"Platon est insaisissable, parce qu'on peut entendre ses ouvrages, comme ceux d'Homère, au sens physique, moral, théologique et de multiples façons. Ces deux âmes, de Platon et d'Homère, rendent tous les accords".

C'est par cette citation d'Olympiodore que Félix Buffière inaugure sa magistrale étude sur Les mythes d'Homère et la pensée grecque (1956). Elle nous servira de guide pour esquisser un tableau des directions dans lesquelles s'est engagée l'allégorie du mythe de Circé. Mais nous nous limiterons à l'allégorie dans l'antiquité : une incursion dans les sphères médiévales, en particulier par le biais de l'Ovide moralisé, nous entraînerait beaucoup trop loin.

Interprétations physiques

Circé, bien que fille du Soleil et d'une créature marine, n'a guère inspiré les commentateurs qui cherchaient dans Homère les secrets de la Nature et des quatre éléments. Son mythe n'apparaît pas comme cosmogonique.

En revanche, une scolie d'Eustathe (XIIe siècle) suggère que la présence à ses côtés des quatre nymphes qui s'occupent de baigner Ulysse pouvait être assimilée au calendrier : Circé serait l'année, et les nymphes les quatre saisons (1661, 1 sq).

Cela dit, si Circé a connu, et jusqu'à nos jours, une fortune absolument considérable, ce n'est évidemment pas à cette explication astronomique qu'elle le doit, mais au fait qu'elle permet de poser dans leur complexité un grand nombre des problèmes qui agitent la condition humaine.

Interprétations morales : l'intempérance

A/ La gloutonnerie

Au Ve siècle avant JC, les philosophes commencent à attribuer à Ulysse une attitude de tempérance qui s'oppose naturellement à celle de Circé et des compagnons changés en pourceaux. Antisthène (455-360 avant JC), le premier Cynique, donne le ton, probablement influencé par son maître Socrate, dont Xénophon nous a transmis la position sur ce point.

Xénophon (V.430-v.355 avant JC) - Mémorables (I, 3, 6-7)

εἰ δέ ποτε κληθεὶς ἐθελήσειεν ἐπὶ δεῖπνον ἐλθεῖν, ὃ τοῖς πλείστοις ἐργωδέστατόν ἐστιν, ὥστε φυλάξασθαι τὸ ὑπὲρ τὸν κόρον ἐμπίμπλασθαι, τοῦτο ῥᾳδίως πάνυ ἐφυλάττετο. τοῖς δὲ μὴ δυναμένοις τοῦτο ποιεῖν συνεβούλευε φυλάττεσθαι τὰ πείθοντα μὴ πεινῶντας ἐσθίειν μηδὲ διψῶντας πίνειν· καὶ γὰρ τὰ λυμαινόμενα γαστέρας καὶ κεφαλὰς καὶ ψυχὰς ταῦτ’ ἔφη εἶναι. οἴεσθαι δ’ ἔφη ἐπισκώπτων καὶ τὴν Κίρκην ὗς ποιεῖν τοιούτοις πολλοῖς δειπνίζουσαν· τὸν δὲ Ὀδυσσέα Ἑρμοῦ τε ὑποθημοσύνῃ καὶ αὐτὸν ἐγκρατῆ ὄντα καὶ ἀποσχόμενον τοῦ ὑπὲρ τὸν κόρον τῶν τοιούτων ἅπτεσθαι, διὰ ταῦτα οὐ γενέσθαι ὗν.

Si par hasard [Socrate] était invité à dîner et qu'il consentît à s'y rendre, contrairement à la plupart des gens, qui ont la plus grande peine à se garder des excès de table, lui s'en gardait le plus facilement du monde, et à ceux qui étaient incapables de l'imiter, il conseillait de se garder de tout ce qui excite à manger quand on n'a pas faim et à boire quand on n'a pas soif ; car c'est cela, disait-il, qui ruine l'estomac, la tête et l'âme. Il disait en plaisantait que, selon lui, c'était en leur servant en abondance de pareils mets que Circé changeait les hommes en pourceaux et qui, si Ulysse avait échappé à la métamorphose, c'est parce que, averti par Hermès et tempérant par nature, il s'était abstenu de dépasser la satiété dans l'usage de ces mets.

Cette lecture influencera Diogène, puis les Stoïciens. On la trouve abondamment représentée à l'époque romaine : à la dangereuse tentation des désirs voluptueux qui vous enchaînent, et de manière plus générale aux passions qui vous emportent, il faut opposer une ferme raison :

Pseudo-Héraclite (Ier siècle après JC) - Allégorie d'Homère, 72, 2-3

Ὁ δὲ Κίρκης κυκεὼν ἡδονῆς ἐστὶν ἀγγεῖον, ὃ πίνοντες οἱ ἀκόλαστοι διὰ τῆς ἐφημέρου πλησμονῆς συῶν ἀθλιώτερον βίον ζῶσι. Διὰ τοῦτο οἱ μὲν Ὀδυσσέως ἑταῖροι, χορὸς ὄντες ἠλίθιος, ἥττηνται τῆς γαστριμαργίας, ἡ δ’ Ὀδυσσέως φρόνησις ἐνίκησε τὴν παρὰ Κίρκῃ τρυφήν.

