La collection d'oiseaux (2)

Par Claire Voisin, Jean-François Voisin, et Guy Le Corvec, du laboratoire de Zoologie : mammifères et oiseaux, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
et Didier Mary, du Muséum de Perpignan

Clichés Stéphane Miquel, service photographique, mairie de Perpignan


Nous tenons à remercier ici ceux grâce à qui notre voyage à Perpignan a été possible, et en premier lieu la Société des Amis du Muséum de Perpignan, ainsi que le Professeur R. Bourgat, directeur de cette institution et toute son équipe qui s'est ingéniée à rendre notre séjour agréable et fructueux. Nous remercions aussi le Dr Chr. Jouanin du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, qui nous a aidés dans nos déterminations difficiles.

INTRODUCTION

Dans cette seconde partie de notre étude de la collection d'oiseaux du Muséum d'histoire naturelle de Perpignan, nous examinons les spécimens restants de la partie exotique. Comme nous l'avons déjà mentionné dans la première partie de notre travail (Voisin, Voisin & Mary 1995), cette partie exotique est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle est constituée de spécimens fort anciens, provenant en majorité d'Amérique du Sud, et témoins des premiers voyages dans les régions les plus reculées du globe. Certains représentent des espèces en régression, voire menacées au moins sur une grande partie de leur aire de distribution - c'est le cas de celles qui habitent les forêts côtières du Brésil, lesquelles ne sont plus que des lambeaux à l'heure actuelle. Nous avons examiné dans la première partie le cas de la Perruche de Tahiti, Cyanorhamphus zealandicus, disparue depuis le milieu du XIXe siècle et dont le Muséum de Perpignan possède le cinquième spécimen connu. D'autres espèces posent d'intéressants problèmes de distribution ou de biologie.

ESPECES VULNERABLES OU EN DANGER

FALCONIDES

Falco punctatus (Temminck, 1821), Crécerelle de Maurice, mâle. MH,N Pn. Ois. 203

La Crécerelle de Maurice est un gracieux petit faucon de 20 à 30 cm de longueur totale. Comme son nom l'indique, c'est une espèce endémique de l'île Maurice, dans l'Océan Indien. Son histoire est exemplaire. Autrefois abondante, elle vit ses effectifs diminuer rapidement pour des raisons diverses, pas toujours claires, mais parmi lesquelles la déforestation, les pesticides, l'introduction de Rats noirs Rattus rattus, de Macaques crabiers Macaca fascigularis et de Petites Mangoustes Herpestes auropunctatus comptèrent pour beaucoup. En 1974, il n'en restait plus que quatre individus sauvages. Un programme de reproduction en captivité, suivi de lâchers dans la nature fut alors entrepris, et accompagné de mesures sur le terrain comme le contrôle des prédateurs, l'installation de nichoirs, la garde des nids occupés, la mise à disposition de nourriture, etc. Ce programme réussit pleinement et, en l'an 2000, on comptait entre 145 et 200 couples reproducteurs, correspondant à une population sauvage de 500 à 800 individus, et ce dans trois zones de l'île Maurice couvrant ensemble 160 km. Actuellement, la Crécerelle de Maurice n'est plus classée que parmi les espèces «vulnérables» par l'UICN (Birdlife International 2000). Il est évident que son avenir dépend encore de mesures de conservation. Sa nourriture se compose de petits geckos arboricoles endémiques du genre Phelsuma, d'insectes, et à l'occasion de petits oiseaux, de petits rongeurs et musaraignes introduits (Temple, 1977, Jones 1987).

CORVIDES

Cyanocorax caeruleus (Vieillot, 1818) Geai azuré. MHN Pn. Ois. 549

Ce très beau geai bleu plus ou moins violacé et noir habite une vaste zone du sud-est du Brésil et du nord-est de l'Argentine, où il était autrefois commun. Depuis un quart de siècle, ses populations ont décru très fortement, surtout dans la partie occidentale de son aire, et on peut maintenant le considérer comme rare ; c'est encore dans les forêts d'Araucarias qu'il se maintient le mieux (Birdlife International 2000). Les causes de son déclin sont pour l'instant inexpliquées, on a invoqué les changements de l'habitat dus aux défrichements agricoles, l'urbanisation, la pollution, et même la concurence que pourrait lui faire une espèce proche, Cyanocorax cyanomelas (Mudge et Burn 1996, Birdlife International 2000), mais finalement on ne semble pas très renseigné. II s'agit d'une espèce «vulnérable» dans la classification de l'UICN.

