Originaire de La Guardia de Ripoll, membre de l'illustre famille catalane de Pinos, il fait partie de cette aristocratie qui traditionnellement occupe les postes importants. Son frère Pons devient seigneur de Canet en recueillant l'héritage de Guillem de Canet, un autre frère, Berenguer, est évêque de Vic, et une soeur, Marquesa, abbesse de Santa Maria de Valldaura. | © Ruta del Temple |
Ce n'est qu'à partir de 1298 qu'il est définitivement commandeur du Masdéu. Il devient alors en même temps que son frère Pons l'un des hommes clefs dans les relations entre les royaumes de Majorque et d'Aragon. On ne compte plus les missions diplomatiques difficiles qu'il mène dans cette époque troublée, surtout à partir du moment où Jaume II de Majorque récupère les Baléares en 1298. Il essaie alors de résoudre le conflit causé par la nouvelle politique douanière du roi de Majorque, qui lèse les intérêts du commerce barcelonais. L'accord se révèle impossible, mais Saguardia y gagne l'estime des deux souverains. A cette époque, il s'occupe aussi des problèmes internes de la famille royale de Majorque, et à la demande de la reine Esclarmonde, il essaie de réconcilier le roi Jaume II et son fils l'infant Ferran.
Mais si son nom est resté dans l'Histoire, c'est surtout en raison du rôle éminent qu'il joue au moment de la suppression de l'ordre du Temple. Devenu lieutenant du maître de l'ordre en Catalogne en octobre 1307, c'est lui qui dirige depuis la forteresse de Miravet la résistance templière face aux troupes de Jaume II d'Aragon, et qui mène toutes les négociations juqu'à la capitulation du château au mois de décembre 1308. Les lettres qu'il adresse dans ces circonstances dramatiques au pape et aux souverains de Majorque et d'Aragon donnent toute la mesure du personnage. Extradé ensuite en Roussillon, à sa demande, c'est au milieu de ses frères de la commanderie du Masdéu qu'il répond avec noblesse et dignité aux questions de la commission d'Inquisition. Reconnu personnellement innocent, comme tous les Templiers catalans, par l'archevêque de Tarragone, il se retire au Masdéu désormais donné aux Hospitaliers avec une pension de 7000 sous par an.
Cependant il continue à recevoir des souverains de Majorque des marques de respect : en décembre 1315 encore, c'est lui qui est chargé par la reine-mère Esclarmonde d'aller à la rencontre de l'infant Jaume qui rentrait de Sicile, et de le ramener à Perpignan. Il disparaît à la fin de l'année 1319.
© Robert Vinas
Si vous voulez en savoir plus
- Robert Vinas, L'ordre du Temple en Roussillon,
ed. Trabucaïre, Perpignan (2001) - Josep Maria Sans i Travé, El procés dels Templers catalans, Entre el turment i la glòria,
ed. Pagès, Lleida (3e édition, 1991) - Robert Vinas - Le procès des Templiers du Roussillon
Tdo Editions (2009)