Le kykéon de Circé représente la coupe de la volupté : les intempérants s'y abreuvent et pour le fugitif plaisir de se gorger, ils se condamnent à une vie plus misérable que celle des porcs. Ainsi les compagnons d'Ulysse, troupe imbécile, cèdent à la goinfrerie, mais la sagesse d'Ulysse sort victorieuse de cette vie sensuelle près de Circé.

B/ La débauche

Horace (65-8 avant JC) - Epîtres, I, 2, 23-26

Sirenum voces et Circae pocula nosti ;
quae si cum sociis stultus cupidusque bibisset,
sub domina meretrice fuisset turpis et excors,
vixisset canis inmundus vel amica luto sus.

Tu connais les chants des Sirènes et les coupes de Circé.
Si, dans un désir insensé, il en avait bu avec ses compagnons,
Il aurait subi, ignoble et sans raison, la domination d'une courtisane
Et vécu comme un chien immonde, ou une truie amie de l'ordure.


Pseudo-Héraclite (Ier ou IIe siècle après JC ?) - Histoires incroyables, XVI - CIRCE

Περὶ Κίρκης.

Ταύτην ὁ μῦθος παρ<αδ>έδωκε ποτῷ μεταμορφοῦσαν ἀνθρώπους. ἦν δὲ ἑταίρα, καὶ κατακηλοῦσα τοὺς ξένους τὸ πρῶτον ἀρεσκείᾳ παντοδαπῇ ἐπεσπᾶτο πρὸς εὔνοιαν, γενομένους δὲ ἐν προσπαθείᾳ κατεῖχε ταῖς ἐπιθυμίαις ἀλογίστως φερομένους πρὸς τὰς ἡδονάς. ἥττησε δὲ καὶ ταύτην Ὀδυσσεύς.

A son sujet, la fable rapporte que par un philtre magique elle métamorphosait les hommes. C'était en fait une hétaïre qui charmait d'abord les étrangers par toutes sortes d'attentions et se les attachait ; une fois qu'ils étaient pris de passion, elle les retenait, esclaves insensés de leur penchant pour le plaisir ; mais elle aussi, Ulysse la vainquit.

C/ La colère irréfléchie

Pseudo-Héraclite (Ier siècle après JC) - Allégorie d'Homère, 72, 4 - 73, 1-13

Ἀμέλει τὸ πρῶτον ἐκ τῆς νεὼς ἀνιόντι καὶ πλησίον ὄντι τοῖς προθύροις Ἑρμῆς ἐφίσταται, τουτέστιν ὁ ἔμφρων λόγος [...] Καὶ κατ’ ἀρχὰς μὲν ὑπ’ ὀργῆς τε καὶ λύπης ὧν ἐπύθετο φερόμενος ἀκρίτως ἐνθουσιᾷ. Κατὰ μικρὸν δ’ ἐκείνων τῶν παθῶν μαραινομένων ὑπαναλύεται τὸ μετὰ τοῦ συμφέροντος εὐλόγιστον, ὅθεν

Ἑρμείας χρυσόρραπις ἀντεβόλησεν

αὐτῷ. Τὸ μέν γε χρυσοῦν ἀντὶ τοῦ καλοῦ παρείληπται, τὸ δὲ ῥάπτειν μεταφορικῶς ἀντὶ τοῦ συντιθέναι τε καὶ διανοεῖσθαι. [...] Οὐκοῦν χρυσόρραπιν εἶπε τὸν λόγον ἐκ τοῦ δύνασθαι καλῶς βουλεύεσθαί τε καὶ ῥάπτειν πράγματα. Παραστὰς οὖν οὗτος ὁ λογισμὸς ἀπὸ τῆς ἀκρατοῦς ὀργῆς ἐπέπληξεν αὐτῷ μάτην κατασπεύδοντι·

Τίφθ’ αὕτως, δύστηνε, δι’ ἀκρίας ἔρχεαι οἶος,
χώρου ἄιδρις ἐών;

Ταῦτα πρὸς αὑτὸν ἐλάλησεν Ὀδυσσεὺς μετανοοῦντι λογισμῷ τὴν πρότερον ὁρμὴν ἀναχαλινώσας. Τὴν δὲ φρόνησιν οὐκ ἀπιθάνως μῶλυ, μόνους [εἰς) ἀνθρώπους ἢ μόλις εἰς ὀλίγους ἐρχομένην· φύσις δ’ αὐτῆς ῥίζα μέλαινα,

γάλακτι δὲ εἴκελον ἄνθος·

Πάντα γὰρ οὖν συλλήβδην τὰ τηλικαῦτα τῶν ἀγαθῶν τὰς μὲν ἀρχὰς προσάντεις καὶ χαλεπὰς ἔχει, γενικῶς δ’ ὅταν ὑποστῇ τις ἐναθλήσας τῷ κατ’ ἀρχὴν πόνῳ, τηνικαῦτα γλυκὺς ἐν φωτὶ τῶν ὠφελειῶν ὁ καρπός. Ὑπὸ τοιούτου φρουρούμενος Ὀδυσσεὺς λογισμοῦ τὰ Κίρκης νενίκηκε φάρμακα.