ESPECES MOINS MENACEES

CAPITONIDES

Megalaima mystacophanos (Temminck, 1824) Barbu arlequin. MHN Pn. Ois. 538

Ce barbu possède une distribution assez vaste dans la Péninsule Malaise, à Bornéo et à Sumatra, où il était autrefois abondant dans les forêts de basse altitude, primaires ou exploitées. La destruction à grande échelle de ces forêts, dont on prévoit la disparition d'ici 2010, menace très fortement ses populations, mais le fait qu'il fréquente aussi les pentes boisées des collines encore peu exploitées implique qu'il ne court pas de risque de disparition immédiat (Birdlife International 2000).

EURYLAIMIDES

Eurylaimus ochromalus (Raffles, 1822) Eurylaime noir et blanc. FIG. 2 MHN Pn. Ois. 533 mHv Pn. Ois. 534

Cet Eurylaime coloré de noir, blanc jaunâtre et rose est dans la même situation que Megalaima mystacophanos que nous venons de voir. Son aire de distribution est sensiblement la même en plus vaste, s'étendant jusqu'en Birmanie sur le continent et comprenant en plus Java et Bali parmi les îles. Il est menacé de la même façon par le déboisement intense, mais le fait qu'il fréquente aussi les forêts des collines et des basses montagnes, ainsi que son aptitude à s'adapter à certaines forêts secondaires, le mettent dans une certaine mesure à l'abri, pour l'instant du moins (Lambert et Woodcock 1996, Birdlife International 2000).

ESTRILDIDES

Padda oryzivora (Linné, 1758) Calfat padda. MHN Pn. Ois. 622

Le Calfat padda est un oiseau de basse altitude, endémique des îles de Java et Bali, et introduit dans de nombreuses localités tropicales du monde. Sa popularité en tant qu'oiseau de cage, les dégâts qu'il pouvait commettre dans les cultures, son utilisation à des fins culinaires on fait qu'il a subi des prélèvements et des destructions très supérieures à ce qu'il pouvait supporter. A l'intérieur de son aire de distribution, il est passé en quelques dizaines d'années du statut d'espèce parmi les plus abondante, nichant même dans les villages, à une des plus rares, qui n'a été observée récemment que dans quatres zones protégées. Toujours à l'intérieur de son aire de distribution naturelle, on estime ses effectifs actuels à 2 500 - 10 000 individus. Même ses populations introduites en-dehors de son aire de distribution naturelle ont diminué de façon inquiétante (Birdlife International 2000). C'est l'exemple même de ce que peuvent faire les prélèvements sans contrôle dans une population dynamique et abondante. L'espèce est classée dans la catégorie «vulnérable» par l'UICN.

La forme isabelle de Padda oryzivora mériterait une étude détaillée pour déterminer son statut précis, car elle est très constante, et un peu plus petite que la forme «normale». Elle est connue depuis longtemps, le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris en possède deux spécimens provenant de «Macassar», et dont l'étiquette porte «l'Astrolabe». Il s'agit certainement d'un des deux navires de ce nom commandés par J. S. C. Dumont d'Urville dans ses deux derniers voyages autour du monde (1826-1829 et 1837-1840). Le spécimen du Muséum de Perpignan est au moins aussi ancien.

GRANDS MIGRATEURS

SCOLOPACIDES

Catoptophorus semipalmatus (Gmelin, 1789), Chevalier semipalmé. MHN Pn. Ois. 283

Le Chevalier semipalmé est un grand limicole, qui atteint un poids de 370 g. Il est encore abondant, et se divise en deux sous-espèces qui se ressemblent beaucoup sur le plan morphologique, mais qui ont une biologie très différente. La forme nominale C. semipalmatus semipalmatus fréquente surtout les marais et les prés salés de la côte est de l'Amérique du Nord depuis le golfe du Saint-Laurent jusqu'au Mexique et aux Antilles. Elle est largement sédentaire, à part les populations qui nichent au nord du cap Cod qui désertent leur aire de nidification à l'automne. En hiver, elle atteint les côtes atlantiques du nord de l'Amérique du Sud, entre autres au Brésil. La sous-espèce C. semipalmatus inornatus (Brewster, 1887) au contraire habite les zones marécageuses de la prairie, au nord des Etats-Unis et au sud du Canada, et est fortement migratrice : une partie de ses représentant migre vers la côte atlantique des Etats-Unis, allant vers le sud jusqu'aux Guyanes, et une autre partie migre vers la côte pacifique qu'elle suit vers le sud, atteignant le Pérou, et pour quelques individus, le nord du Chili et les îles Galapagos (Hayman, Marchant et al. 1986, Gils et Wiersma 1996). On peut penser que, les deux sous-espèces gardant malgré tout des contacts en hiver, un certain flux de gènes, même ténu, doit se maintenir entre elles.

