Paul Companyo (1817-1901), un conservateur en mouvement

Article de Robert Bourgat (Conservateur du Muséum) et Marc Giordano (Maître en Histoire)


D'une maison bourgeoise de la rue Quéya, au coeur de Perpignan, à la tristesse de modestes pensions parisiennes, au travers de pages glorieuses en Algérie, et brillantes auprès de F. de Lesseps dans le succès de Suez et la tentative de Panama, la vie de Paul Companyo, dont une invention couronne les études à la Faculté de Médecine de Montpellier, ne répond pas au destin habituellement paisible d'un Conservateur de Muséum d'Histoire naturelle de province.

LA FAMILLE

La famille est de souche cérétane.

Le grand-père. Louis Companyo, Médecin consultant du Roi Louis XVI, Intendant des eaux des bains d'Arles, laisse de sérieux travaux sur le thermalisme.

Le père. Baudile, Jean, Louis (1781-1871) célèbre naturaliste, auteur du seul ouvrage exhaustif d'histoire naturelle des Pyrénées-Orientales, est le premier Conservateur de statut municipal du Muséum d'Histoire naturelle de Perpignan. Médecin, il est lié d'amitié avec D. J. de Larrey, côtoyé lors de la campagne napoléonienne d'Espagne.

MILITAIRE PLUS COURAGEUX QUE SOUMIS

Notre sujet porte 4 prénoms : Paul, Baudile, Jean, Louis. Né le 27 mai 1817, il obtient le baccalauréat en 1835 et entreprend dès cette année-là des études à la faculté de Médecine de Montpellier. En 1836 il est admis au 2eme cours. Elève, puis sous-aide auxiliaire à l'hôpital militaire de Perpignan, il affronte une grave épidémie de choléra. En 1839, bien que dépassant de quelques mois l'âge «déterminé par les instructions», il reçoit, au regard du passé de son père, l'appui de l'Intendant militaire de Perpignan et intègre en qualité de chirurgien élève de 1ere classe l'hôpital militaire d'instruction de Strasbourg au service du Professeur Tourdes. De février à octobre 1840, il participe aux renforts envoyés par la France pour assurer la sécurité du Sahel, d'Alger et de la Mitidja face aux assauts répétés d'Abd-el-Kader. Il sert avec le grade de chirurgien-sous-aide major. Basé au camp de Fondouck à 32 km au sud-est d'Alger, il s'illustre par le zèle apporté à soigner seul plus de 200 malades alors qu'il souffre lui-même de fièvre.

Ce dévouement, signalé par l'Intendant militaire de l'Algérie, ne laisse pas insensible le Ministre de la Guerre, qui, «pour sa belle conduite dans des circonstances difficiles», lui adresse par note du 27 août 1840 un témoignage de satisfaction accompagné d'une mesure d'exception qui le porte d'office sur la liste des candidats admis à concourir «au tour du choix» pour les hôpitaux d'instruction. P. Companyo est muté avec le grade de chirurgien sous-aide à l'hôpital d'instruction de Lille d'où au bout d'un mois il rejoint Strasbourg pour y demeurer jusqu'au 11 mai 1841.

La fin de cette période se ternit malheureusement d'un acte d'indiscipline : il est impliqué dans des désordres qui ont amené l'annulation du concours du 15 avril 1841 pour le grade de chirurgien-aide-major ; il refuse, de concert avec ses collègues, de participer au second concours ouvert le 7 juin suivant. Il est alors déplacé pour une brève période au Val-de-Grâce, puis revient à Strasbourg. En 1842 il est affecté à l'hôpital de Charonne, où ses supérieurs notent sa tendance à contracter des dettes. A sa demande il rejoint le 48eme de ligne en Algérie, et accède au grade de chirurgien-aide-major. En 1844 il reprend ses études à la faculté de médecine de Montpellier, est admis au 3eme, 4eme, 5eme, 6eme et dernier cours, et soutient sa thèse de Doctorat le 5 août 1844.

Le 12 avril 1845 à Frontignan, il épouse Marie Anne Amélie Garonne.

Chirurgien-aide-major de 2eme classe, il connaît encore les garnisons de Paris, Poissy et Soissons, mais les trop nombreux congés qu'il accumule - le dernier en date motivé par la nécessité de se rendre à Montpellier pour liquider la succession de son beau-père M. Garonne, négociant à Montpellier et Frontignan - le placent en position de perdre son grade. L'autorité militaire accepte donc sa démission le 11 juin 1847.

Cette phase médico-militaire fait ressortir le double visage - n'est-il pas né sous le signe des Gémeaux ? - de P. Companyo. Sa hiérarchie l'estime intelligent, instruit, possédant de grandes connaissances, de conduite parfaite, distingué, digne, zélé et courageux comme le montre l'épisode de Fondouck. Mais l'inconvenance de ses réponses, ses absences répétées au service, désobéissances, participation au désordre, demandes fréquentes de congés pas toujours sérieusement motivées, s'inscrivent à son débit.

Instruit par l'expérience d'une dizaine d'années de vie professionnelle mouvementée, P. Companyo est un gentleman, certainement doté de bonnes manières, cultivé, entreprenant, indifférent au danger : une personnalité donc, ouverte au succès d'un destin inhabituel... si trop de négligences et d'utopie ne viennent l'entraver.

LE RACHITOME

La thèse soutenue le 5 août 1844, Essai sur la Méningite cérébropinale épidémique, suivie d'une Notice sur un nouveau rachitome sécateur à double laine, est couronnée par la Faculté de médecine de Montpellier, qui lui attribue le Prix de la meilleure thèse de l'année.

Le mémoire lui-même débute par une mise au point bibliographique longue et détaillée. L'apport personnel de P. Companyo mérite l'attention, car il résulte de l'observation d'épidémies de méningites cérébro-spinales tant dans l'armée d'Afrique à l'hôpital de Douera, que dans le service de Gabriel Tourdes à l'hôpital militaire de Strasbourg. De l'autopsie de nombreux cadavres, il retient l'existence de relations entre symptômes et lésions organiques. Il remarque tout de même que les lésions n'accompagnent pas systématiquement les symptômes. Inventif, il note que la pratique de l'incision du rachis est mal servie par l'instrument en usage, le rachitome de Rappar, avec quoi on ne peut éviter d'endommager la moelle. Pour y remédier il propose son invention du fameux rachitome, sécateur à double levier, ce qui réduit l'effort du patricien, et à double lame démontable, dispositif qui permet le remplacement des seules pièces usées.

Un exemplaire de cet instrument exceptionnel est conservé au Musée d'Anatomie de la faculté de médecine de Montpellier. Il s'agit du modèle définitif, postérieur au prototype fabriqué dès 1842 et transmis par précaution à Bégin, chirurgien principal inspecteur et membre du conseil de santé des armées, pour présentation à l'Académie de Médecine car «M. C. Coutelier à Paris s'était procuré un dessin...». Le rachitome, après examens et essais par la Commission de la Marine, est adopté par les hôpitaux de la marine.

RETOUR A LA VIE CIVILE

De retour à la vie civile en 1847, P. Companyo réside à Perpignan avec son épouse. Il exerce les fonctions officielles de médecin-adjoint des hospices et prisons et de médecin-expert attaché au Parquet. Révoqué par dépêche télégraphique aussitôt après le coup d'Etat, il retrouve un emploi en 1854 à la station de Perpignan de la Compagnie des Chemins de fer du Midi grâce à l'appui de M. Surelle, Directeur-Général de ladite Compagnie. Cette même année, lors d'une épidémie de choléra particulièrement violente dans l'arrondissement de Céret, le Préfet lui demande d'établir un rapport sur la situation dans cette localité et lui confie l'organisation des secours.

Malgré la variété de ses préoccupations personnelles, sa participation active aux travaux de la Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, ainsi que son assiduité au Cercle Laborit où il passe son gôut du jeu et des mondanités, les inclinations profondes de P. Companyo ne sont pas comblées ; il s'accommode peu de la monotonie quotidienne d'une petite ville de province. P. Companyo n'est pas un sédentaire routinier ; aussi lorsque l'occasion se présente, il ne manque pas d'élargir son horizon.

SUEZ

Le 30 septembre 1860, il rejoint son nouveau poste de médecin principal de la Compagnie Maritime du canal de SUEZ. On peut penser que les relations nouées sur les champs de bataille espagnols entre le père et le Baron de Larrey, membre influent de la Compagnie, ne sont pas étrangères à cette bonne fortune, mais son expérience de médecin militaire rodé à la lutte contre les épidémies en est certainement le motif principal.

En Egypte, P. COMPANYO réside surtout à Ismaïlia et passagèrement à Toussoumville comme aux seuils d'El Guisr et du Sérapéum.

L'ORGANISATION

Conscient que le succès de l'entreprise est lié à la bonne santé du personnel, F. de Lesseps met en place un service médical rigoureusement organisé. Le médecin-chef se consacre essentiellement à la prévention - inspection des denrées, surveillance de l'état sanitaire général de la collectivité - et à la circulation de l'information par la rédaction régulière de rapports. Les consultations quotidiennes ne lui incombent habituellement pas ; elles relèvent des médecins subalternes, sauf lorsqu'un patient souhaite sa présence personnelle. C'est le cas en février 1861 où, pour retourner au chevet d'un malade sérieux récusant le médecin ordinaire, il est contraint d'interrompre une visite au Caire.

