Rez-de-chaussée

Bibliothèque

Sur la droite, la bibliothèque est riche d’un millier d’ouvrages essentiellement naturalistes, à consulter sur place. Pratique pour répondre aux curiosités éveillées par la visite des galeries.

Le buste de Louis Companyo

Céret, 1781 – Perpignan, 1871. Il est le premier conservateur de ce Muséum. Chirurgien sous-aide major lors de la campagne d’Espagne, il est attaché à l’ambulance légère du comte Déjean qui le forme à l’entomologie. Docteur en médecine de la faculté de Montpellier en 1812, installé à Perpignan, il réunit une collection majeure de mammifères, oiseaux, insectes, mollusques, minéraux et fossiles locaux admirée par tout savant naturaliste de passage dans la ville. S’ajoutant au don exotique de Boluix, cette collection provoque la création du Muséum dont L. Companyo fut en 1840 le premier conservateur.

En 1848 il est nommé directeur de la pépinière qu’il agrandit et enrichit de nombreuses espèces rares. Son indifférence au coup d’état du 2 décembre 1851, lui vaut d’être écarté de cette fonction. Il se dévoue alors à la SASL (1) où il assume plusieurs fonctions jusqu’à la présidence pour, sur ses vieux jours, en être élu président d’honneur.

© Pierre Vincent

La correspondance régulièrement échangée avec les maîtres naturalistes de son temps, Cuvier, Blainville, Audouin, Chevrolat… montre qu’il peut être considéré comme un des leurs. Quant à ses publications touchant les multiples spécialités de l’histoire naturelle, elles trouvent encore leur utilité, tels la description de Balena musculus échouée en 1828 à Saint-Cyprien, le catalogue des 375 espèces d’oiseaux trouvées dans notre département, le catalogue descriptif des mammifères observés dans le département et les catalogues des insectes coléoptères observés dans les Pyrénées-Orientales. Son œuvre est couronnée par l’Histoire Naturelle du département des Pyrénées-Orientales, achevée en 1864 composée de trois volumes couvrant tous les règnes de la nature.
Ses décorations, Officier de l’Instruction publique, Légion d’Honneur et l’ordre de François Joseph d’Autriche témoignent de l’étendue de son mérite et de sa renommée.

Coupe de platane

© Agnès Vinas

L’imposante coupe d’arbre exposée dans l’entrée est celle d’un platane abattu en 1915. Selon les stries d’accroissement l’arbre était alors âgé de 110 ans à un ou deux ans près (2). Il a donc été contemporain des multiples vicissitudes politiques et guerrières nationales et internationales du XIXème siècle jusqu’à la grande guerre. A Perpignan il a assisté à la démolition des remparts. Heureusement il a aussi été le témoin de l’abolition de l’esclavage, des progrès de la science et de la technologie, comme la mise au point de vaccinations par Pasteur, l’isolement du radium par Marie Curie, les travaux de Niepce et Daguerre sur la photographie, le premier vol de Blériot au dessus de la Manche, le creusement des canaux de Suez et de Panama et, près de chez nous, de la fondation du laboratoire Arago à Banyuls-sur-mer.

Dans le patio

© Agnès Vinas

Les mandibules du rorqual commun, Balaenoptera physalus échoué en 1828 à Saint-Cyprien. Ce Cétacé atteignait 25,60 m de long. Son squelette a été préparé par L. Companyo qui en a donné une description exemplaire de minutie et de précision. La détermination de ce géant des mers a fait l’objet d’une polémique (3) tendue entre érudits locaux arbitrée par Cuvier lui-même.

La tortue de Perpignan. C’est le moulage d’une tortue géante découverte par Albert Donnezan (4) en 1887 au Serrat-d’en-Vacquer pendant la construction du fort ; l’original est exposé dans la galerie de paléontologie du Muséum National. Ses dimensions, 120 cm de long, 109 de large et 45 cm de haut la désignent comme l’une des plus grandes tortues continentales actuelles et fossiles connues. Selon la forme de son plastron il s’agit d’une femelle.
La tortue de Perpignan est l’un des fossiles remarquables de la faune ruscinienne (5) riche de près d’une centaine d’espèces, datée du Pliocène moyen, fin de l’ère tertiaire. Cette faune traduit un paysage marécageux à climat subtropical.

On accède au premier étage par le grand escalier. Sur le palier, on entre à gauche.


(1) La Société Philomatique s’était transformée en Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales toujours active aujourd’hui.

(2) Datation menée avec le concours de l’Office National des Forêts.

(3) Cf. R. Bourgat et R. Duguy : Premier échouage d’un Xiphius cavirostris sur le littoral Roussillonnais. Conflent, 20-29, 133, 1985.

(4) Albert Donnezan (Perpignan 1846 - Perpignan 1914). Docteur en Médecine, il fut président de la SASL de 1909 à sa mort. Collectionneur dans l’âme il se passionnait pour tout ce qui touchait au passé du Roussillon : monnaies, armes, livres, pierres tombales, fûts de colonnes, il recueillait tout et classait tout. Mais c'est le Serrat-d'en-Vacquer qui fut le grand théâtre de ses recherches paléontologiques. Là, autour de l’année 1887, profitant des travaux de terrassement liés à la construction du fort, il exhuma les restes de la gigantesque tortue de Perpignan. Au Serrat encore, il reconstitua le Paleorix boodon, l'Hipparion, des singes, des renards, des empreintes de poissons et une partie importante de la flore et de la faune pliocènes du Roussillon. Il a légué ses collections aux Muséums de Perpignan, de Paris et de Lyon par amitié pour Charles Depéret.
Parmi ses publications qui recouvrent ses multiples pôles d’intérêt on retiendra : 1885, Découverte de fossiles ; 1890, Découverte de nouveaux fossiles au Serrat-d'en-Vacquer ; 1891, Nouvelle découverte de fossiles aux environs de Perpignan ; 1893, Découverte du Mastodon Borsoni en Roussillon ; 1894, Découverte de vertébrés fossiles à Perpignan.
Nommé inspecteur des sites et monuments historiques de France, A. Donnezan était Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier d'Académie, Commandeur de l'Ordre du Christ de Portugal, Correspondant du Muséum national d'Histoire naturelle, membre des Sociétés de Géologie, d'Anthropologie, d'Archéologie de Lyon et de l'Association française pour l'avancement des Sciences.

(5) De Ruscino désignation latine de Roussillon.


Et pour aller plus loin