Philomachus pugnax (Linné, 1758), Chevalier combattant. MHN Pn. Ois. 282 MHN Pn. Ois. 287

Le Chevalier combattant niche dans tout le nord de l'Eurasie, depuis les Pays-Bas jusqu'à la mer de Behring, quelques-uns atteignent même l'Alaska (Hayman, Marchan et al. 1986, Rhijn 1991). Quelques populations nichent aussi dans le sud de la Sibérie, notamment près du lac Baïkal, et quelques couples isolés çà et là, par exemple une dizaine en France (Girard 1994). Ses principaux quartiers d'hiver se trouvent en Afrique, au sud du Sahara et en-dehors des blocs forestiers, avec d'énormes concentrations dans le delta du Sénégal, le delta interne du Niger, au Soudan, et des oiseaux atteignent la région du Cap de Bonne-Espérance. On note des zones secondaires d'hivernage le long des côtes de l'Inde et dans la vallée de l'Indus, le long de la vallée du Nil, en quelques régions du Maghreb, entre autres en Tnisie, le long des côtes d'Arabie, dans le sud-ouest de l'Espagne, dans l'ouest de la France et le sud de l'Angleterre... Les femelles migrent en général plus au sud que les mâles, ces derniers arrivant les premiers sur les lieux de reproduction (Rhijn 1991, Gils et Wiersma 1996). De nombreux immatures restent sur les lieux d'hivernage pendant leur première année, ce qui les soustrait aux aléas d'un voyage risqué, et les empêche de rentrer en compétition alimentaire avec les adultes sur les lieux de reproduction.

ESPECES INTERESSANTES DU POINT DE VUE BIOLOGIQUE

JACANIDES

Jacana jacana (Linné, 1766), Jacana noir. FIc. 3 MHN Pn. Ois. 273

Les Jacanas comprennent une huitaine d'espèces distribuées dans les régions tropicales de l'Ancien et du Nouveau Monde. Ce sont des oiseaux aquatiques qui offrent une ressemblance superficielle avec des râles (Rallidés), mais qui en fait sont proches des limicoles. Bien qu'ils ne nagent guère, on ne les trouve que dans les milieux aquatiques riches en végétation, et ils ne vont pratiquement jamais à terre. Leur doigts immenses leur permettent d'agripper solidement les végétaux émergents, et de courir agilement sans s'enfoncer sur des feuilles flottantes comme celles des potamots et nénuphars. A la moindre défaillance du support ils se tirent d'affaire à l'aide de leurs ailes. Peu farouches s'ils ne sont pas inquiétés, on les trouve jusque sur les bassins des villes.

SCOLOPACIDES

Philomachus pugnax (Linné, 1758), Chevalier combattant. MHN Pn. Ois. 282 MHN Pn. Ois. 287

Le Chevalier combattant, que nous venons de voir pour ses migrations, présente aussi un intérêt certain en ce qui concerne sa reproduction, car c'est une des espèces d'oiseaux, peu nombreuses, qui s'apparient sur des arènes («leks») au cours de parades spectaculaires. On en trouvera une bonne description dans Rhijn (1991), d'où est tiré l'essentiel de ce qui suit.

Au printemps, les mâles, qui sont nettement plus gros que les femelles, arborent des plumes décoratives, une petite houppe de chaque côté de la tête, ainsi qu'une ample collerette juste en haut du cou. Ces plumes peuvent être noires, blanches ou rousses, ou bien rousses ou blanches à bordure noire, ou encore rousses et noires mélangées. De plus, la couleur des houppes peut différer de celle de la collerette. De manière curieuse, ces différences de coloration correspondent à des différences de comportement : certains mâles, dits «résidents», défendent des territoires de reproduction exigus, et sont généralement en plumage sombre. D'autres mâles, dits «marginaux», ont le même type de plumage, ne défendent pas de territoire, mais visitent le lek où ils peuvent montrer un comportement agressif. Au cours de leur vie, ils peuvent devenir résidents, alors que les résidents peuvent devenir marginaux. A côté d'eux on rencontre les mâles «satellites», qui, pour la majorité, possèdent des plumes ornementales blanches. Ils ne défendent jamais de territoire, mais s'activent en périphérie du lek. Les femelles ne sont pas attachées à un lek particulier, mais vont de l'un à l'autre, préférant ceux où il y a le plus de mâles. A l'arrivée des femelles, les mâles agitent leurs ailes, «dansent», exécutent des combats simulés, et finissent par s'accoupler. Elles semblent préférer les mâles territoriaux au centre du lek, mais pas un type de plumage particulier. Après la copulation, les femelles couvent et élèvent seules la nichée, et les mâles quittent les lieux de nidification dès la fin juin ou le début de juillet.