Ulysse n'a pas plus tôt quitté son navire pour monter vers le palais de Circé qu'Hermès lui apparaît, aux portes du manoir de Circé : Hermès, c'est-à-dire le discours raisonnable [...] Au début, transporté de colère et de douleur par ce qu'il a appris, il est dans une exaltation irraisonnée. Mais peu à peu ces sentiments s'effacent, son jugement et le sens de son intérêt lentement se dégagent. D'où

Hermès Chrysorrhapis s'est présenté (X, 277)

à lui. Chrysoun (d'or) est pris ici au sens de beau ; et rhaptein (coudre) a le sens métaphorique de "composer, penser" [...] Homère appelle donc la parole "excellente couseuse" à cause de son aptitude à bien délibérer et à coudre ensemble les faits. C'est ainsi que, succédant à la colère irréfléchie, la voix de la raison se fait entendre à Ulysse, pour lui reprocher son inutile empressement :

Où vas-tu, malheureux, au long de ces côteaux,
Tout seul, et dans ces lieux que tu ne connais pas ?
(X, 281 sqq)

Ces mots sont ceux d'Ulysse se parlant à lui-même : il a réfléchi et changé d'idée, maîtrisant sa première impulsion. Quant à la sagesse, il est assz normal de l'appeler moly, en tant que monopole de la race humaine, ou parce qu'elle vient à peu de gens, non sans mal. Et voici sa nature : la racine en est noire

et la fleur blanc de lait (X, 304).

En général, pour tous les biens de cette nature, les commencements sont ardus et pénibles ; mais si l'on a le courage de supporter bravement les difficultés du début, il est bien doux dans la lumière le fruit des précieux résultats. Telle est cette raison qui garde Ulysse et lui assure la victoire sur les drogues de Circé.

D/ Toutes les sortes de plaisir

Dion Chrysostome (v.30-v.116 après JC) - Discours, VIII, 21, 20-25

ἑτέρα δὲ δεινοτέρα μάχη καὶ ἀγών ἐστιν οὐ μικρός, ἀλλὰ πολὺ τούτου μείζων καὶ ἐπικινδυνότερος ὁ πρὸς τὴν ἡδονήν, οὐχ οἵαν Ὅμηρός φησιν,

αὖθις δὲ δριμεῖα μάχη παρὰ νηυσὶν ἐτύχθη.
ὀξέσι δὴ πελέκεσσι καὶ ἀξίναις ἐμάχοντο
καὶ ξίφεσιν μεγάλοισιν