La Compagnie n'ignore pas qu'en réalité, pour une population hébergée dans des conditions précaires de chantier, concentrée dans cette région du monde zone de transit par excellence, les épidémies sont les pires fléaux ; pour les prévenir, tout malade est rapidement isolé de ses camarades de chambrée et placé à l'ambulance. Les chefs, qui bénéficient de chambres individuelles, ne sont pas concernés par cette mesure. Malgré ces précautions draconiennes, deux épidémies graves restent dans les annales.

LE TYPHUS

En 1862, le Typhus est introduit par des ouvriers venus de Haute-Egypte. P. Companyo, responsable de la lutte, éloigne leurs campements dans le désert, loin des lieux de travail. En les déplaçant chaque jour, il évite la généralisation de la maladie.

Cette première bataille se termine par un succès ; l'issue de la seconde, menée contre le Choléra dès 1865, est moins réjouissante.

LE CHOLERA

P. Companyo, médecin-chef de la circonscription d'Ismaïlia, est informé confidentiellement par sa hiérarchie les 9 et 10 juin 1865, que plusieurs cas de Choléra viennent d'être décelés à Alexandrie. La Compagnie réagit sans tarder et fournit une quantité importante de produits et matériels pharmaceutiques, médicaux et hospitaliers.

Malheureusement, son action n'est facilitée ni par la «Commission Comparée» de médecins du Gouvernement égyptien, ni par l'Administration anglaise, accusées d'insouciance, sinon d'incompétence et de mauvaise foi : des cas de Choléra apparus à Djeddah, escale maritime de la Mecque, sont classés Cholérine par la Commission égyptienne, qui par ailleurs, n'hésite pas à affirmer que les nombreux pèlerins agonisant dans les rues de Djeddah guérissent miraculeusement dès leur accès à bord des navires, voyant là une nouvelle grâce de Mahomet ! Voués à d'autres Dieux, Hermès peut-être ? les Anglais ne sont pas en reste : l'existence du Choléra à bord du Malta, unité anglaise venant de l'Inde, n'est révélée, malgré sept victimes pendant la traversée, qu'après le décès de deux matelots pendant l'escale de Suez le 19 mai 1865, alors que malles et passagers sont déjà dispersés sur l'ensemble de l'Egypte.

Les fausses patentes multipliées couvrent autant de dissimulations criminelles.

La plus grave concerne une série de navires qui, après avoir rendu à la mer de nombreuses victimes du choléra, débarquent au mois de mai à Suez, en un point de la côte éloigné de la ville, des milliers de pèlerins directement envoyés jusqu'à Alexandrie ; là, ils sont installés à proximité du chemin de fer du Canal et aux abords de villages où justement la pire des épidémies se déclare officiellement le 2 juin avant de gagner les chantiers de l'Isthme. Kantara et Chalouf sont épargnées ; à El Guisr, Port-Saïd, Suez et Alexandrie, les moyens ordinaires suffisent à combattre la maladie. En revanche, la circonscription d'Ismaïlia, placée sous l'autorité médicale de P. Companyo, connaît une attaque épidémique violente et particulièrement foudroyante malgré l'importance des moyens mis en oeuvre : édification d'ambulances supplémentaires, réquisitions de maisons particulières, aménagement d'une grande ambulance - jusqu'à 50 lits - dans un palais de la Compagnie, la maison d'un ingénieur en chef.

Dans un rapport détaillé, P. Companyo dresse honnêtement le bilan de la tragédie : 228 décès pour 1800 habitants. Il explique l'hécatombe par la concentration particulière d'ouvriers à Ismaïlia en cette période de grands travaux et par le fatalisme de la population islamique qui ne fait souvent appel au médecin que pour constater le décès. L'analyse des chiffres vient à l'appui de cette remarque : 30 % de guérisons seulement hors des hôpitaux, plus de 50 % en milieu hospitalier arabe, et moins de 50 % dans les hôpitaux européens.

Il est vrai qu'en 1865, en l'absence de sulfamides, une fois les mesures préventives débordées, le médecin ne dispose plus que d'un arsenal thérapeutique fruste : infusions, potions opiacées et à l'acétate d'ammoniaque, frictions ammoniaquées, sinapismes, applications de sangsues et alimentation légère dès les premiers signes d'amélioration. L'action de P. Companyo, soutenu dans cette épreuve par F. de Lesseps en personne venu à Ismaïlia lui apporter un maximum de réconfort moral, est largement approuvée par sa hiérarchie qui note dans le rapport final «le docteur Companyo, en véritable ancien médecin militaire, dirigeait avec calme et fermeté le service comme sur un champ de bataille», et recommande «augmentation de salaire et gratifications à l'ensemble du personnel de santé pour son zèle et son dévouement».

Il faut attendre 1867 pour que, après une nouvelle poussée beaucoup plus discrète, l'épidémie soit réellement éteinte.

L'AMENAGEUR

Heureusement, pendant sa décennie égyptienne, l'activité médicale de P. Companyo n'est pas toujours aussi chargée qu'en 1865 et ne le mobilise pas en permanence. Jamais à cours d'initiative, il aménage à Ismaïlia des pépinières d'arbres, d'arbustes et de plantes utiles, qui procurent à la Compagnie suffisamment de plants pour agrémenter l'ensemble des routes et des avenues ; il crée aussi des jardins potagers où il acclimate la vigne et diverses espèces de légumes provenant d'Europe et principalement du Roussillon.

REVEUR D'AVENTURE

P. Companyo consacre une partie de ses libertés à la découverte du pays, qu'il parcourt dans un break aux roues larges et basses attelé de sept dromadaires, chacun monté d'un chamelier revêtu d'une belle tenue traditionnelle : pantalon et chemise clairs et bouffants, gilet bleu, le tout recouvert d'une tunique rayée blanc et marron largement ouverte sur les côtés pour le passage des bras. Ils sont coiffés d'un tarbouch et de la koffié dont les bords, retombant sur la figure et le cou, procurent un peu de fraîcheur en fouettant l'air. Cet imposant équipage ne circule que dans la matinée et aux heures vespérales pour éviter les chaleurs trop ardentes. La halte quotidienne, toujours soignée, relève parfois du pittoresque : à Tel-el-Kébir, après un agréable déjeuner composé de poulet rôti, dattes, bananes, figues et d'excellents raisins poussés d'une tasse de café, d'un cigare délicieux et suivis d'une sieste réparatrice, P. Companyo ne peut se dérober à la consultation de «tout ce qu'il y a de borgnes, boîteux, lépreux et malades de toutes sortes à une lieue à la ronde», rassemblés par les villageois mis au courant de sa qualité «d'Akim bachi», médecin-chef de la Compagnie. En reconnaissance, il reçoit des régimes de bananes, des figues et du raisin, qu'il laisse aux chameliers.

Friand d'inconnu, séduit peut-être par le mirage de l'aventure, il recherche les empreintes d'un précédent personnage de l'Egypte : Napoléon. D'Alexandrie, il s'empresse de visiter la rade d'Aboukir, «ce lieu sinistre qui rappelle de si glorieux combats», et reste «pétrifié et ému en reconnaissant un canon en fonte de notre vieille armée d'Egypte». Devant les pyramides de Gizeh, la fameuse bataille de Bonaparte lui revient à la mémoire ; glorifiant le courage des Mamelouks, il visite la maison-refuge du dernier d'entre eux et admire les bastions fortifiés par les Français qu'il compare très avantageusement aux constructions arabes.

L'EGYPTE ANCIENNE

Il reçoit la première vision du Sphinx de loin, dans le désert ; déçu, il le compare à un «roquet». Par la suite, sensible à la dimension colossale de l'oeuvre des Egyptiens antiques, il grimpe sur la croupe du monstre de pierre et s'étonne à la fois d'être si élevé au-dessus du sol, et de ne parvenir, en glissant sur son encolure, qu'à atteindre de la main tout juste le lobe de l'oreille. Son intérêt pour la civilisation des Pharaons s'affirme, et il va jusqu'à rendre une visite de curiosité au célèbre égyptologue Mariette, fondateur du Musée de Boulah dont les collections constituent aujourd'hui l'essentiel du fonds du Musée du Caire. Son voyage dans l'Antiquité croise le lieu où, selon la tradition, Jacob et Joseph se sont rencontrés. Un kalife y a fait creuser un puits connu comme «Puits de Joseph», remarquable par son étendue et sa profondeur. Attiré par la légende, P. Companyo est retenu par la nature de la formation géologique du site qu'il examine dans le détail, prélevant même des échantillons.

Plus loin, il visite le «Sycomore de Marie» dans le jardin «digne du paradis du Saint Prophète, tant le Jasmin, les Orangers et les Roses y répandent de délicates odeurs». Une feuille souvenir de l'arbre se vend un florin, mais pour deux florins on peut remplir son sac et même scier un morceau de bois. Le charme des lieux stimule l'imagination romanesque du voyageur solitaire qui voit ici «l'écrin parfumé et fleuri d'une douce aventure amoureuse».

FEMMES

Sans l'envahir, l'image féminine fonctionne bien dans l'univers confidentiel de P. Companyo.

Au bord du Nil, charmé par la grâce d'une porteuse d'eau, il convertit la «créature toute sale et toute guenille» en séduisante Salomé ; à l'église, les «yeux de feu» des femmes coptes, malgré leur recueillement, le distraient de sa prière.

Son humeur libertine le conduit jusqu'à Tantah, la Sodome et Gomorrhe de l'Egypte, où la foire annuelle dure huit jours «pendant lesquels les femmes se donnent avec la permission de leur seigneur et maître... les moeurs arabes sont si drôles !». Dans l'ascension des Pyramides, aidé par trois jeunes bédouins entièrement nus, deux soutenant les aisselles, le troisième poussant aux fesses, il frise la grivoiserie en ne doutant pas que «d'excentriques ladies se soient livrées pendant le trajet à quelques exercices lubriques».