CUCULIDES

Crotophaga ani (Linné, 1758), Ani des savanes. MHNPn. Ois. 436 MHN Pn. Ois. 437

Les Anis sont des oiseaux de taille moyenne, sombres, d'aspect hirsute et munis d'un bec épais. Leur reproduction est assez particulière : ils construisent des nids communautaires, dans lesquels pondent quelques femelles, et tout le monde se charge de couver les oeufs et d'élever les oisillons. Il y a visiblement là un premier pas en direction du parasitisme des couvées.

Colaptes campestris campestroides (Malherbe, 1849), Pic des pampas. MHN Pn. Ois. 443

L'image que nous nous faisons des Pics est celle d'oiseaux forestiers, cherchant leur nourriture dans les arbres dont ils ne s'éloignent guère. Cette image n'est déjà pas très exacte pour des oiseaux comme notre Pic vert Picus viridis ou notre Pic noir Dryocopus martius, qui vont volontiers piller les fourmilières au sol, et elle l'est encore moins pour quelques espèces exotiques comme le Pic des pampas, largement répandu en Amérique du sud, qui fréquente des régions où les arbres sont rares. Il passe la plus grande partie de son temps au sol, se nourrissant presque exclusivement de fourmis. Il se déplace à terre en marchant ou en sautant, et se voit fréquemment posé sur les fils électriques. Cependant, il préfère nicher dans des arbres, quitte à utiliser ceux qui sont morts, voire tombés, ou des poteaux. Quand il n'y a pas d'arbres du tout, il utilise des termitières ou bien des escarpements (Short, 1982, Winkler et al. 1995).

D'autres espèces de Pics, peu nombreuses il est vrai, sont encore plus indépendantes de la forêt. En Amérique du sud, citons le Pic andin Colaptes rupicola, qui habite les hauts-plateaux herbeux d'altitude («puna») au Pérou et en Bolivie, et niche dans le sol. En Afrique australe, le Pic terrestre Geocolaptes olivaceus, qui n'est pas apparenté de près au Pic andin, habite de même les zones rocheuses et herbeuses, de préférence assez en altitude, et creuse des terriers pour nicher (Short, 1982, Winkler et al. 1995).

LES SUBOSCINES

On sépare habituellement les Passeriformes («passereaux») en deux grands groupes d'importance inégale : les Suboscines, ensemble hétérogène considéré comme plus «primitif» et comprenant environ 1150 espèces, et les Oscines, considérés comme plus évolués, notamment sous le rapport du chant, et comptant environ 4300 espèces. La systématique des Suboscines est très complexe, et nous ne nous y attarderons pas ici, sinon pour dire que les limites des familles en leur sein sont encore loin d'être établies avec certitude. Dans l'Ancien Monde, les Suboscines ne comprennent que deux ou trois douzaines d'espèces, comme les Pittas, les Eurylaimes, les Philéppites, et encore n'est-on pas tout-à-fait sûr que les Ménures (Oiseaux-lyre) et les Atrichornis australiens ne soient pas des Oscines. Dans le Nouveau Monde au contraire, les Suboscines sont extrêmement nombreux, en particulier la famille homogène des Tyrannidés et, en Amérique du Sud, comptent pour plus d'une espèce de passereaux sur trois. On peut se demander d'où vient cette différence, qui est sans doute à mettre en relation avec le fait que ce continent à été isolé pendant fort longtemps, permettant le développement d'une faune, d'oiseaux, de mammifères, etc, très originale. A la fin de l'époque tertiaire, après la surrection de l'isthme de Panama, cette faune résista plus ou moins mal selon les groupes à l'arrivée des formes modernes, y compris à celle de l'homme, et il est probable que les Suboscines constituent un groupe qui ait particulièrement peu souffert.

