Joseph Xaupi (1688-1778)
Joseph-Jean-François-Raymond Xaupi naquit à
Perpignan, le 16 mars 1688. Il fut tenu sur les fonts baptismaux
de la cathédrale Saint-Jean, par l'Intendant du
Roussillon, Raymond de Trobat, et par sa marraine la comtesse de
Mosset, Raphaëlle de Cruilles et d'Aguilar.
Entré de bonne heure dans les ordres, il étudia
la théologie dans l'Université de Paris, où
il reçut le doctorat de cette faculté. Le 11 avril
1705, alors qu'il n'était point encore oint de l'huile
sainte de la prêtrise, il fut pourvu par le roi de la
riche commende de Saint-André de Jau, abbaye cistercienne
située sur le versant de la montagne de Mosset. Le jeune
docteur en Sorbonne fut choisi par les autorités
religieuses et civiles de la province, pour prononcer dans
l'église cathédrale de Saint-Jean de Perpignan,
l'Oraison funèbre de Louis XIV, à l'occasion du
service qui fut célébré le 20
décembre 1715, pour le repos de l'âme de ce prince.
Le 13 février 1716, il devint chanoine de la
cathédrale d'Elne, et archidiacre du Vallespir, le 11
juillet 1724.
Xaupi avait fixé à Paris sa résidence
habituelle. Grâce à des talents naturels
qu'activait un travail constant et opiniâtre, grâce
aux ressources pécuniaires dont il disposait,
l'abbé de Jau put consacrer ses loisirs à la
culture des belles-lettres. Ses douces vertus, sa bienfaisance,
la sûreté de son commerce, le rendirent cher
à ses nombreux amis, surtout à Mme Doublet de
Bersan. C'est en tant que membre du cercle littéraire
présidé par cette dame savante qu'il collabora aux
Nouvelles à la main ; cette publication a depuis
donné naissance aux Mémoires de Bachaumont,
en 30 volumes. Il fut aussi correspondant de l'Académie
de Bordeaux. A ce titre, il édita dans cette ville, en
1751, une Dissertation sur l'édifice de
l'église primatiale de Saint-André de
Bordeaux, suivie d'une autre Dissertation sur
l'élection à l'archevêché de
Bordeaux, en 1529, de Gabriel de Gramont.
Tout en se livrant aux études de la théologie et
de la littérature, l'abbé Xaupi ne
dédaignait pas, comme on le voit, les sciences
archéologiques et paléographiques. Sa charge de
commissaire à Paris des bourgeois honorés allait
le lancer dans la voie des recherches sur l'histoire du
Roussillon. Il prit à coeur son rôle de champion de
la cause des citoyens immatriculés. S'étant rendu
compte des conditions nécessaires à la
défense de sa théorie, il s'adonna sans
relâche à un travail pénible. Etude du droit
féodal et de l'histoire du moyen âge, connaissance
des auteurs de diverses nations qui ont écrit sur la
noblesse, intelligence des langues espagnole et catalane,
discussion des lois et usages de la principauté de
Catalogne, vérification des titres originaux
déposés dans les différentes archives de
Barcelone, pour avoir des notions locales sur tous ces objets,
Xaupi ne négligea aucun de ces auxiliaires indispensables
pour donner à l'ouvrage qu'il préparait une valeur
décisive. En 1763, parurent enfin à Paris les
Recherches historiques sur la noblesse des citoyens
honorés de Perpignan et de Barcelone, connus sous le nom
de citoyens honorés, en 1 vol. in-12, par
l'abbé Xaupi. On connaît la polémique
suscitée par l'apparition de cet ouvrage. Fossa
répondit aux Recherches historiques, en 1770, par
ses Observations historiques et critiques. Presque
nonagénaire, Xaupi, l'année 1776,
réédita son oeuvre, après l'avoir
corrigée et augmentée. Cette seconde
édition comporte trois volumes in-12. Après la
réplique de Fossa dans le Mémoire pour l'ordre
des avocats de Perpignan, le procès demeura encore en
suspens treize années. Toutefois, les théories de
Xaupi furent justifiées par un arrêt de Louis XVI
du mois de février 1789. La mort n'avait point permis
à l'abbé de Jau de jouir, en son vivant, du
triomphe de sa cause. Xaupi devenu, depuis 1764, doyen de la
faculté de théologie de Paris, était mort
dans la capitale, le 7 décembre 1778, à
l'âge de quatre-vingt-dix ans.