LES ANGLAIS

Ce badinage laisse percer le ressentiment de P. Companyo à l'égard des Anglais : comment pardonner Aboukir ? oublier qu'en 1859 leur flotte est envoyée devant Alexandrie pour contraindre le Khédive à suspendre les travaux de creusement du canal ? et ne pas déplorer les pressions hostiles à l'entreprise française que Bruce, Ambassadeur de Grande-Bretagne, exerce sur les Egyptiens ?

P. Companyo est personnellement affligé par la désinvolture des deux Anglais qui, pendant la visite des Pyramides, détournent son guide contre quelques florins et dérobent l'herbier destiné au Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan. Pour compenser, il se plaît à répandre l'anecdote ridicule de ce fils d'Albion qui, après une soirée généreusement arrosée de champagne, regagne sa chambre, s'endort lourdement, et découvrant seulement au petit matin la dune dressée devant sa fenêtre, affirme qu'elle vient d'être amenée par le vent de la nuit !

Le seul Anglais à trouver grâce aux yeux de P. Companyo est Lord Rankin, qui connaît Perpignan où il compte des amis, apprécie l'oeuvre française à Suez et se recommande de F. de Lesseps, autant de traits agréables à P. Companyo, qui voue une profonde admiration à l'ingénieur «homme remarquable, doué d'une énergie peu commune» et qu'il retient, au fond de lui-même, comme modèle.

LESSEPS

Il est vrai que le vainqueur de Suez force le respect. Diplomate - Vice-Consul et Consul en Egypte de 1833 à 1838, il entretient, depuis, des liens privilégiés avec Mohamed Saïd - compétent, acharné au travail, son succès est le fruit d'un investissement absolu à la préparation et à la réalisation de son entreprise qui recouvre vingt ans de sa vie, ponctués de quatre-vingt-dix-neuf traversées de la Méditerranée. Les échanges entre F. de Lesseps et le Médecin-Chef dépassent le simple cadre d'indispensables relations administratives ; ils sont, par exemple, côte à côte pour assister à l'arrivée de l'eau d'alimentation des chantiers à Bir-Abou-Ballah ; ils se trouvent encore réunis pour visiter l'ensemble des chantiers, et tout en chevauchant F. de Lesseps confie : «Je vois l'eau de la Méditerranée dans le lac Timsah, et je ne vois rien de beau comme ce jour que je me représente déjà, et que je ne puis comparer qu'à la Corne d'Or». Le cheval que monte P. Companyo, «Coco... un pur sang aux jambes d'acier, d'un blanc d'argent brillant pommelé de gris, qui franchit les distances avec la rapidité de l'éclair», est un cadeau de F. de Lesseps.

SEJOUR EN FRANCE

P. Companyo séjourne en France du 19 juillet au 29 décembre 1866 pour mettre en ordre la collection d'objets égyptiens offerte au Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan et organiser sa présentation au pavillon de la Compagnie de Suez, lors de l'exposition internationale de 1867.

A cette occasion un travers de la personnalité de P. COMPANYO, déjà révélé sous l'uniforme militaire, réapparaît : il prolonge abusivement son séjour, ce qui crée des difficultés administratives.

P. Companyo retourne une seconde fois, temporairement, en France de novembre 1867 à janvier 1868, pour représenter F. de Lesseps dans un procès qualifié «d'affaire Givia».

LE RETOUR

Le canal de Suez est inauguré le 17 novembre 1869 en présence de l'Impératrice Eugénie, François-Joseph d'Autriche, Frédéric-Guillaume de Prusse et des représentants des nations du monde. Bien que les travaux continuent jusqu'en 1875, en particulier pour l'uniformisation à huit mètres de la profondeur, P. Companyo est licencié avec une indemnité de trois mille francs, et quitte définitivement l'Egypte en juillet 1870.

PERPIGNAN

Louis COMPANYO le père, Conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan depuis 1841, s'éteint le 10 décembre 1871 à l'âge de quatre-vingt-dix ans. En toute logique, la municipalité désigne son fils Paul, érudit et généreux, pour lui succéder. Il est l'auteur de plusieurs notices sur la géologie de l'isthme de Suez, sa climatologie et l'évolution de la santé des ouvriers. Sa ville lui doit l'importante collection réunie pendant son séjour égyptien, dont le catalogue couvre plusieurs disciplines : l'archéologie, avec des médailles, des monnaies égyptiennes, phéniciennes, romaines, grecques et arabes, des statuettes, des céramiques, des lampes, des amphores et des objets provenant de Memphis. Les Sciences naturelles sont représentées par des Reptiles, des Insectes, dont une nouvelle espèce de Méloé, des Mollusques, des Coelentérés, ainsi que des fossiles invertébrés, et vertébrés collectés à Toussoum et dans les célèbres gisements de Chalouf ; les bois fossiles ont plusieurs origines, dont la forêt pétrifiée du Caire propre sujet d'une note de P. Companyo. La série Minéralogique compte deux cent vingt-cinq échantillons, jusqu'à des fragments de la colonne de Pompée, de la statue de Ramsès, et de l'obélisque de Louksor.

Cette collection, empruntée et présentée dans son pavillon par la Compagnie de Suez, reçoit une médaille d'argent à l'Exposition Universelle de Paris, en 1867.

Le 23 avril 1872, P. Companyo est nommé par arrêté préfectoral Membre de la Commission Départementale de Sériciculture. Il étudie la plantation des Mûriers et la production de Vers à soie par sélection des oeufs : ces travaux, présentés à l'Exposition Universelle de 1878, reçoivent la plus haute récompense.

A la suite de son grand-père et de son père, il s'intéresse de près au thermalisme dont il souligne les vertus médicales et l'attrait économique. Officiellement Médecin-Inspecteur de l'établissement thermal des Escaldes, il ne néglige en fait aucune source hydro-minéro-thermale des Pyrénées-Orientales ; en 1874 par exemple, il découvre une source ferrugineuse sur la rive gauche du Tech, à une demi-lieue d'Amélie-les-Bains. Deux ans plus tard, M. Sebline, Préfet, le charge d'organiser la présentation du patrimoine thermal des Pyrénées-Orientales à l'Exposition Universelle de Paris 1878. Dénonçant le charlatanisme racoleur organisé autour de certaines stations à la mode, il préconise le sérieux et la rigueur dans l'information car «notre arsenal est bien fourni... en mesure de défier toute concurrence... tous les types d'eaux y sont représentés». Pour appuyer sa démarche, il insiste dans une lettre ouverte «d'intérêt général», diffusée en 1877, sur «l'urgente nécessité» de faire analyser l'ensemble des eaux de son département pour y rechercher la lithine, l'iode et l'arsenic. Le matériel préparé pour l'exposition comprend une carte hydrominéro-thermale au 40/1000°, une série de flacons contenant toutes les eaux minérales, ainsi que les échantillons des roches «congénérées», et quatre-vingt et une vues photographiques des sites thermaux et balnéaires. Ces objets sont accompagnés de deux volumes inédits précisant les caractéristiques physico-chimiques des sources et leurs propriétés thérapeutiques.

Les Pyrénées-Orientales n'ont pas à regretter la mission confiée à P. Companyo, dont la performance inscrit au palmarès de la prestigieuse exposition une médaille d'or et un diplôme d'honneur du jury.

Ces activités d'exception ne détournent pas P. Companyo de la gestion habituelle du Muséum. Préoccupé par l'état de l'immeuble et des meubles, il défend assidûment leur entretien auprès de l'autorité municipale, il préconise avec discernement le développement des collections : c'est ainsi qu'il déconseille l'achat d'un herbier onéreux et sans grand intérêt, mais recommande à la municipalité une requête de Lavigne, déporté politique à la Presqu'île Ducos en Nouvelle-Calédonie, qui sollicite une aide de quarante francs pour envoyer une série de coquillages et d'insectes à l'intention du Muséum.

Conscient de l'apport des Companyo à la commune, le Conseil Municipal du 15 septembre 1876 vote la commande au sculpteur perpignanais Farrail d'un buste de Louis Companyo. Ce buste est officiellement installé dans le patio du Muséum depuis le 9 décembre 1950.

Les trois participations de la ville aux Expositions Universelles de Paris, suscitées et organisées par P. Companyo, traduisent sa vision prémonitoire des avantages que le développement économique d'une région peut retirer de l'image qu'elle répand.

Du «modèle Suez», il retient l'influence déterminante des voies de communication sur l'essor d'un pays. Pour appliquer cette réflexion aux Pyrénées-Orientales, département excentré et partiellement enclavé, il tire partie de ses acquis techniques et dresse, en collaboration avec M. Barrault, ingénieur civil, deux projets importants : le premier concerne la construction d'un chemin de fer à voie étroite de Prades à Saillagouse avec embranchements vers le Capcir, l'Aude, l'Ariège, et connecté à l'Espagne ; le second projet est un canal maritime à grande section, partant de l'étang de Thau et reliant Sète à Bordeaux.

Un siècle plus tard, ces projets ne laissent aucun souvenir, mais la question de l'élargissement du Canal du Midi est encore à l'étude, le parcours du train à grande vitesse se négocie toujours, et le tunnel sous le Puymorens est à peine en cours d'achèvement. L'actualité de ces préoccupations confirme la lucidité du disciple de F. de Lesseps, convaincu de l'efficience des moyens de transport sur l'évolution économique d'une société.