TYRANNIDES

Onychorhynchus coronatus (Müller, 1776), Gobe-mouche de paradis. MHN Pn. Ois. 570

Avec son plumage de divers tons de brunâtre, le Gobe-mouches de paradis n'attirerait pas l'attention, si ce n'était une étrange particularité morphologique : il possède sur le devant du crâne une crête érectile, transversale, formée de plumes écarlates à l'extrémité noire et bleu d'acier. Il tient cet étrange ornement presque toujours replié, et on se demande quel usage il peut bien en faire. On a pensé que c'était un moyen de défense contre les prédateurs, mais certains auteurs en doutent, bien que, lorsqu'ils sont capturés, les Gobes-mouches de paradis tournent régulièrement leur tête de côté et d'autre en dressant et repliant leur crête (Ridgely et Tudor 1994).

Tityra cayana braziliensis (Linné, 1766), Bécarde de Cayenne. - MHN Pn. Ois. 610

Les mâles de la sous-espèce braziliensis de Tityra cayana ne diffèrent guère de ceux de la forme nominale que par leur plumage très blanc, et non gris pâle dessus et blanc grisâtre dessous. Comme dans la forme nominale, le dessus et les côtés de la tête sont noirs, ainsi que les ailes et la queue. La femelle au contraire est très différente de celle de la forme nominale : au lieu d'être une version grisâtre et rayée de noir du mâle, elles est d'un brun grisâtre densément rayé de brun, sans cape noire sur la tête, avec les ailes et la queue noires. Dans la plupart des ouvrages de détermination, c'est la femelle de la forme nominale qui est décrite et illustrée, celle de la sous-espèce braziliensis n'ayant droit qu'à quelques mots rapides, ce qui n'est pas sans entraîner des difficultés d'identification.

ICTERIDES

Molothrus bonairiensis (Gmelin, 1789), Vacher petit-merle. MHN Pn. Ois. 543 MHN Pn. Ois. 625

Les Vachers (vocable canadien que nous préférons au pédant «molothre») sont des passereaux noirs ou brunâtre, qui sembleraient bien dénués d'intérêt si ce n'était leur mode de reproduction parasitaire, peu répandu chez les oiseaux en-dehors des coucous, et encore, ces derniers ne sont pas tous parasites. Les Vachers pondent leurs oeufs dans les nids de nombreuses espèces d'autres passereaux, et leur parasitisme est d'ailleurs loin d'être aussi perfectionné que celui des coucous du genre Cuculus : il n'y a guère de mimétisme des oeufs, la femelle n'enlève pas d'ceuf de l'hôte, le jeune Vacher n'élimine pas ses frères adoptifs. Tous les oisillons sont élevés ensemble, et ce mode de parasitisme ne semble en général pas avoir de grand impact sur la réussite des nichées de l'hôte, même si le jeune Vacher tend souvent à être plus grand que ses frères adoptifs et à accaparer plus de nourriture.

Tous les Vachers ne sont d'ailleurs pas parasites au même degré, et une espèce même, le Vacher à ailes brunes Icterus badius, d'Amérique du Sud, ne l'est pas du tout, et élève elle-même ses nichées. Au contraire, le Vacher bronzé Molothrus aeneus, d'Amérique du Nord, a la réputation, au moment de sa ponte, de percer un certain nombre d'ceufs de l'hôte pour les tuer (Perrins 1991).

ESPECES D'INTERET CULTUREL

CHARADRIIDES

Vanneau éperonné Hoplopterus spinosus (Linné, 1758). MHN Pn. Ois. 305

La vaste aire de distribution du Vanneau éperonné comprend la vallée du Nil, un large territoire du Sénégal à l'Erythrée, ainsi que les plateaux de l'Est africain jusqu'au sud de l'équateur. On ne le trouve en général jamais loin de l'eau dormante ou courante, mais dans toutes sortes d'habitats, cultures, prairies, rizières. Un des traits marquants de son comportement est la pugnacité, le véritable acharnement avec lequel il défend son nid, poussant de sonores «trec, trec, trec», houspillant sans relâche le prédateur potentiel au vol. Il ne semble cependant pas se servir alors des éperons acérés qu'il possède au poignet, du moins ni Guy Jarry (com. pers.) ni nous ne l'avons constaté. Dans l'écriture de l'Ancienne Egypte, un hiéroglyphe (rhy.t) représente un vanneau indéterminé et signifie «peuple de la Basse Egypte», voire «populace» (Houlihan 1986). Il est bien possible qu'il s'agisse du Vanneau armé, très commun dans ce pays. Faut-il voir un rapport entre le sens de cet hiéroglyphe et son abondance en Egypte, voire avec son agressivité ?

REFERENCES

DETERMINES A PARIS


Cet article a été publié dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Perpignan, n° 12, 2003 : pp.25-34