TABULA (πλάξ, σανίς, πίναξ)
Planche, d'où les sens particuliers suivants :
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Banc fait de planches (Hor. Sat. II, 1, 86), comme
celui que représente la gravure, d'après une
peinture de Pompéi.
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Planche ou table sur laquelle on jetait les dés quand
on jouait à un jeu de hasard (Juv. I, 90 ; Sen. de
Tranq. 14), et qui probablement servait aussi dans les
jeux où le hasard se combine avec le calcul, les
dés qui déterminaient le mouvement à
faire étant d'abord jetés sur une table
séparée, puis ce mouvement, comme au jeu de
trictac, étant fait avec la pièce sur l'abacus. Le
spécimen ci-joint est pris d'un original en marbre,
conservé an musée du Collège Romain ; on
n'y voit ni marques ni divisions qui aient pu le rendre
propre à quelque jeu de calcul ; mais l'inscription
qu'il porte : VICTVS LEBA (LEVA) TE / LVDERE NESCIS / DA
LVSORI LOCVM / c'est-à-dire : «Retire-toi quand
tu es battu ; tu ne sais pas le jeu ; cède la place
à celui qui le sait», indique évidemment
que cette table servait à quelque jeu de calcul, et
non à un jeu de pur hasard, où aucune science
n'aurait été nécessaire.
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Tabula latruncularia. Planche ou table pour jouer au
ludus latrunculorum (Senec. Ep. 117), jeu qui
avait une certaine ressemblance avec notre jeu de dames.
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La gravure ci-jointe nous montre la table et les pièces,
avec deux Egyptiens au jeu. Quant à la manière
dont était au juste partagée cette surface, on
n'en sait rien, aucun original n'ayant encore été
découvert ; et comme les représentations que nous
en offrent les oeuvres d'art ne sont jamais dessinées que
de profil, telle que celle qui est donnée ici, les
détails ne peuvent être saisis. Il y a pourtant de
bonnes raisons de croire que les pièces marchaient sur
des lignes parallèles ; que, par conséquent, la
table n'était pas divisée en carrés, comme
notre échiquier. Quelquefois la table était
double, un côté étant arrangé pour le
ludus latrunculorum, l'autre pour le
ludus duodecim
scriptorum (Mart. XIV, 17) ; ainsi le mot
tabula
désigne quelquefois aussi un damier de trictrac (Petr.
Sat. 33), tel qu'il est décrit et figuré au
mot
abacus, 2.
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Planche servant à un jeu auquel les enfants romains
jouaient pendant les saturnales, avec des noix (0v.
Nux, 77 ; Mart. V, 84), et probablement avec des balles,
que semblent représenter dans la gravure les
sphéroïdes dont trois sont à terre. Voici
comment ce jeu avait lieu : on disposait à terre,
à une certaine distance les unes des autres, des noix,
en avant d'une planche qu'une pierre ou que quelque autre
objet, sur lequel elle reposait par l'une de ses
extrémités, maintenait inclinée. Alors
le joueur posait au haut de la planche une noix qu'il
laissait glisser le long de ce plan incliné ; elle
descendait rapidement, roulait à terre, et toutes
celles qu'elle touchait lui appartenaient. C'est le
même principe que celui du jeu de billes que nos
enfants appellent la tapette. La marche et les
détails en sont clairement accusés dans la
gravure d'après un bas-relief romain de la collection
d'Ince-Blundell.
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Planchette couverte de cire ou de sable que les
écoliers employaient pour faire leurs devoirs
ou pour chercher leurs problèmes (Hor.
Sat. I, 6, 74 ; Petr. Sat. 46), comme le
montre la figure ci-jointe, d'après un
bas-relief en terre cuite, où l'on voit un
jeune Romain avec la bulla autour du cou, sa
tablette sur les genoux et son paquet de livres (capsa) à terre,
à côté de lui. Par suite, le mot
tabula désigne toute espèce
d'écrit : ainsi, par exemple, un livre de
comptes, un catalogue, une affiche, un document
judiciaire ou testamentaire, un acte de mariage,
enfin tout ce qui peut être inscrit sur une
tablette de cire (Cic., Varro, Hor., Liv., Tac.,
Caes., Ov., Plin.).
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Peinture sur un panneau de bois, par opposition
à la peinture sur toile ou à la
peinture murale (Quint. VI, 1, 32 ; Cic.
Verr. V, 55 ; Plin. H.N. XXXV, 37). Ces
tableaux sur bois étaient mis dans des cadres
de la même matière ou de marbre, et,
ainsi disposés, on les encastrait dans
l'épaisseur du mur (Plin. H.N. XXXV,
10); c'est ce qui fait que le mot fabula est
quelquefois employé pour désigner un
cadre de tableau (Id. XXXV, 45). La gravure
ci-dessus représente un portrait
encadré, et encore sur le chevalet.
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Tablette votive (Hor. Od. I, 5, 13), comme celles dont
il a été parlé an mot tabella, 3. Le diminutif
était le plus fréquemment employé dans
ce sens, et le plus convenable, comme exprimant mieux la
médiocrité de dimension et d'exécution
propre à des productions semblables.
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Tablette qui servait à voter dans les comices et les
cours de justice (Cic. Phil. II, 8), telle qu'elle est
décrite et figurée au mot tabella, 4 ; la forme du diminutif
est dans ce sens celle qui convient le mieux et qui est le
plus fréquemment employée.
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Tabulae (στολίδες), longs plis parallèles, qui
se forment naturellement des épaules au bas de la
draperie, dans un vêtement de dessus large et flottant,
tel que la toge (Tertull. de Pallio, 1 et 5); on leur
donnait ce nom à cause de la ressemblance qu'ils
présentent avec une série de planches
assemblées à recouvrement dans une construction
en bois.