Pierre Puiggari (1768-1854)

Il naquit à Perpignan, le 27 janvier 1768. Doué d'une intelligence d'élite, il voua presque toute son existence à la culture des lettres. Jeune et après avoir fait d'excellentes études, il entra comme novice au monastère des Bénédictins d'Arles-sur-Tech. Il désirait faire partie de cet ordre célèbre qui a fourni tant de noms chers à la science, et il était, en effet, bien digne d'y prendre place ; mais il fut contrarié dans ses penchants par la Révolution de 1789. Il passa en Espagne, se rendit à Madrid, où il se livra avec ardeur à l'étude si riche de la langue castillane. Rentré dans sa patrie, il embrassa la carrière de l'enseignement : pour un homme tel que lui, c'était presque suivre sa première vocation. Il fut successivement professeur d'humanités et de rhétorique et il devint plus tard principal du collège de Perpignan. Ce fut à cette époque qu'il composa ses Leçons de langue espagnole, le meilleur livre qui ait encore paru en ce genre. Il donna ensuite une nouvelle édition de la Grammaire espagnole française de Chantreau, ouvrage destiné aux Espagnols et qui a obtenu à juste titre les plus grands succès. Profondément versé dans la littérature ancienne et moderne, c'est de préférence vers les études historiques et archéologiques que Puiggari dirigea les grandes facultés de son esprit. Il avait acquis la connaissance la plus complète de l'histoire du Roussillon, en fouillant avec sagacité dans les vieilles archives, parmi les chartes et les parchemins, et il possédait une vaste érudition, qui s'alliait à une remarquable netteté de jugement. C'était presque un jeu pour lui d'aborder les questions les plus difficiles ou les plus controversées ; toujours armé d'une critique sûre, la lucidité de son opinion apportait partout la clarté. Son style correct, élégant et facile était empreint de cette logique qui entraîne avec elle la conviction. Infatigable au travail, il n'a pas cessé d'être jusqu'à ses derniers jours, un de ces Bénédictins volontaires pour qui l'étude était une nécessité. Il a inséré dans le Publicateur (de 1832 à 1838) et disséminé dans d'autres recueils un grand nombre d'articles estimés sur divers sujets d'archéologie, tels que les inscriptions romaines en Roussillon, Ruscino, Illiberis, Villa Gothorum, les anciennes villas romaines, l'église Saint-Jean-le-Vieux, les origines de Perpignan, Saint-Martin du Canigou. En 1842, Pierre Puiggari publia le Catalogue biographique des Evêques d'Elne, depuis l'an 571 jusqu'à nos jours. On ne saurait assez apprécier, en lisant cet ouvrage, combien il a fallu de temps et de savoir pour découvrir, à cette époque, dans les vieilles annales religieuses du Roussillon, un nom ou une date inconnus, et leur fixer la place qu'ils doivent occuper dans l'histoire. Aussi ce volume est pour le monde savant un travail considérable et de haute portée. Il a servi à corriger une foule d'erreurs qui avaient été introduites dans le Gallia christiana. L'intelligence de Pierre Puiggari, qui n'avait rien perdu de sa vigueur, lui permit de publier une Grammaire catalane, à l'âge de quatre-vingts ans. Il a laissé aussi, en manuscrit, un Dictionnaire catalan-français qui est le complément de sa Grammaire. Pierre Puiggari mourut à Perpignan le 4 septembre 1854.

Morer, Pierre Puiggari, dans le Xe Bulletin de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales.