Baudile-Jean-Louis Companyo (1781-1871)
Il vint au monde à Céret le 16 décembre
1781, et mourut à Perpignan le 10 septembre 1871. Il
était fils d'un docteur en médecine, intendant des
Eaux d'Arles, (aujourd'hui Amélie-les-Bains), ayant
publié sur ces thermes des observations approfondies qui
lui valurent le titre de membre correspondant de
l'Académie de médecine de Paris, et de Claire
Lauquine son épouse, originaire d'Arles.
Orphelin de bonne heure, le jeune Companyo s'efforça de
suivre les traces paternelles. Il commença ses
études à la Faculté de Montpellier. Il ne
tarda pas à devoir les interrompre pour servir la patrie.
Ce fut pour être, à la suite d'un concours,
nominé chirurgien sous-aide major dans le quartier
général du prince Murat, en Espagne (1807).
Là naquirent ses relations amicales avec le
célèbre baron Larrey et surtout avec le brave
comte Déjean, très savant entomologiste, dont il
partagea la fougue dans plus d'une hasardeuse excursion.
Volontiers ils oubliaient qu'ils étaient poursuivis par
l'ennemi pour chasser à leur tour de pacifiques
coléoptères. Un jour le comte Déjean entend
un coup de feu, glisse de son cheval ; Companyo, à
distance, accourt, le croyant ou blessé ou tué. Le
général avait aperçu un carabus
rutilans ; s'en étant emparé, il montrait
triomphant cette rareté à son aide-major. Plus
tard, interné à Perpignan pour cause politique, le
comte Déjean fut heureux d'y retrouver le compagnon des
expéditions guerrières et scientifiques de leur
enthousiaste jeunesse.
Companyo, rentré dans le département après
la guerre d'Espagne, fut chef de service à
l'hôpital militaire créé à Prades.
Obligé par raison de santé de rentrer dans la vie
civile, il redevint étudiant à l'âge de
trente ans. Il termina ses études par une remarquable
thèse de doctorat, qu'il subit à Montpellier, le
17 juin 1812. Dès ce moment, Companyo pratiqua son art,
avec un dévouement, une affabilité qui ne se
démentirent jamais. Il recueillit souvent des marques de
gratitude qui se manifestèrent soit dans l'exercice de
ses devoirs, soit dans ses voyages, soit dans l'extension
progressive de différentes collections qui lui valurent
une grande notoriété. Aucun savant ne passait
à Perpignan sans les visiter et féliciter leur
auteur. Il travailla à leur accroissement pendant vingt
ans. Grâce à des démarches auprès de
nos compatriotes et à l'aide de dons particuliers, il
installa dans les salles du Musée de Perpignan des
collections précieuses, dont il fit don à la ville
en 1837. Le 21 novembre 1840, un arrêté du maire le
nomma Directeur-conservateur du Museum.
Tout ce qui avait trait à la statistique, à
l'instruction publique, à la salubrité, à
la surveillance des prisons, à la pépinière
départementale, à la sériciculture, aux
diverses branches de la science agricole, ne le laissait
indifférent. Les régimes de la Restauration, ceux
de 1830 et de 1848 surent reconnaître ses
capacités. Ils lui confièrent des charges et des
emplois où il montra toujours une grande
compétence.
Mais en 1852, il ne lui fut point pardonné d'avoir
refusé le serment politique. Le Gouvernement le destitua
de ses fonctions de médecin des prisons et de directeur
de la pépinière. Il comprit quel refuge il
trouverait dans ses chères études et surtout dans
ses doctes amitiés. Elles furent nombreuses et
s'étendirent bien loin en France et à
l'étranger.
Chaque année, en dépit des fatigues et de
l'âge, il augmenta ses collections. En 1844 et en 1845, la
Société Agricole, Scientifique et
Littéraire des Pyrénées-Orientales
lui confia sa direction avec le fauteuil
présidentiel.
Companyo étudia, d'une manière spéciale,
les cours de nos rivières et les divers terrains qu'elles
traversent. Il en fit une exposition des plus originales et des
plus instructives ; on peut la voir avec intérêt
dans une des salles du Museum. Avec tous les
éléments divers dont il s'était rendu
maître, Companyo se décida enfin à faire
imprimer l'inventaire complet de ses observations dans les trois
règnes de la nature. A l'âge de quatre-vingts ans,
il entreprit la publication, en trois forts volumes, de
l'Histoire naturelle du département des
Pyrénées-Orientales. Les palmes d'officier de
l'Instruction publique, en 1864, la croix de la Légion
d'honneur, en 1867, celle de l'ordre Impérial de
François-Joseph d'Autriche en 1870 vinrent honorer les
derniers jours du savant naturaliste.