οὐχ οὗτος ὁ τρόπος τῆς μάχης· οὐδὲ γὰρ ἄντικρυς βιάζεσθαι τὴν ἡδονήν, ἀλλ’ ἐξαπατᾶν καὶ γοητεύειν δεινοῖς φαρμάκοις, ὥσπερ Ὅμηρός φησι τὴν Κίρκην τοὺς τοῦ Ὀδυσσέως ἑταίρους καταφαρμάξαι, κἄπειτα τοὺς μὲν σῦς αὐτῶν, τοὺς δὲ λύκους γενέσθαι, τοὺς δὲ ἄλλ’ ἄττα θηρία, τοιοῦτόν ἐστι τὸ χρῆμα τῆς ἡδονῆς, οὐχ ἁπλῶς ἐπιβουλευούσης, ἀλλὰ πάντα τρόπον, διά τε τῆς ὄψεως καὶ ἀκοῆς ἢ ὀσφρήσεως ἢ γεύσεως ἢ ἁφῆς, ἔτι δὲ σιτίοις καὶ ποτοῖς καὶ ἀφροδισίοις διαφθεῖραι πειρωμένης, ὁμοίως μὲν ἐγρηγορότας, ὁμοίως δὲ κοιμωμένους. οὐδὲ γὰρ ὥσπερ πρὸς τοὺς πολεμίους ἔστι φυλακὰς καταστήσαντας καθεύδειν, ἀλλὰ μάλιστα δὴ πάντων τότε ἐπιτίθεται, τὰ μὲν αὐτῷ τῷ ὕπνῳ μαραίνουσα καὶ δουλουμένη, τὰ δὲ ἐπιπέμπουσα ὀνείρατα πανοῦργα καὶ ἐπίβουλα, ἀναμιμνῄσκοντα αὐτῆς. ὁ μὲν οὖν πόνος διὰ τῆς ἁφῆς ἐπιγίγνεται ὡς τὸ πολὺ καὶ ταύτῃ πρόσεισιν, ἡ δὲ ἡδονὴ κατὰ πᾶσαν αἴσθησιν ὁπόσας ἄνθρωπος αἰσθήσεις ἔχει, καὶ δεῖ τοῖς μὲν πόνοις ἀπαντᾶν καὶ συμπλέκεσθαι, τὴν δὲ ἡδονὴν φεύγειν ὡς πορρωτάτω καὶ μηδὲν ὅλως ἢ τἀναγκαῖα ὁμιλεῖν. καὶ ἐνταῦθα ὁ κράτιστος ἀνήρ [κράτιστος δὲ] σχεδόν, ὃς ἂν δύνηται πλεῖστον ἀποφεύγειν τὰς ἡδονάς· οὐδὲ γὰρ ἔστιν ἡδονῇ συνόντα ἢ καὶ πειρώμενον συνεχῶς μὴ οὐ πάντως ἁλῶναι. ὅταν οὖν κρατήσῃ καὶ περιγένηται τῆς ψυχῆς τοῖς φαρμάκοις, γίγνεται τὸ λοιπὸν ἤδη τὸ τῆς Κίρκης, πλήξασα ῥᾳδίως τῇ ῥάβδῳ εἰς συφεόν τινα ἐλαύνει καὶ καθείργνυσι καὶ τὸ λοιπὸν ἀπ’ ἐκείνου ἤδη ὁ ἄνθρωπος διατελεῖ σῦς ὢν ἢ λύκος.


Mais il y a un autre combat plus terrible, un affrontement qui n'est pas anodin, mais bien plus important et risqué, contre le plaisir. Ce n'est pas celui dont parle Homère :

De nouveau c'est une âpre bataille qui se livra près des nefs.
Ils luttaient avec des haches affûtées, des cognées
Et de longues épées...

Non, ce n'est pas ce genre de combat : le plaisir ne recourt pas à la violence ouverte, il trompe et envoûte par de terribles drogues, comme le dit Homère à propos de Circé qui a ensorcelé par ses philtres les compagnons d'Ulysse ; alors les uns sont devenus des porcs, les autres des loups, d'autres je ne sais quelles autres bêtes. Voilà ce qu'est le plaisir, qui tend un piège non pas d'une seule sorte, mais de toutes, qui tente, par la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, le manger, le boire, l'amour charnel, de détruire tout autant dans la veille que dans le sommeil. Car on ne peut pas dormir après avoir établi des gardes, comme à la guerre : c'est justement à ce moment-là que le plaisir attaque, parfois en épuisant et en asservissant par le sommeil lui-même, parfois en envoyant des songes trompeurs et insidieux qui en rappellent le souvenir. La souffrance survient la plupart du temps par le toucher et c'est par lui qu'elle progresse, tandis que le désir le fait par tous les sens que peut posséder un homme : il faut donc affronter la souffrance et la combattre, mais fuir le plaisir le plus loin possible et n'avoir avec lui que les contacts absolument inévitables, Et alors le meilleur combattant, peut-on dire, est celui qui est capable de se tenir le plus loin possible du plaisir : car il est impossible, si on le fréquente ou si on se mesure à lui dans la durée, de ne pas être totalement condamné. Ainsi donc, lorsqu'il prend le dessus et l'emporte sur l'âme par ses philtres, se produit le reste de l'histoire de Circé : le plaisir vous effleure de sa baguette, vous pousse dans quelque porcherie et vous y enferme, et l'homme passe le reste de ses jours en porc, ou en loup.

Cette lecture moralisatrice se prolongera évidemment jusqu'à la fin de l'Antiquité.

Boèce (v.480-525 après JC) - Consolation de la Philosophie, IV, 5

Omne namque, quod sit, unum esse ipsumque unum bonum esse paulo ante didicisti, cui consequens est, ut omne, quod sit, id etiam bonum esse videatur. Hoc igitur modo quicquid a bono deficit, esse desistit ; quo fit, ut mali desinant esse, quod fuerant ; sed fuisse homines adhuc ipsa humani corporis reliqua species ostentat. Quare versi in malitiam humanam quoque amisere naturam. Sed cum ultra homines quemque provehere sola probitas possit, necesse est, ut, quos ab humana condicione deiecit, infra hominis meritum detrudat improbitas. Evenit igitur, ut, quem transformatum vitiis videas, hominem aestimare non possis. Avaritia fervet alienarum opum violentus ereptor ? Lupis similem dixeris. Ferox atque inquies linguam litigiis exercet ? Cani comparabis. Insidiator occultus subripuisse fraudibus gaudet ? Vulpeculis exaequetur. Irae intemperans fremit ? Leonis animum gestare credatur. Pavidus ac fugax non metuenda formidat ? Cervis similis habeatur. Segnis ac stupidus torpet ? Asinum vivit. Levis atque inconstans studia permutat ? Nihil avibus differt. Foedis immundisque libidinibus immergitur ? Sordidae suis voluptate detinetur. Ita fit, ut qui probitate deserta homo esse desierit, cum in divinam condicionem transire non possit, vertatur in beluam.

Tu as appris de moi que tout ce qui existe est un, et que l'unité est le bien. Par conséquent, tout ce qui existe est identique au bien ; par conséquent encore, tout ce qui s'écarte du bien cesse d'exister ; d'où il suit que les méchants cessent d'être ce qu'ils étaient. Mais ils étaient hommes, comme le prouve la figure qu'ils ont conservée. Donc, dès qu'ils ont tourné au mal, ils ont perdu même leur qualité d'hommes. Mais, de même que la vertu seule peut élever les hommes au-dessus de l'humanité, il faut que le vice ravale les malheureux qu'il a dépouillés de leur qualité d'hommes, au-dessous même de la condition humaine. Par conséquent, l'être qu'ont dégradé ses vices ne peut plus être considéré comme un homme. Cet envieux, tout prêt à s'emparer du bien d'autrui, même par la violence, ne ressemble-t-il pas à un loup ? Ce plaideur hargneux et intraitable, qui use sa langue dans les cris de la chicane, peut être comparé à un dogue. Ce fourbe qui, pour dépouiller ses victimes, se plaît à leur tendre des pièges dans l'ombre, est le portrait du renard. Ce furieux qui rugit a les instincts du lion. Ce poltron, ce fuyard qui a peur de son ombre, est semblable à un cerf. Ce paresseux, ce lourdaud toujours endormi, mène la vie d'un âne ; ce capricieux aux goûts fantasques et mobiles, ne diffère en rien d'un oiseau. Ce débauché toujours plongé dans les plus immondes voluptés, me représente un porc et ses crapuleux plaisirs. Et c'est ainsi que le malheureux qui déserte la vertu cesse d'être un homme, et que, faute de pouvoir devenir un dieu, il se voit transformé en bête.

Interprétations métaphysiques : le cycle des réincarnations

Cependant, sous l'influence des doctrines pythagoriciennes et platoniciennes, l'allégorie du mythe de Circé a pris parallèlement un tour métaphysique et eschatologique : dans ce nouveau type d'interprétations, d'ailleurs lié au précédent, Circé change radicalement de fonction, et son pouvoir de métamorphose lui redonne une dimension cosmique, puisque, jouant sur le sens de son nom (cercle), les commentateurs en font la maîtresse du cycle de ce qu'on appelle couramment la métempsychose.

Pseudo-Plutarque (IIe siècle après JC) - Vie et Poésie d'Homère, 126

Καὶ τὸ μεταβάλλειν δὲ τοὺς ἑταίρους τοῦ Ὀδυσσέως εἰς σύας καὶ τοιαῦτα ζῷα τοῦτο αἰνίττεται, ὅτι τῶν ἀφρόνων ἀνθρώπων αἱ ψυχαὶ μεταλλάττουσιν εἰς εἴδη σωμάτων θηριωδῶν, ἐμπεσοῦσαι εἰς τὴν τοῦ παντὸς ἐγκύκλιον περιφοράν, ἣν Κίρκην προσαγορεύει καὶ κατὰ τὸ εἰκὸς Ἡλίου παῖδα ὑποτίθεται, οἰκοῦσαν ἐν τῇ Αἰαίῃ νήσῳ· ταύτην δὲ ἀπὸ τοῦ ‘αἰάζειν’ καὶ ὀδύρεσθαι τοὺς ἀνθρώπους ἐπὶ τοῖς θανάτοις κέκληκεν. ὁ δὲ ἔμφρων ἀνήρ, αὐτὸς ὁ Ὀδυσσεύς, οὐκ ἔπαθε τὴν τοιαύτην μεταβολήν, παρὰ τοῦ Ἑρμοῦ (τουτέστι τοῦ λόγου) τὸ ἀπαθὲς λαβών. αὐτὸς δὲ οὗτος καὶ εἰς Ἅιδου κάτεισιν, ὥσπερ εἶναι λέγων χωρίζειν τὴν ψυχὴν ἀπὸ τοῦ σώματος καὶ θεατὴς ψυχῶν τῶν τε ἀγαθῶν καὶ τῶν φαύλων γιγνόμενος.

Il nous donne aussi à entendre par la métamorphose des compagnons d'Ulysse, en porcs et en animaux pareils, que les âmes des hommes qui n'écoutent pas leur raison passent dans des corps d'animaux, lorsqu'elles sont enchaînées par la révolution circulaire de l'Univers, qu'il nomme Circé. Il suppose avec raison qu'elle est fille du Soleil, et qu'elle habite l'île d'Aeaea. Il a ainsi nommé cette île, du mot αἰάζειν (pleurer), à cause des pleurs que la mort occasionne aux hommes. Ulysse, c'est-à-dire le sage, ne subit point cette métamorphose, en étant garanti par Mercure, qui n'est autre chose que la raison. Il descend en personne aux enfers ; le poète entend par là que son âme se sépare de son corps, et qu'il devient spectateur des âmes bonnes et méchantes.

Cette interprétation néo-platonicienne est plus abondamment développée par Porphyre (232-305 apr.JC) dans un texte conservé par Stobée (Ve siècle après JC) : Eglogues, I, 41, 60

Τὰ δὲ παρ’ Ὁμήρου περὶ τῆς Κίρκης λεγόμενα θαυμαστὴν ἔχει τῶν περὶ ψυχὴν θεωρίαν. Λέγεται γὰρ οὕτως •

οἳ δὲ συῶν μὲν ἔχον κεφαλὰς φωνήν τε τρίχας τε
καὶ δέμας•   αὐτὰρ νοῦς ἦν ἔμπεδος ὡς τὸ πάρος περ.

Ἔστι τοίνυν ὁ μῦθος αἴνιγμα τῶν περὶ ψυχῆς ὑπό τε Πυθαγόρου λεγομένων καὶ Πλάτωνος, ὡς ἄφθαρτος οὖσα τὴν φύσιν καὶ ἀίδιος, οὔ τι μὴν ἀπαθὴς οὐδὲ ἀμετάβλητος, ἐν ταῖς λεγομέναις φθοραῖς καὶ τελευταῖς μετα-τάβλητος, ἐν ταῖς λεγομέναις φθοραῖς καὶ τελευταῖς μεταβολὴν ἴσχει καὶ μετακόσμησιν εἰς ἕτερα σωμάτων εἴδη, καθ’ ἡδονὴν διώκουσα τὸ πρόσφορον καὶ οἰκεῖον ὁμοιότητι καὶ συνηθείᾳ βίου διαίτης. Ἔνθα δῆ [λον] τὸ μετὰ παιδείας ἑκάστῳ καὶ φιλοσοφίας ὄφελος, ἂν μνημονεύουσα τῶν καλῶν ἡ ψυχὴ καὶ δυσχεραίνουσα τὰς αἰσχρὰς καὶ παρανόμους ἡδονὰς δύνηται κρατεῖν καὶ προσέχειν αὑτῆ καὶ φυλάττειν, μὴ λάθῃ θηρίον γενομένη καὶ στέρξασα σώματος οὐκ εὐφυοῦς οὐδὲ καθαροῦ πρὸς ἀρετήν, φύσιν ἄμουσον καὶ ἄλογον καὶ τὸ ἐπιθυμοῦν καὶ θυμούμενον μᾶλλον ἢ τὸ φρόνιμον αὔξοντος καὶ τρέφοντος. Αὐτῆς γὰρ τῆς μετακοσμήσεως εἱμαρμένη καὶ φύσις ὑπὸ Ἐμπεδοκλέους δαίμων ἀνηγόρευται,

‘σαρκῶν ἀλλογνῶτι περιστέλλουσα χιτῶνι,’

καὶ μεταμπίσχουσα τὰς ψυχάς. Ὅμηρος δὲ τὴν ἐν κύκλῳ περίοδον καὶ περιφορὰν παλιγγενεσίας Κίρκην προσηγόρευκεν, Ἡλίου παῖδα τοῦ πᾶσαν φθορὰν γενέσει καὶ γένεσιν αὖ πάλιν φθορᾷ συνάπτοντος ἀεὶ καὶ συνείροντος. Αἰαίη δὲ νῆσος ἡ δεχομένη τὸν ἀποθνήσκοντα μοῖρα καὶ χώρα τοῦ περιέχοντος, εἰς ἣν ἐμπεσοῦσαι πρῶτον αἱ ψυχαὶ πλανῶνται καὶ ξενοπαθοῦσι καὶ ὀλοφύρονται καὶ οὐκ ἴσασιν,

‘ὅπῃ ζόφος,
οὐδ’ ὅπῃ ἠέλιος φαεσίμβροτος εἶσ’ ὑπὸ γαῖαν’

