Dagobert de Fontenille (1736-1794)
Luc-Siméon-Auguste Dagobert de Fontenille,
général français, né le 8
mars 1736, à la Chapelle, près
Saint-Lô, est mort à Puycerda, le 28 avril
1794. Il entra au service le 9 mars 1756, comme
sous-lieutenant dans le régiment du Tournaisis.
Il fit toutes les campagnes de la guerre de Sept Ans,
et fut blessé dans plusieurs combats, notamment
à la bataille de Minden, à Ober-Vemer et
à Clostercamp. Il fit aussi trois campagnes en
Corse, et s'y distingua également. |
© Agnès Vinas |
Ses débuts avaient été marqués par
des succès. Dès le 14 février 1794, n'ayant
avec lui que 800 hommes, il avait attaqué et battu
à Sospeillo un corps autrichien de 2.000 hommes. Le
combat fut opiniâtre ; mais l'ennemi, partout
culbuté, perdit 300 prisonniers. Cet avantage
n'était que le prélude de la victoire que Dagobert
remporta dans les journées des 28 février, 1 et 2
mars suivant. Biron ayant résolu de chasser les ennemis
du comté de Nice, lui donna l'ordre d'attaquer les
hauteurs du col de Negro. Ces hauteurs furent emportées
en un instant, et Dagobert continua sa marche avec ses troupes
qui formaient la droite de l'armée, tandis que la gauche,
commandée par le général Brunet, suivait le
même mouvement. L'ennemi fut chassé de position en
position, jusqu'à la Vesubia, et l'armée
française établit son bivouac sur la rive gauche.
Le 2 mars au matin, le général Dagobert culbuta
les troupes légères qui occupaient encore quelques
hauteurs sur les deux rives de la Vesubia, pendant que le
général Brunet s'emparait du
Belvédère, que les autrichiens occupaient en
force. Dans ces diverses affaires, Dagobert avait
déployé une grande vigueur et des talents
militaires qui attirèrent sur lui l'attention du
gouvernement.
La guerre venait d'être déclarée en Espagne.
Ce fut lui que la Convention chargea du commandement en chef de
l'armée des Pyrénées-Orientales. Mais
l'année à la tête de laquelle il venait
d'être placé était si peu nombreuse qu'il
crut que les moyens mis à sa disposition étaient
insuffisants pour entreprendre une opération de quelque
importance. Il se rendit donc à Paris pour exposer
l'état des choses et réclamer des renforts. Il fut
arrêté à son arrivée. Sa
détention ne fut pas longue, grâce aux vives
instances de quelques représentants qui avaient en
l'occasion de reconnaître son patriotisme et sa haute
capacité.
Bientôt de retour dans son quartier il fit la campagne de
l'an II en Espagne.
Il s'empara de Puycerda, marcha ensuite sur Belver, et
s'avança le long des gorges du Sègre,
jusqu'à trois lieues d'Urgel, sans avoir pu atteindre
l'ennemi qui fuyait devant les colonnes françaises.
Ainsi, en vingt-quatre heures, il fut maître de la
Cerdagne et de la vallée de Carol.
Dagobert avait puisé dans son patriotisme les forces
nécessaires pour supporter les fatigues : mais
l'âge et le délabrement de sa santé lui
firent demander à être remplacé. En
attendant son successeur, il ne resta pas inactif, apprenant,
pendant qu'il était en reconnaissance sur Ripoll et
Cainpredon, que l'ennemi s'était emparé de son
camp d'Olette, il se porta aussitôt, quoique malade et
harassé de fatigues, sur Mont-Louis, commença
immédiatement l'attaque, et après un combat de
deux heures, les espagnols mis en déroute
abandonnèrent leur artillerie et leurs bagages. L'ennemi
fut poursuivi avec acharnement par les français, qui
s'emparèrent de Villefranche et de toute la vallée
d'Aran.
Le 13 vendémiaire an II (4 octobre 1793), Dagobert se
porta sur Campredon. Mais la saison rigoureuse força
l'armée française à suspendre ses
opérations. Dagobert profita de ce moment d'inaction
forcée pour prendre le repos qui lui était
nécessaire, et recommença bientôt une
nouvelle campagne. Il chassa les espagnols de plusieurs postes
importants, leur fit un grand nombre de prisonniers. Les
français arrivèrent bientôt sous les murs
d'Urgel. Dévoré par la fièvre,
exténué par la maladie, il eut encore le courage
de présider lui-même à tous les
préparatifs d'une attaque contre cette ville. Cet
excès de zèle lui fut fatal. Sa position empira et
le fit descendre dans la tombe au milieu de nouveaux
triomphes.
On a de lui : Nouvelle méthode de commander
l'infanterie, d'après les ordonnances grecques et
romaines pour être particulièrement l'ordonnance
des francais, 1793, in-8°. Cet ouvrage reproduit
plusieurs idées de Folard.
Le 15 thermidor an VIII, le corps du général
Dagobert fut exhumé et transféré à
Perpignan. Il fut déposé, avec celui du
général Dugommier, dans un caveau à
voûte cintrée formée de pierre de taille,
que l'on avait creusé au pied d'une colonne
élevée sur la place de la République
actuelle. Le 20 mai 1826, à la suite de travaux de
nivellement effectués sur la place Royale, les corps des
généraux Dagobert et Dugommier furent
retirés de leur tombeau, portés au
cimetière Saint-Martin et déposés dans des
cercueils en pierre de taille. Le modeste monument en forme de
pyramide que l'on voit encore de nos jours, au cimetière
Saint-Martin, fut élevé quelques années
plus tard.
Sur la place de Mont-Louis, en face de l'église, est
érigé en mémoire de Dagobert, un monument
funéraire ayant la forme d'une pyramide
quadrangulaire.
A la suite des grandes manoeuvres qui furent
exécutées au mois de septembre 1885 sur le plateau
de la Perche, le général Bézard, commandant
de la 32e division militaire à Perpignan, réunit
les officiers de cette division autour du monument Dagobert. Il
leur rappela, en quelques mots, que le terrain sur lequel la
division venait de manoeuvrer pendant deux jours avait
été arrosé par le sang français...
Le général Bézard proposa alors aux
officiers d'ouvrir une souscription, en tête de laquelle
il inscrira sa modeste obole, pour parer aux frais de
restauration et à ceux. d'installation d'une balustrade.
Le monument a été, en effet, restauré en
1887 par les soins de l'autorité militaire. L'ancienne
pyramide surmontée d'un boulet a été
conservée intacte. Elle se trouve au centre d'un
carré formé par quatre colonnes de granit. Ces
colonnes supportent un gros bloc, également en granit, en
forme de pyramide tronquée. Sur chaque face de ce bloc on
lit :
LA PERCHE-OLETTE - 1736-1794
Un médaillon, fixé à la partie
supérieure du monument, représente le
général Dagobert. Dans le mur qui longe la rue,
est incrustée une plaque de marbre portant cette
inscription :
AU GENERAL DAGOBERT LA 32e DIVISION D'INFANTERIE
ET LA GARNISON DE MONT-LOUIS
Le monument, très disgracieux, est entouré de la balustrade élevée par souscription militaire.