Companyo a fait éditer les publications suivantes
:
- Mémoire descriptif et ostéologie d'une baleine échouée le 27 novembre 1828, sur les côtes de la Méditerranée, près Saint-Cyprien
- Rapport sur un serpent de 11 pieds de longueur et 18 pouces de circonférence, tué dans le département des Pyrénées-Orientales, 1836, IIe Bulletin de la Société Philomathique de Perpignan
- Rapport sur un tableau contenant la collection des mollusques terrestres et fluviatiles, offert à la même Société par M. Aleron, 1837, IIIe Bulletin de la Société
- Catalogue des oiseaux, soit sédentaires, soit de passage trouvés dans notre département (classification de Temmink) 375 espèces
- Notice sur les insectes qui ravagent, dans quelques cantons, les vignobles du département des Pyrénées-Orientales avec cartes indiquant les cantons les plus ravagés par la pyrale (en catalan couque) et l'attice (babot), 1839, IVe Bulletin de la Société
- Catalogue raisonné de divers objets offerts à la Société des Pyrénées-Orientales, pour le cabinet d'Histoire naturelle, 1841, Ve Bulletin de la Société
- Catalogue descriptif des mammifères qui ont été observés et qui vivent dans le département des Pyrénées-Orientales, 1841, Ve Bulletin de la Société
- Rapport sur l'industrie sétifère du département des Pyrénées-Orientales en 1842 et 1843. La Société Agricole des Pyrénées-Orientales vota l'impression de ce compte-rendu, dont le maréchal Soult, ministre de la guerre, acquit vingt exemplaires pour les magnaneries de l'Etat, en Algérie, 1843, VIe Bulletin de la Société
- Itinéraire des quatre vallées du département des Pyrénées-Orientales, suivi du Catalogue des quarante premières familles de plantes observées dans cette contrée
- Observations sur la présence de trois oiseaux nouveaux pour la Faune du département
- Description d'une nouvelle espèce de mulette trouvée dans les eaux douces du département, en collaboration avec Paul Massot, avec planches
- Notice sur l'Histoire naturelle de l'île Sainte-Lucie (Aude)
- Rapport sur l'éducation des vers-à-soie Trivoltini et sur le mûrier multicaule
- Rapport sur les plantations de mûriers et d'oliviers dans les Pyrénées-Orientales
- Mémoire au sujet de la greffe du chêne-liège sur le chêne-vert
- Mémoire sur deux nouvelles plantes de la famille des génistées, genre Sarothamnus, découvertes par Companyo même dans les Pyrénées-Orientales, 1848, VIIe Bulletin de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales
- Considérations sur des ossements fossiles trouvés dans le bassin du Roussillon : mastodonte et hippopotame, et sur deux têtes humaines, l'une trouvée dans les cavernes calcaires des Corbières, l'autre tête éburne de dimensions colossales, trouvée dans le cimetière d'Oms, 1851, VIIIe Bulletin
- Considérations sur le gutta-percha et sur les services qu'il peut rendre à l'industrie
- Catalogue des insectes coléoptères (carabiques) observés dans les Pyrénées-Orientales, avec indication des localités
- Notice sur la priorité de la découverte de la subularia aquatica dans les eaux du plateau de Carlite
- Note sur la présence de l'Eider, Anas mollissima (Linné), dans le Roussillon, 1854. IXe Bulletin
- Suite du catalogue des insectes coléoptères observés dans le département des Pyrénées-Orientales avec indication des localités. Cette partie renferme les Hydrocanthares et les Lamellicornes, 1856, Xe Bulletin
- Observations sur les insectes nuisibles aux oliviers dans le département des Pyrénées-Orientales, 1858, XIe Bulletin
- Notice sur des cétacés échoués sur les côtes de la Méditerranée, entre Saint-Laurent-de-la-Salanque et Leucate en février 1864, Delphinus globiceps. Description de l'animal, anatomie et ostéologie, avec 4 planches. Le squelette de ce cétacé a été monté par Companyo pour le Musée de Perpignan, 1867, XVe Bulletin.