Ποθοῦσαι δὲ καθ’ ἡδονὰς τὴν συνήθη καὶ σύντροφον ἐν σαρκὶ καὶ μετὰ σαρκὸς δίαιταν ἐμπίπτουσιν αὖθις εἰς τὸν κυκεῶνα τῆς γενέσεως μιγνύσης εἰς τὸ αὐτὸ καὶ κυκώσης ὡς ἀληθῶς ἀίδια καὶ θνητὰ καὶ φρόνιμα καὶ παθητὰ καὶ ὀλύμπια καὶ γηγενῆ, θελγόμεναι καὶ μαλασσόμεναι ταῖς ἀγούσαις αὖθις ἐπὶ τὴν γένεσιν ἡδοναῖς, ἐν ᾧ δὴ μάλιστα πολλῆς μὲν εὐτυχίας αἱ ψυχαὶ δέονται πολλῆς δὲ σωφροσύνης, ὅπως μὴ τοῖς κακίστοις ἐπισπόμεναι καὶ συνενδοῦσαι μέρεσιν ἢ πάθεσιν αὑτῶν κακοδαίμονα καὶ θηριώδη βίον ἀμείψωσιν. Ἡ γὰρ λεγομένη καὶ νομιζομένη τῶν ἐν Ἅιδου τρίοδος ἐνταῦθά που τέτακται περὶ τὰ τῆς ψυχῆς σχιζόμενα μέρη, τὸ λογιστικὸν καὶ θυμοειδὲς καὶ ἐπιθυμητικόν, ὧν ἕκαστον ἀρχὴν ἐξ ἑαυτοῦ καὶ ῥοπὴν ἐπὶ τὸν οἰκεῖον βίον ἐνδίδωσι. Καὶ οὐκέτι ταῦτα μῦθος οὐδὲ ποίησις, ἀλλὰ ἀλήθεια καὶ φυσικὸς λόγος. Ὧν μὲν γὰρ ἐν τῇ μεταβολῇ καὶ γενέσει τὸ ἐπιθυμητικὸν ἐξανθοῦν ἐπικρατεῖ καὶ δυναστεύει, τούτοις εἰς νωθῆ [καὶ] σώματα καὶ βίους θολεροὺς καὶ ἀκαθάρτους ὑπὸ φιληδονίας καὶ γαστριμαργίας φησὶ γενέσθαι τὴν μεταβολήν. Ὅταν δὲ φιλονεικίαις σκληραῖς καὶ φονικαῖς ὠμότησιν ἔκ τινος διαφορᾶς ἢ δυσμενείας ἐξηγριωμένον ἔχουσα παντάπασιν ἡ ψυχὴ τὸ θυμοειδὲς εἰς δευτέραν γένεσιν ἀφίκηται, πλήρης οὖσα προσφάτου πικρίας καὶ βαρυφρόνης, ἔρριψεν ἑαυτὴν εἰς λύκου φύσιν ἢ λέοντος, ὥσπερ ὄργανον ἀμυντικὸν τὸ σῶμα τῷ κρατοῦντι προἱεμένη πάθει καὶ περιαρμόσασα. Διὸ δεῖ μάλιστα περὶ τὸν θάνατον, ὥσπερ ἐν τελετῇ, καθαρεύοντα παντὸς ἀπέχειν πάθους φαύλου τὴν ψυχὴν καὶ πᾶσαν ἐπιθυμίαν χαλεπὴν κοιμήσαντα καὶ φθόνους καὶ δυσμενείας καὶ ὀργὰς ἀπωτάτω τιθέμενον τοῦ φρονοῦντος ἐκβαίνειν τοῦ σώματος. Οὕτως ὁ χρυσόρραπις Ἑρμῆς ἀληθῶς ὁ λόγος ἐντυγχάνων καὶ δεικνύων ἐναργῶς τὸ καλόν, ἢ παντάπασιν εἴργει καὶ ἀπέχει τοῦ κυκεῶνος, ἢ πιοῦσαν ἐν ἀνθρωπίνῳ βίῳ καὶ ἤθει διαφυλάττει πλεῖστον χρόνον, ὡς ἀνυστόν ἐστι.


Ce que dit Homère de Circé contient une étonnante théorie de l'âme. Il dit en effet :

Ils avaient des porcs la tête, la voix, les poils et le corps ;
mais leur esprit était resté comme autrefois.

Ce mythe est donc un apologue contenant les doctrines sur l'âme de Pythagore et de Platon : même indestructible par nature et éternelle, elle n'est pas à l'abri des passions et des changements, et au moment de ce qu'on nomme disparition et mort, elle entreprend un déménagement et une nouvelle installation dans d'autres formes de corps, en recherchant, suivant son désir, ce qui lui convient et lui est familier, parce que semblable à son mode de vie habituel. A ce moment précis, grâce à ce que chacun de nous tire de l'éducation et de la philosophie, l'âme, se ressouvenant du Bien et repoussant les plaisirs honteux et illicites, a le pouvoir de se dominer, de prendre garde à elle et de se protéger, pour éviter que, par inattention, elle ne devienne une bête et ne chérisse un corps impropre à la vertu, impur, développant et alimentant une nature grossière, déraisonnable, encourageant le désir et l'emportement plutôt que la pensée. La destinée et la nature de cette nouvelle installation, Empédocle les désigne comme une divinité

