque] avait un tempérament d'artiste tout à fait exquis : maître de la forme et du modelé, peintre robuste et délicat, c'était peut-être un grec, en tout cas un très grand artiste, qui avait naturellement choisi des collaborateurs de même qualité, ou qui peut-être effectuait lui-même la pose de la mosaïque. En tout cas, il a insufflé à ces personnages, prêts à mourir en grande pompe, au son de la musique et des clameurs du peuple, une vie et une âme qui ne devaient pas périr. On chercherait en vain une telle vie (du moins à un tel degré de noblesse et de puissance) dans les autres représentations similaires de combats de gladiateurs (en peinture et surtout en sculpture) qui de l'antiquité sont parvenues jusqu'à nous ».


Merci à Stéphanie Clo pour les remarques qu'elle a eu la gentillesse de nous faire et les corrections qu'elle a apportées à cette page.