COCHLEA (κοχλίας)

Littéralement, limaçon à coquille en spirale ; par extension, ce mot a été appliqué à plusieurs autres objets qui avaient la même forme ou qui s'en rapprochaient.

  1. Vis et écrou, comme puissance mécanique employée dans les pressoirs pour huile, vin et étoffes, précisément de la même manière et sur le même plan que ceux dont on se sert maintenant tous les jours, comme on le voit dans la gravure ci-jointe, représentant une presse à étoffe d'après une peinture de l'établissement d'un foulon (fullonica) à Pompéi (Vitruv. VI, 9 ; Plin. H.N. XVIII, 74 ; Pallad. IV, 10, 10 ; XI, 9, 1).
  1. Machine pour élever de l'eau, d'après le principe de la vis inventée par Archimède, et semblable à celle qu'on voit encore en Allemagne et qui porte le nom d'escargot d'eau. Elle consistait en un long cylindre autour duquel un tuyau creux se repliait, comme le filet d'une vis ; elle était placée dans une direction oblique, l'extrémité inférieure entrant dans l'eau, puis on la faisait tourner autour de son axe à l'aide d'un cheval ou d'une roue à bras (tympanum). A mesure qu'elle se mouvait, elle élevait peu à peu l'eau, par les replis du tuyau, de la spirale inférieure à la spirale supérieure, dont l'eau s'échappait lorsqu'elle n'avait plus rien pour la soutenir (Vitruv. X, 6). Cette machine est aussi citée par Strabon (XIII, 30, p.561, ed. Siebenk), comme employée en Egypte, où on la faisait manoeuvrer par des esclaves et où on l'employait pour l'irrigation ; en effet, une pompe de cette sorte ne peut élever l'eau qu'à une médiocre hauteur.
  1. Espèce particulière de porte, employée pour une loge à taureaux, pour une volière et autres lieux de ce genre (Varro, R.R. III, 5, 3), où il fallait que tous ceux qui entraient ou sortaient pussent le faire avec promptitude et sûreté. On voulait empêcher les animaux de s'échapper au moment où s'ouvrait la porte, pendant que la personne placée au-dedans pouvait toujours se retirer saine et sauve dans les moments de danger. Schneider (Index Script. R.R. v. Cavea) pense que c'était une porte levée et abaissée à la façon d'une herse ; le mot pour lui est par conséquent synonyme de cataracta : mais ses preuves sont loin d'être concluantes, et l'ancienne interprétation de Gesner est mieux en rapport avec les autres sens du mot. Gesner y voit un appareil comme celui dont on se sert maintenant d'ordinaire dans les hospices d'enfants trouvés et dans les couvents de religieuses, en Italie, pour introduire toute espèce d'objets à l'intérieur sans ouvrir une porte, et à qui l'on donne le nom de roue, ruota, en français tour. Ces entrées sont construites sur le même principe qu'une chambre obscure et se composent d'une boîte cylindrique, placée dans l'épaisseur de la paroi principale, et destinée à tourner autour d'un axe vertical qui la traverse par le centre et qui la fixe à sa place. Une ouverture est laissée dans une partie de la circonférence : c'est par là, quand elle fait face à la rue, que les objets qu'on veut introduire sont placés dans la boîte ; on la pousse alors, elle fait un-demi tour sur son axe et l'ouverture arrive de l'autre côté de la muraille. Il est évident qu'un tel appareil s'adaptait particulièrement aux usages indiqués ci-dessus pour la cochlea ; le nom peut lui être venu de sa ressemblance avec un limaçon dans sa coquille ou de l'escalier en spirale (cochlis) ménagé dans l'enceinte qui le contient.