qui enveloppe les âmes dans une tunique de chair étrangère

et les fait changer de vêtement. Homère a appelé Circé ce parcours cyclique et cette roue des palingénésies, Circé, fille du Soleil qui toujours relie et enchaîne destruction et naissance, puis à nouveau naissance et destruction. Quant à l'île d'Aiaié, c'est le destin qui attend le mort, et la contrée de l'univers sur laquelle d'abord chutent les âmes : elles y errent, désorientées, elles se lamentent, ne sachant où se trouve l'occident

ni où descend sous terre le soleil qui luit pour les vivants

Nostalgiques du plaisir que leur procurait leur compagnonnage habituel avec la chair, elles retombent dans le kykeon de la naissance, qui véritablement mélange et malaxe ensemble l'éternel et le mortel, le rationnel et l'émotionnel, le céleste et le terrien ; et elles se laissent charmer et amollir par les plaisirs qui les ramènent vers la naissance, au moment précis où elles ont besoin de beaucoup de chance et de sagesse pour ne pas se laisser attirer et s'abandonner à ce qu'il y a de plus mauvais en elles ou à leurs passions, et choisir une malheureuse vie de bêtes. Or donc, ce carrefour de trois routes que l'on a coutume de situer dans l'Hadès, il est en fait ici même, dans les trois divisions de l'âme : le rationnel, le passionnel et le désir, dont chacune part du même point mais entraîne l'âme vers la vie qui lui convient. Et ici, il ne s'agit plus de mythe ou de poésie, mais de vérité et d'observation de ce qui est. Car celles chez qui, au moment du passage et de la naissance, la partie désirante est épanouie et règne en maîtresse, pour celles-là, c'est vers des corps de porcs, des vies bourbeuses et impures que, sous l'effet du plaisir et de la gloutonnerie, se fait le passage, à ce que dit le poète, Lorsqu'une âme, dont la partie irascible a été rendue totalement sauvage par de terribles querelles et de sanguinaires cruautés sur fond de discorde ou de haine, lorsque cette âme parvient à une deuxième naissance, pleine d'une toute nouvelle colère et de lourde irritation, elle se jette dans un corps de loup ou de lion, pour faire de ce corps une protection bien adaptée à sa passion dominante. Voilà pourquoi il faut, surtout à l'approche de la mort, purifier son âme, comme dans les initiations, la tenir éloignée de toute passion vile, calmer les mauvais désirs, mettre le plus possible à distance envie, hostilité et colère, pour sortir de son corps en homme sage. Alors Hermès à la baguette d'or (c'est-à-dire la raison), rencontrant cette âme et lui montrant clairement le Bien, ou bien la protège et la soustrait complètement au kykeon, ou bien, si elle en boit, la maintient le plus longtemps possible dans une vie et une condition d'être humain [et pas d'animal].

Voici enfin une totale réhabilitation de Circé, fortement inspirée par l'orphisme :

Proclus (412-485 après JC), Commentaire sur le Cratyle. 22, 7 sq

εἰς τοὺς τῆς γενέσεως προστάτας θεούς, ὧν ἐστιν καὶ ἡ παρ’ Ὁμήρῳ Κίρκη πᾶσαν ὑφαίνουσα τὴν ἐν τῷ τετραστοίχῳ ζωὴν καὶ ἅμα ταῖς ᾠδαῖς ἐναρμόνιον ποιοῦσα τὸν ὑπὸ σελήνην τόπον. ἐν ταύταις οὖν ταῖς ὑφαντικαῖς καὶ ἡ Κίρκη ὑπὸ τῶν θεολόγων παραλαμβάνεται, χρυσῆ μέντοι, καθάπερ φασίν, ἐνδεικνύμενοι τὴν νοερὰν αὐτῆς καὶ ἄχραντον οὐσίαν καὶ ἄυλον καὶ ἀμιγῆ πρὸς τὴν γένεσιν, καὶ τὸ ἔργον αὐτῆς διακρίνειν τὰ ἑστῶτα τῶν κινουμένων καὶ χωρίζειν κατὰ τὴν ἑτερότητα τὴν θείαν.

[...] les dieux qui président à la génération, dont fait partie aussi la Circé d'Homère, qui tisse toute la vie contenue dans les quatre éléments et en même temps, par ses chants, met de l'harmonie dans le monde sublunaire. Par cette activité de tissage, Circé est présentée par les théologiens [orphiques] comme "d'or" (ce sont leurs termes) : son essence est intellectuelle et pure, immatérielle, exempte de tout mélange avec la génération, et son rôle est de séparer l'immobile du mouvant, selon les différences d'essence divine.

En Occident, quand la Renaissance redécouvrira les textes grecs, cette dimension métaphysique du mythe de Circé sera globalement perdue : il n'est, pour s'en persuader, que de passer en revue les représentations iconographiques de celle qui va rejoindre, et pour longtemps, les rangs bien fournis des femmes fatales...


Références des traductions