Une dizaine d'années après son retour de Suez, P. Companyo, instable sexagénaire, ne redoute pas de réorienter une quatrième fois sa vie. Il choisit de suivre F. de Lesseps à Panama, et abandonne le Muséum de Perpignan avec une telle désinvolture qu'au vu du rapport sur l'état des collections établi par une commission formée de MM. Mas, Vidal et Taurinya, le Conseil Municipal du 17 mais 1781 confère à P. Companyo le titre de Conservateur honoraire et nomme M. Bordo Conservateur en titre.

PANAMA

F. de Lesseps est sollicité par le Congrès International de Géographie du 15 mai 1879 pour conduire la construction du Canal de Panama. Il rappelle son collaborateur et lui commande «un projet d'organisation du service de santé de la Compagnie du Canal Interocéanique de Panama».

LE PROJET

La mise au point de P. Companyo occupe cent trente-sept pages imprimées. L'organigramme du propre service de santé établit une hiérarchie rigoureuse : à sa tête siègent le médecin-chef et son adjoint, viennent ensuite deux médecins-inspecteurs chacun responsable de trois circonscriptions ; une circonscription est servie par deux médecins sédentaires et par des médecins en charge des ambulances volantes. Ces ambulances volantes sont introduites par P. Companyo, qui connaît leur efficacité depuis son passage militaire en Algérie. Il souligne l'importance de la communication entre les unités et préconise l'édition d'un bulletin, sorte de rapport d'activité des chefs de circonscriptions.

Le fonctionnement des pharmacies suit le même schéma : la pharmacie centrale distribue les produits en cascade aux unités des deux niveaux inférieurs. P. Companyo «proscrit les médicaments de luxe, dont l'utilité est si contestable, et qui peuvent être avec succès remplacés à moins de frais par les médicaments ordinaires».

La prévention des épidémies repose sur le contrôle des travailleurs à l'arrivée et, si nécessaire, sur la vaccination. La production sur place du vaccin anti-variolique est prévue à partir de deux à trois troupeaux de vaches à Cow-Pox, entretenus sur le site.

Le projet de P. Companyo déborde le cadre strict du service de santé, il préconise l'installation à mi-chemin entre Colon et Panama d'un centre administratif offrant un confort suffisant, et dont l'atmosphère serait rafraîchie par un réseau de ruisselets. A proximité des cours d'eaux, il recommande pour le bien-être des ouvriers la construction de piscines, véritables installations balnéaires «où l'eau arrive à travers des grilles de façon à empêcher l'alligator ou le caïman d'y venir prendre leurs ébats».

Il prévoit la mise en place d'un laboratoire d'essais et d'analyses, d'unités de production de glace, d'eau de Seltz et de vin de Quinquina à base de vin gris du Midi dont l'approvisionnement se ferait en Roussillon. Des espaces marécageux, après assainissement, peuvent être convertis à la production légumière. P. Companyo, bien sûr, fidèle à son dernier emploi, ne manque pas de prévoir la mise en place d'un cabinet d'Histoire naturelle pour conserver «les spécimens variés de tous les ordres de la Nature livrés par la région que nous occuperons».

Ce projet, rapporté par F.-H. de Larrey devant l'Académie des Sciences, est accepté le 26 juillet 1880.

P. Companyo embarque le 6 février 1881 à Saint-Nazaire à bord du «Ville de Bordeaux», à destination de Panama.

L'objectif de F. de Lesseps est de construire un canal sans écluse, le plus favorable à la navigation. Cette option toutefois, difficile à réaliser, est de beaucoup la plus coûteuse, ce qui attise la virulence des détracteurs. Il est vrai que l'arrivée de la France dans cette région du monde n'est pas unanimement appréciée, de sorte que ces arguments technico-économiques fournissent une nourriture facile aux manoeuvres diplomatiques. Dans ce contexte de dénigrement, toute considération capable de dissuader financiers et actionnaires est largement exploitée ; on entretient habilement les rumeurs les plus alarmistes sur l'état de santé du personnel que l'on prétend décimé par la fièvre jaune : le chiffre de cinquante deux mille malades sur quatre-vingt-cinq mille ouvriers est avancé. Les rapports établis par P. Companyo ne confirment pas cette hécatombe : «L'état de santé est satisfaisant. Les morts sont plus souvent victimes de leur mauvais état général, de leurs excès, de leurs privations que du climat... La Compagnie a perdu du 28 janvier 1881 au 1er février 1882 quinze employés classés et quatre ouvriers belges de la Société Cokerill ; dix sont morts à Panama, sept à Colon, un à Gatun, un à Imperador», alors que le journal l'Estrella annonce «plus de cent morts dont soixante-dix-huit à l'hôpital de Panama».

Le Consul de Grande-Bretagne à Panama, M. Chamberlaine Bey, télégraphie au Secrétaire Colonial de la Jamaïque que «l'état sanitaire de l'isthme est excellent, nous en avons d'abondantes preuves». Pour M. Thompson, ex-Secrétaire d'Etat à la Marine, Président du Comité américain de la Compagnie qui recense au 15 novembre 1881 vingt-sept décès, «le nombre des malades a été exagéré». A propos de cette polémique, un journaliste laisse aller : «on se bat à coups de morts». Avec le recul, loin de dénier le caractère pernicieux des Stégomyies, on ne peut sérieusement leur imputer ni l'incendie provoqué en mai 1882 à l'ambulance de Culebra, ni celui des bâtiments sanitaires d'Imperador en mars 1883.

Rêve insensé ou victime d'adversités insurmontables, le deuxième essai de F. de Lesseps de raccourcir la ceinture maritime du monde s'achève en 1889 par la mise en liquidation du canal interocéanique de Panama, suivi trois ans plus tard d'un grave scandale politique et financier. De retour en France pendant l'été 1882, licencié en 1883 à l'âge de soixante-six ans, P. Companyo entre dans une retraite difficile, mais tout au moins en marge de ce malheureux dénouement.

LA FIN

A son retour - prématuré ? - de Panama, P. Companyo séjourne provisoirement dans les Pyrénées-Orientales. Il étudie les eaux de la Preste, de Canaveilles, de Thuès, et celles bicarbonatées sodiques fortes de la station du Boulou, où il préconise la création d'un sanatorium destiné aux malades de l'armée coloniale.

En 1885-1886, il occupe l'emploi de Médecin-Directeur de la «Maison pour aliénés» Saint-Marcel et vit dans un petit hôtel meublé boulevard Voltaire. Après cette période, il se trouve pratiquement privé de ressources, et son fils, publiciste sans grands moyens, ne peut l'aider autrement qu'en sollicitant la générosité de la Compagnie de Suez. La Commission de bienfaisance de la Compagnie, sensible au rapport de M. Fleury, chef du secrétariat sur la détresse de son vieux serviteur, lui alloue un secours mensuel et assure son logement à l'asile Sainte-Perine. Le remuant septuagénaire s'accommode mal de l'existence tranquille qui lui est offerte, il fuit Sainte-Perine en 1890, non sans laisser derrière lui un cortège de créanciers que la Compagnie s'honore de dédommager pour permettre son retour. Retour rendu impossible par l'opposition ferme du personnel et despensionnaires. La situation du vieux médecin est encore compliquée par des affaires d'hypothèques, et son fils, une nouvelle fois, fait appel à la Compagnie pour permettre son entrée à la Maison de retraite Galignani. A cette époque le tenancier de «l'hôtel de la Concorde» s'adresse à Charles de Lesseps, aussi bien pour obtenir le règlement d'une note de P. Companyo que pour l'informer de son délabrement physique : «A la fin il tomba malade. Il garde le lit depuis trois semaines... Il est affaissé intellectuellement et physiquement. Il ne vivra certainement pas longtemps... Ayez donc encore pitié de lui une autre fois afin que je ne sois pas obligé de le faire transporter d'office à l'hôpital. Ce sera certainement le dernier service que vous lui rendez». Charitablement, la Compagnie demande au Docteur Reguier d'examiner son protégé et sur son avis l'installe chez Mme Straub, qui tient pension à Malakoff. Au moins, l'existence de P. Companyo s'écoule-t-elle dans la sécurité matérielle ; il n'en est pas de même de l'apaisement physique, car il souffre de coliques néphrétiques «amenant l'émission fréquente très douloureuse de graves vomissements... il rend des graviers assez volumineux, quelques-uns du volume d'une olive». Le 28 février 1892, il demande la permission de changer d'établissement pour recevoir des soins dans une des stations pyrénéennes de sa connaissance, la Preste ou le Boulou, où les eaux sont de «la nature de celles de Vichy».

Plus qu'une indication médicale, cet appel pathétique semble traduire une recherche du rang perdu, dans un retour final sous le ciel du Roussillon abandonné un jour dans l'insouciance. En mai 1901, Louis Companyo fils sollicite l'appui de M. de Rouville auprès de la Compagnie pour obtenir le tout dernier secours.

Le 14 octobre 1901, P. Companyo, Docteur en médecine, lauréat de la Faculté de Médecine de Montpellier, inventeur du Rachitome, ancien chirurgien aide-major au 48eme de ligne, ancien Médecin Principal de la Compagnie Universelle du Canal maritime de Suez, Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier d'Académie, Chevalier de l'Ordre Impérial de François-Joseph d'Autriche, Chevalier de l'Ordre du Mérite Militaire d'Espagne de 1ere Classe, décédait pauvrement à son domicile, au 59 rue Lepic, Paris.


Remerciements : les auteurs remercient monsieur le Professeur J. Sagnes, Président de l'Université de Perpignan, pour tous les conseils prodigués.

Cet article de Robert Bourgat et Marc Giordano a été publié dans la revue Conflent, n° 192, 1994