8. Les deux empereurs se conduisirent avec une bonté qui fit même oublier celle d'Antonin le Pieux, et le mimographe Marullus en fit impunément un sujet de plaisanteries. Ils donnèrent, en mémoire de leur père, un combat de gladiateurs. Marc-Aurèle se livra tout entier à l'étude de la philosophie, et s'efforça de gagner l'amour des peuples.

Mais le bonheur et la sécurité dont on jouit sous leur règne furent tout à coup troublés par un débordement du Tibre, le plus désastreux qu'on eût encore vu : un grand nombre d'édifices furent renversés à Rome, beaucoup d'animaux périrent, et une famine affreuse mit le comble à tous ces maux. Marc-Aurèle et Vérus les adoucirent par leurs soins et leur activité.

Dans le même temps eut lieu la guerre des Parthes. Vologèse, qui s'y était préparé sous Antonin le Pieux, nous la déclara sous les empereurs Marc-Aurèle et Vérus, après avoir mis en fuite Atidius Cornélien, qui gouvernait alors la Syrie. La guerre était, en outre, imminente eu Bretagne, et les Cattes avaient fait une irruption dans la Germanie et dans la Rhétie. Calphurnius Agricola fut envoyé contre les Bretons, et Aufidius Victorin contre les Cattes. Quant à la guerre des Parthes, Vérus en fut chargé du consentement du sénat, et il fut convenu qu'Antonin resterait à Rome, où les affaires exigeaient sa présence. Toutefois il conduisit Vérus jusques à Capoue, lui laissa, pour l'accompagner, quelques sénateurs de ses amis, et y ajouta les chefs de tous les emplois. Mais ayant appris, à son retour à Rome, que Vérus était tombé malade à Canusium, il se mit en route pour l'aller voir, après avoir fait, en présence du sénat, des voeux solennels pour son rétablissement. A la nouvelle que ce prince avait repris sa marche, il revint à Rome, où il s'acquitta aussitôt de ses voeux. Vérus, arrivé en Syrie, s'y plongea dans les délices à Antioche et à Daphné, s'y exerça aux luttes des gladiateurs et aux combats de bêtes. Il ne fit la guerre aux Parthes que par ses lieutenants, et reçut le titre d'Imperator. Pendant ce temps-là , Marc-Aurèle donnait tous ses instants au soin de la république ; il supportait la vie voluptueuse de son frère avec une patience qui laissait douter s'il en souffrait ou non, et, du sein de Rome, il réglait et ordonnait tout ce qui était nécessaire pour la guerre.

 

© Agnès Vinas

PrécédenteSuivante

Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius