Introduction - Renseignements pratiques
I. Frais de voyage. Monnaie. Passeport. Douane.
FRAIS DE VOYAGE. Les prix sont généralement
les mêmes dans l'Italie méridionale que dans les
autres parties les plus fréquentées de
l'Europe. En moyenne, une personne seule y dépense en
voyageant de 15 à 25 fr. par jour, et, en
s'arrêtant quelque temps dans un endroit, de 10
à 12 fr. Des hommes s'en tirent encore à
meilleur compte s'ils sont au courant de la langue et des
usages du pays, et surtout s'ils voyagent plusieurs ensemble,
tandis qu'il en coûte d'avantage avec des dames.
MONNAIE. L'Italie, faisant partie de l'union monétaire
latine, a les mêmes types de monnaies que la France, la
Suisse, la Belgique et même la Grèce, et les
pièces de ces différents pays y ont cours
légal, tandis que les pièces divisionnaires
d'argent italiennes n'ont plus cours dans ces pays.
Toutefois, par suite des embarras financiers actuels de
l'Italie, l'or et la plus grande partie de l'argent y ont
disparu de la circulation. On changera donc l'or qu'on aura
contre du papier-monnaie. Dans les hôtels et les
magasins, on perd sur l'or l'agio que vous donnent les
changeurs. Les pièces d'argent non italiennes ne sont
pas reçues volontiers dans le sud de l'Italie et ne le
sont pas en Sicile. Il y a beaucoup de pièces fausses
de 50 c., 1 fr. et 2 fr. On refusera les pièces trop
usées, les pièces italiennes antérieures
à 1863 (re eletto), qui n'ont plus cours ; les
pièces suisses avec l'Helvétie assise, l'anc.
monnaie papale, les sous grecs et, bien entendu aussi, les
pièces des pays qui ne font point partie de l'union :
Roumanie, Etats de l'Amérique du Sud, etc. Le franc
s'appelle officiellement lira et le centime,
centesimo. Les billets de banque ayant cours dans le
midi de l'Italie sont les Buoni di Cassa, de 1 et 2
fr. ; les Biglietti di Stato, de 5, 10 et 25 fr.; de
la Banca Nazionale nel Regno d'Italia, de la Banca
Nazionale Toscana, de la Banca Toscana di Credito,
toutes garanties de la Banca d'Italia ; du Banco di
Napoli et du Banco di Sicilia.
Ce qu'on peut emporter
de mieux en fait d'argent, ce sont des pièces de 20
francs et des billets de la banque de France, qui sont
toutefois moins avantageux, parce qu'ils sont quelquefois de
½ à 3/4 % au-dessous de l'or. Aller de
préférence chez les changeurs
(cambiavaluta) qui affichent le cours.
On sera toujours bien pourvu de pièces de cuivre, en
vue des pourboires, et
comme le porte-monnaie n'y suffirait pas, on y consacrera une
poche de gilet. Il est même bon d'avoir deux
porte-monnaies, l'un pour les besoins du jour et l'autre pour
la réserve.
Un PASSEPORT n'est plus nécessaire aujourd'hui en
Italie, si ce n'est pour retirer des valeurs à la
poste. Cependant
une pièce de ce genre peut toujours être utile,
par ex. pour obtenir la protection d'un consul de son pays,
et lorsqu'on fait des excursions dans des endroits
écartés, notamment dans le Sud et en
Tunisie.
La VISITE DOUANIèRE, dans les ports, même
lorsqu'on vient d'autres ports italiens est ordinairement peu
rigoureuse, à l'égard des voyageurs non
suspects ; elle a surtout en vue le tabac, et l'on ne peut
entrer en franchise qu'une demi-douzaine de cigares. Les armes, même
les couteaux-poignards, peuvent être
confisquées.
Il y a un octroi dans presque toutes les villes (dazio
consumo), mais il suffit ordinairement de dire à
la limite de cet octroi (limite daziario), le cas
échéant, qu'on n'a rien à
déclarer.
II. Saison. Langue.
SAISON. Pour un voyage à Naples et surtout dans le
reste de l'Italie méridionale et en Sicile, on
choisira le mois d'octobre ou mieux encore les mois de
printemps, de la fin de
mars à la fin de mai (v. p. xxii). De la fin
de novembre à la mi-mars, on fera mieux d'aller
à Rome. En septembre, l'atmosphère est d'une
lourdeur accablante et les orages sont fréquents.
Durant l'été, de juin à la fin
d'août, la nature méridionale s'épanouit
bien dans toute sa splendeur, mais la chaleur intense,
prolongée pendant des mois entiers, oblige au moins le
voyageur à se modérer de toute manière.
Il y a du reste aux environs de Naples plusieurs stations
d'été agréables: Sorrente,
Castellammare, Cava dei Tirreni, etc.
LANGUE. Ce que nous avons dit à ce sujet dans les deux
autres volumes de notre guide en Italie, est encore plus vrai
lorsqu'il s'agit de l'Italie méridionale et de la
Sicile. Il n'est sans doute pas impossible de visiter Naples
et ses environs. Palerme, Messine, etc., sans savoir
l'italien; mais on n'est plus guère
indépendant, outre qu'on est obligé d'aller
dans les hôtels de Ire classe et que toutes choses
coûtent la moitié de plus, voire le double de ce
qu'elles coûteraient sans cela.
III. Règles de conduite. Pourboires. Mendicité. Sûreté publique.
REGLES DE CONDUITE. Un voyage dans le sud de l'Italie est
bien différent d'un voyage dans le nord et même
à Rome, surtout parce que le système des prix
fixes a beaucoup plus de peine à s'y introduire. A
Naples et aux environs, les cochers, les bateliers, les
commissionnaires et autres gens avec lesquels on a
journellement affaire, sont souvent d'une impudence
incroyable. II ne faudrait cependant pas juger d'après
eux toute la population, pas plus que nous ne voudrions nous
mêmes être jugés d'après les gens
rapaces de nos stations d'hiver, de nos villes d'eaux, de nos
bains de mer, etc. Plus on connaîtra l'Italie, plus on
y trouvera de gens probes et dignes de confiance.
Là où il y a des
tarifs, il faut les noter exactement. Là où il
n'y en a pas, il y a au moins un prix moyen établi par
l'usage et que ce livre donne autant que possible. Quand il
voit qu'on le connaît, qu'on est pratico,
l'Italien abandonne sa spéculation, qui n'est
basée que sur l'ignorance de l'étranger. Mais
il faut toujours bien s'entendre d'avance, et ne jamais se
fier à la bonne foi des gens : patte chiari,
amicizia lunga, dit un bon proverbe italien.
En faisant les prix, il faut surtout conserver le plus grand
calme. Il ne faut faire attention ni aux gestes, ni aux
exclamations, ni aux prières, ni aux serments, ni aux
grossièretés de certaines gens. Moins on sait
l'italien, moins il faut parler ; dire seulement le
nécessaire et faire tout de suite mine de s'en aller.
Il est souvent bon de ne pas dire immédiatement son
dernier prix, afin de pouvoir ajouter à la
première offre ; mais celle-ci doit toujours
être raisonnable. On se renseignera auprès de
ses compagnons de voyage ou de gens comme il faut. Les
cochers, les garçons d'hôtel, les guides, etc.,
souvent même les gens du pays s'entendent,
vis-à-vis de l'étranger, comme larrons en
foire. La prudence est toujours de mise en Italie, mais non
une défiance exagérée, qui passe vite
pour de la peur et de la faiblesse.
POURBOIRES. Ayez
toujours de la petite monnaie sur vous. Nulle part au monde
on n'est si souvent obligé d'ouvrir la main qu'en
Italie, mais nulle part non plus on ne se tire d'affaire avec
si peu de chose. Tous les gens qu'on emploie comptent sur un
pourboire : buona mano, mancia, da bere, bottiglia,
caffè, sigaro, marcheroni. On donne 2 ou 3 sous,
tout au plus 1 fr., selon les services qu'on a reçus.
Ne pas craindre de donner peu, car d'abord la valeur de
l'argent est tout autre dans les mains de ces gens, et
ensuite la générosité ne sert
qu'à provoquer de nouvelles exigences.
Mais nul n'en sera quitte sans payer, et l'un des buts de ce
livre est précisément de réduire ces
faux frais. Il faut se résigner d'avance à
être trompé çà et là,
nonobstant toute prudence. On aurait tort de s'en
fâcher et de faire des réflexions sur la
démoralisation et la fausseté des Italiens ;
eux-mêmes n'échappent point à ces
contributions. Il faudra surtout se garder de perdre sa bonne
humeur pour quelques misérables sous, car c'est une
chose qu'on ne saurait payer trop cher en voyage.
La MENDICITE est encore un des fléaux du pays ; il
faut que l'étranger s'y habitue. On refusera par un
signe de la main, en levant l'index, ou de la tête et
en disant «niente», ou bien l'on donnera une
pièce de monnaie aussi petite que possible, 2 c., au
plus 5. On ne devra donner en tout cas qu'à ceux qui
sont vraiment dans le besoin, aux infirmes et aux impotents.
Une générosité mal placée de la
part des étrangers, surtout envers les enfants, est
cause que les voyageurs sont de plus en plus
importunés par les mendiants aux environs de Naples et
dans certaines parties de la Sicile et se voient par
là gâter la jouissance des beautés du
pays. Et quand au lieu d'une pièce de monnaie
donnée accidentellement à un enfant, des
voyageurs en jettent follement, comme cela se voit, des
poignées dans la rue, comment veut-on que les enfants
des rues ne deviennent pas importuns et
effrontés.
La SURETE PUBLIQUE est aussi
grande aux endroits généralement
fréquentés par les étrangers dans
l'Italie méridionale, en Sicile, en Sardaigne, etc.,
que dans le reste de l'Europe. Aucun voyageur raisonnable
n'ira, sans doute, errer la nuit dans les quartiers
déserts des grandes villes. Le
«brigandage» proprement dit n'existe plus. Un
coup de main qui s'exécute encore quelquefois, dans
des endroits écartés, est à peu
près l'équivalent d'un crime ordinaire chez
nous. Les étrangers, dont les allées et les
venues, la personne et la fortune sont inconnues, n'ont rien
à craindre sous ce rapport.
La police est faite dans les grandes villes par les
guardie di pubblica sicurezza, qui portent une tunique
de couleur foncée à boutons blancs et un
képi. A Naples, il y a de plus, pour la surveillance
du service des voitures, des guardie municipale, dont
l'uniforme a des boutons jaunes et qui portent un
numéro au képi. A la campagne, il y a les
carabiniers ou gendarmes, qui portent un habit à queue
bordé de rouge et un tricorne. Pour porter des armes, il faut un permis du
gouvernement. Du reste ce ne serait qu'un fardeau pour le
simple voyageur.
IV. Moyens de transport (1)
CHEMINS DE FER. Les observations faites à propos
des chemins de fer du nord et du centre de l'Italie
s'appliquent aussi à ceux du sud. Les trains marchent
en général lentement, surtout au S. de Naples,
et les retards sont fréquents. On ne peut compter sur
la correspondance qu'aux trains express. Les compartiments de
1re classe ont 8 places et ceux de 2e en ont 10. Pour de
longs trajets, on fera bien de se munir de provisions de
bouche, le nombre des buffets étant restreint et les
rafraîchissements médiocres. Les compartiments
de fumeurs partent pour inscription pei fumatori, ceux
où il est interdit de fumer è vietate di
fumare. Le conducteur annonce le départ par le mot
partenza, il avertit que tout est prêt par celui
de pronti, et qu'on change de voiture par si cambia
convoglio. Arrêt se dit fermata et
correspondance coincidenza. Le chef de gare s'appelle
capostazione.
Dans les gares où il y a foule, il est bon de tenir
préparé le prix exact de sa place, y compris 5
c. pour le timbre. Il n'est pas non plus inutile de faire
attention à la monnaie qu'on vous rend et de
vérifier son compte. On devra aussi arriver de bonne
heure, bien qu'on ne puisse entrer dans les salles d'attente
avant d'avoir pris son billet. La distribution commence aux
grandes stations 1 h. et aux petites 20 min. avant le
départ de chaque train. On ne fume pas dans les salles
d'attente. Les billets se rendent presque partout à la
sortie, uscita.
Le bagage est un compagnon de route excessivement
désagréable. Non seulement il met en contact
avec quantité de gens qui n'augmentent pas
précisément le charme du voyage, non seulement
il occasionne beaucoup de frais supplémentaires, mais
il y a encore eu souvent dans ces dernières
années, en Italie, des vols de bagages dont on n'a pu
trouver les auteurs. Si bien qu'elle soit fermée, on
ne devra jamais placer de valeurs dans une malle ; dans tous
les cas, il faudrait les déclarer.
On n'a droit à aucune franchise, et par
conséquent on peut faire enregistrer son bagage sans
avoir pris de billet. On peut d'autre part prendre avec soi
dans le wagon une valise ayant jusqu'à 50 centim. de
long sur 30 de large et 25 de haut. Les facteurs qui chargent
et déchargent les effets reçoivent quelques
sous lorsqu'il n'y a pas de tarif. Lorsqu'on ne
s'arrête que peu de temps à un endroit, surtout
aux villes qui sont loin de leurs stations , on fait bien de
déposer le plus gros de ses effets à la gare :
dare in deposito ou depositare ; 10 c. par
colis et par jour.
Les billets directs, entre les principales stations des pays
voisins et les grandes villes d'Italie, sont surtout
très agréables et avantageux quand ils
permettent de s'arrêter en route, même en
envoyant ses bagages à une station plus
éloignée. Les indicateurs des chemins de fer
donnent les détails à ce sujet. Les billets
circulaires (viaggi circolari), qui présentent
toutes sortes de combinaisons, assurent de plus des
réductions de prix variables, pour lesquelles nous
devons également renvoyer aux indicateurs. Les
conditions sont à peu près les mêmes en
Italie que dans les pays voisins, mais il faut noter les
suivantes. Au moment où il commence son voyage en
Italie et chaque fois qu'il veut le continuer après un
arrêt, le voyageur doit présenter son billet au
guichet de la gare de départ, pour y faire indiquer le
nom de la localité où il entend se rendre.
Quand, après avoir ainsi fait son choix, il veut
s'arrêter à une gare intermédiaire, il
doit en aviser le chef de cette gare pour que ce dernier
constate le changement de destination : accertare il
cambiamento di destinazione. Celui qui négligerait
cette formalité serait tenu, en continuant son voyage,
de payer le triple du billet à plein tarif pour le
parcours effectué sans visa. Il faut également
un visa (annotazione) pour reprendre son voyage
ailleurs qu'à la station où on l'a interrompu :
vale per riprendere alla stazione di... il viaggio
interrotto a...
Les billets d'aller et retour (biglietti d'andata e
ritorno) net sont ordinairement valables que pour une
journée dans la semaine. Ceux qu'on prend le samedi ou
la veille d'un jour de fête peuvent servir pour 2 ou 3
jours. Il n'est pas permis de s'arrêter en route avec
ces billets, ou bien le coupon d'aller ou de retour perd sa
valeur pour le reste du trajet.
TRAMWAYS A VAPEUR. Ces tramways, très répandus
dans le nord de l'Italie, se rencontrent aussi
déjà dans le sud.
BATEAUX A VAPEUR. Un voyage par mer sur la
Méditerranée ou l'Adriatique peut encore
ajouter aux charmes d'une excursion en Italie, si l'on a du
beau temps et si l'on ne souffre pas du mal de mer.
Malheureusement on n'a pas encore découvert de
remède à ce mal, et on n'en peut calmer un peu
les souffrances qu'en se tenant couché. Mais le temps
est souvent si beau dans la bonne saison, qu'on n'en
éprouve pas la moindre atteinte, à moins d'y
être très sensible. Pour la plupart des
excursions par mer dont il est question dans ce livre, les
services sont faits par la société dite
Navigazione Postale Italiana, dont le siège est
à Rome. Dans le golfe de Naples, entre Messine et les
îles Lipari, etc., le service est fait par de petites
compagnies sur les bateaux desquelles la Ire et la 2e classe
ne sont pas autrement distinctes dans la pratique, ce qui
fait que les hommes au courant des usages ne voyagent
guère qu'en seconde.
BILLETS. On ne prendra son billet qu'à l'agence de la
compagnie et on le prendra en personne. Le billet porte le
nom du voyageur, celui du bateau et l'heure du départ.
Les familles de 3 personnes au moins ont, sur tous les
bateaux, une réduction de 10 %, mais cette
réduction ne porte que sur le prix de passage
proprement dit et non sur celui de la nourriture. Il y a
aussi 10 % de réduction sur les billets d'aller et
retour, mais il ne s'en délivre qu'aux agences. En
prenant son billet, on s'informera si le bateau doit partir
à l'heure réglementaire et peut-être
s'arrêter dans de petits ports un ou deux jours de plus
qu'il ne devrait, pour des chargements ou des
déchargements. On ne peut compter sur l'exactitude,
quant à l'arrivée, des grands paquebots
d'Orient, dont on pourrait sans cela profiter pour le retour
de Messine à Naples.
La 2e cl. est convenable et suffisante pour des voyageurs
sans prétentions ; mais les dames ne sauraient prendre
que la 1re cl. Les voyageurs de 2e ont le droit de se
promener sur tout le pont. Les officiers en uniforme,
jusqu'au grade de capitaine inclusivement, vont en 2e
cl.
On a droit à 70 kilogr. de bagages en 1re et à
45 en 2e cl., mais il est défendu d'emporter des
objets qui ne soient pas à son usage personnel.
On donne au garçon 1 fr. de pourboire, pour un voyage
de 12 à 24 heures, et quelque chose de plus si l'on en
a reçu des services extra-ordinaires, en cas de mal de
mer.
EMBARQUEMENT. On se rend à bord 1 h. avant le
départ du bateau. On trouve toujours des barques pour
cela et les prix sont fixés par un tarif : d'ordinaire
1 fr. à 1 fr. 50 par personne avec les bagages. Il est
toutefois bon, quand on est seul, de dire qu'on ne veut payer
que le tarif : ma seconde la tariffa. En route, les
bateliers ont coutume de demander davantage : Signore,
sono cinque lire, etc. ; on leur répond tout au
plus avanti, en les menaçant au besoin de
recourir à la capitaneria del Porto. On ne
paiera qu'après avoir quitté la barque avec
tous ses effets. A bord, on peut garder son menu bagage avec
soi ; les malles, etc., se descendent à fond de cale,
et il faut prendre garde, pendant cette opération, que
les effets soient bien étiquetés pour l'endroit
où l'on se rend.
VOITURES PUBLIQUES. Les développements du
réseau de chemins de fer, dans le sud de l'Italie,
font que les touristes ordinaires n'ont plus guère
besoin de se servir des diligences et des vetture
corriere (courriers). On trouve presque partout à
louer des voitures à 1 cheval, qui se paient, dans les
endroits fréquentés, de 50 à 75 c. par
kil. et ailleurs à peine 50 c.
CHEVAUX, MULETS ET ANES. Les voyages à pied
étaient auparavant à peu près inconnus
en Italie. L'homme du peuple n'y comprend pas encore qu'on
puisse aller à pied pour son plaisir. Pourtant l'on
s'est déjà habitué à cette manie
des étrangers dans les contrées les plus
fréquentées, par ex. aux environs de Naples.
Les Italiens d'une certaine classe semblent même y
prendre aussi plaisir, à en juger par la
création de nombreuses sections du Club Alpin Italien,
qui n'a pas seulement pour but de s'occuper des Alpes, mais
qui veut aussi rendre les Apennins plus accessibles aux
touristes. On choisira pour la marche un temps frais et
clair, jamais celui où souffle le siroco. En
été, ou évitera toute excursion de ce
genre.
En Italie, au lieu d'aller à pied, on voyage à
cheval (cavallo), à mulet (mulo) ou
à dos d'âne (asino, somaro ; ciuco
à Naples ; en Sicile, toute monture s'appelle
vettura). Le conducteur (pedone) suit au pas de
course et sert au besoin de domestique. Les prix sont peu
élevés ; on fait son marché tutto
compreso, et l'on y ajoute à la fin un
léger pourboire, lorsqu'on est content. Dans les
montagnes, cette façon de voyager est très
recommandable, car elle fait économiser les frais d'un
guide. Les dames peuvent également voyager de cette
manière, sans la moindre gêne. Les conducteurs
ont l'habitude de faire courir leurs bêtes grand train
au commencement de la course et dans les villes et les
villages, ce qui déroute d'abord le cavalier qui ne
connaît pas cet usage. Le trot et le galop d'un
âne n'ont d'ailleurs rien de bien agréable, sur
un mauvais pavé, et le cavalier ne fait pas trop bonne
figure. On mettra donc un frein à l'ardeur du guide,
en lui déclarant d'emblée qu'on veut traverser
les rues au pas (a passo) ou qu'on lui diminuera sa
mancia.
On fera toujours soi-même les arrangements avec les
bateliers, les loueurs de voitures, d'ânes, etc.; tout
intermédiaire, même de gens qui
prétendent vous rendre service, renchérissant
les choses. Lorsqu'il y a peu de monde, on peut même
obtenir une réduction sur les tarifs.
V. Hôtels.
A Naples et dans quelques localités des environs,
à Brindisi, Palerme, Messine, Catane, Girgenti, on
trouve de bons hôtels de premier ordre. Les chambres
coûtent, selon leur exposition, 2 fr. 50 c. à 5
fr. ; la bougie, 75 c. à 1 fr. ; le service, 1 fr.,
non compris le concierge et souvent aussi l'homme de peine
(facchino) ; la table d'hôte, 4 à 6 fr.,
généralement sans le vin, qui est assez cher,
etc. La table d'hôte est pour ainsi dire obligatoire,
au moins pour le dîner, et si l'on n'y prend point
part, le prix du logement est augmenté. Les repas pris
dans la chambre sont beaucoup plus chers. Les omnibus des
hôtels coûtent 1 fr. à 1 fr. 50, de sorte
qu'on peut avoir avantage à prendre une voiture de
place, outre qu'on arrive plus vite et qu'on peut aller
ailleurs si l'on ne trouve pas une chambre à sa
convenance. En cas de séjour, on peut obtenir une
réduction en payant à la journée, ce
qu'on appelle le prix de pension. On parle partout
français dans les hôtels de premier ordre.
Ces hôtels sont souvent pleins au fort de la saison,
surtout à Naples, et l'on n'est même pas
toujours sûr d'y avoir une chambre en la demandant
d'avance. On s'est plaint à l'auteur de presque toutes
les maisons sous ce rapport. Demander au moins une
réponse positive en la payant.
Il faut mentionner
ensuite les pensions de Naples et des environs, où les
voyageurs de passage sont aussi admis lorsqu'il y a de la
place. Elles sont généralement bonnes, propres
et pas chères. Un inconvénient de beaucoup de
ces maisons, c'est qu'on y compte le second déjeuner
dans le prix de pension et que vous êtes par là
exposé à perdre un temps précieux au
milieu de la journée, surtout en hiver.
Les HOTELS DE SECOND ORDRE, à l'italienne, sont bien
moins chers. Il est bon, avant de prendre possession d'une
chambre, de s'entendre d'abord sur le prix, en y comprenant
la bougie et le service (compreso servizio e candela ;
1 fr. 50 à 3 fr.). On obtient pour un court
séjour, souvent pour une seule journée, de
payer un prix de pension comprenant même le vin. Les
hôteliers ont coutume de surfaire, mais ne font pas
difficulté pour rabattre du prix demandé. Si
l'on trouve une demande exagérée, offrir
tranquillement le prix qu'on veut mettre. Sans la
précaution de l'entente préalable, on est
exposé à trouver sur sa note des prix
arbitraires. - Il n'y a presque jamais d'allumettes
(cerini) dans les chambres, et il faudra s'en munir.
Il s'en vend dans les rues à 5 c. la
boîte.
On gardera sur soi son argent et ses valeurs ou bien on les
confiera à l'hôtelier contre reçu.
On ne fera pas attention aux recommandations ni aux avis des
hôteliers relativement aux hôtels des autres
villes, car ce n'est pas l'intérêt des voyageurs
qu'ils ont en vue : ils s'envoient réciproquement des
clients.
Enfin il y a, pour un long séjour, des maisons
meublées avec plus ou moins de luxe. Le prix est
à débattre. On fera bien de ne pas louer de
maison ni d'appartement sans avoir fixé les
conventions par écrit et dans les formes, avec l'aide
d'une personne compétente, afin d'éviter autant
que possible les difficultés et les ennuis au
départ. Une personne seule se logeant dans une maison
meublée n'a guère besoin que de bien fixer de
vive voix ce qui concerne le service, le linge, le nettoyage
des chaussures, les tapis en hiver, le poêle et la
place pour le chauffage.
Le mot «propreté» a dans le Midi un sens
tout autre que dans nos pays ; la sécheresse rend la
malpropreté moins repoussante. Néanmoins les
grands hôtels et même ceux de 2e ordre sont
convenables sous ce rapport. Mais si l'on s'écarte de
la grande route, il faut se préparer à bien des
privations. La vermine vous incommode partout au plus haut
degré, surtout en été ; mais ce ne sont
en général que des puces : les punaises ne se
trouvent que dans les vieilles maisons sales. En tout cas, on
tâchera d'avoir une couchette de fer, et on sera
toujours muni de poudre à insectes (polvere
insetticida ou contre gli insetti), dont on
saupoudrera son lit et sa chambre, même ses
vêtements, surtout les bas et les pantalons. En
été et en automne, les moustiques
(zanzare) deviennent très importuns, et souvent
ils empêchent de dormir. Leurs piqûres
occasionnent des tumeurs douloureuses, contre lesquelles on
peut recommander les frictions avec de l'acide
phénique étendu d'eau, quelques gouttes dans un
verre d'eau. La première règle est de fermer
les fenetres avant d'avoir de la lumière dans la
chambre. On se préserve des attaques de ces insectes
au moyen de rideaux de lit en mousseline (zanzariera)
ou de masques et de gants, ou encore en brûlant de la
poudre en question sur une lampe à esprit de vin: la
fumée assoupit les moustiques sans avoir autrement
d'influence sur l'homme.
Pour le linge (la biancheria), il sera utile de
connaître les noms italiens, tels que : la
camicia, la chemise (di tela, di cotone, di
lana, de toile, de coton, de ); il solino, il collo,
il colletto, le col ; il polsino, la manchette ;
i bottoni, les boutons ; le mutande, le
caleçon ; una flanella ou giuba di
flanella, un gilet de flanelle ; la sottana, le
jupon ; la calzetta, il pedalino, la chaussette ;
il fazzoletto, le mouchoir (di seta, de soie).
- Donner à blanchir se dit dare a bucato ;
blanchi, di bucato ; la blanchisseuse, la
lavandaia ou plus souvent la stiratrice
(repasseuse).
VI. Restaurants. Cafés. Débits de vin. Tabac.
RESTAURANTS. Il n'y a pas dans le Midi de l'Italie de restaurants de premier ordre. Même à Naples, ce n'est que dans les grands hôtels qu'on trouve une bonne cuisine à la française. Toutefois les trattorie ou restaurants à l'italienne y sont fort bons, et ils sont généralement passables même dans les petites villes, sinon toujours fort propres. En Sicile, on les désigne d'ordinaire sous le nom de caffè. Le second déjeuner (colazione) y a lieu à partir de 11 h. et le dîner (pranzo) de 5 h. à 8 h. On mange à la carte (alla carta) pour 1 fr. 50 à 3 fr. et quelquefois aussi à prix fixe (a presso fisso) pour 2 à 5 fr. Les Italiens refusent sans hésiter ce qui n'est pas assez frais et les plats manqués. On peut se faire montrer avant la cuisson le poisson et la viande et en débattre le prix. Le vin est le plus souvent servi dans des bouteilles non bouchées. Refuser les offres importunes par le mot basta. Pour payer, demander il conto, et bien examiner la note. On donne 10 à 25 de pourb. au garçon (cameriere), soit env. 5 c. par franc. En cas de séjour, on peut prendre un abonnement mensuel avec réduction (pensione, sconto en Sicile). Voici les noms des mets ordinaires et d'autres termes usuels :
Pane francese, pain levé. Le pain
italien est sans levain. |
Carciofi, artichauts. |
CAFES. Les cafés sont déjà
fréquentés pour le premier déjeuner par
les Italiens et les étrangers qui ne sont pas
descendus dans les grands hôtels ou dans des
«pensions». On y peut également faire un
second déjeuner composé d'oeufs, de jambon, de
saucisson, de cotelette, etc.
Les glaces (gelato) se préparent de cent
manières différentes, surtout à Naples;
les grands cafés en ont une carte spéciale. La
portion coûte de 30 à 90 c. ; mais on peut
généralement avoir une demi-glace
(mezza). La granita, glace à
moitié prise (limonata, au citron ;
aranciata, à l'orange; di caffè,
au café) se prend surtout le matin.
DEBITS DE VIN. Les osterie ou
débits de vin ne sont fréquentés que par
le peuple. Le vin n'y est pas cher hors des villes, à
4, 5 ou 6 sous le demi-litre et souvent fort bon. On n'y
trouve guère à manger que du pain, des oeufs et
du fromage, mais on peut y apporter des provisions. Le vin
ordinaire est désigné sous le nom de vino da
pasto (vin de table) ou vino del paese (vin du
pays), et il y en a naturellement du rouge (nero,
rosso) et du blanc (bianco). On le dit
asciutto s'il est vert et pastoso s'il est
doux. On peut l'avoir en litre (litro), ½ litre
(mezzo litro) et cinquième (quinto,
bicchiere). Les vins vieux sont habituellement
très lourds et chers.
TABAC. Il y a une régie pour le tabac, qui n'est pas
extraordinaire. Les cigares de la régie sont les
minghetti, à 18 c.; les scelti romani,
à 12 c.; les virginia, de longs cigares forts,
avec un brin de paille et dont on brise ou laisse carboniser
l'extrémité pour les allumer, à 8, 12 et
18 c.; les toscani, les napoletani et les
cavour, à 10 c. les longs et 7 c. ½ les
courts, etc. On trouve aussi dans les débits des
grandes villes des cigares de la Havane. à 25-60 c.,
généralement bons, mais lourds, et des
cigarettes étrangères. - Il y a dans les
débits du feu à la disposition des fumeurs,
même s'ils n'y achètent rien.
VII. Eglises. Musées. Théâtres. Magasins.
Les EGLISES sont habituellement fermées de 2
à 3 ou 4 h. On y peut, en observant les convenances et
si l'on ne dérange pas les fidèles, examiner
les objets d'art même durant l'office, à
l'exception de l'autel où se célèbre
l'office. Presque tous les tableaux d'autels sont
voilés durant les deux dernières semaines de
carême. Beaucoup d'oeuvres d'art sont de plus
voilées toute l'année et il faut, pour les
voir, s'adresser au sacristain (sagrestano), qui
compte sur un pourboire. Une
chaise se paie souvent 5 c.
Les MUSEES et autres collections sont ordinairement visibles
de 10 h. à 4 h., moyennant 1 fr. dans la semaine et
gratuitement le dimanche ou le jeudi. Les artistes et les
archéologues qui peuvent prouver qu'ils le sont y
obtiennent entrée libre. Une première carte
d'entrée suffit pour en obtenir d'autres. Il est
interdit aux gardiens des musées et des ruines de
recevoir des pourboires.
Les musées sont fermés les jours de fête
reconnus par l'Etat, qui sont, à Naples : le jour de
l'an, l'Epiphanie, le 6 janv. ; la fête du roi Humbert,
le 14 mars ; Pâques, l'Ascension, la Pentecôte,
la Féte-Dieu, la fête du Statut, le 1er dim. de
juin ; la St-Pierre-et-St-Paul, le 29 juin ; la fête
patronale de la reine, le 29 juillet ; l'Assomption, le 15
août ; la Nativité, le 8 sept. ; la St-Janvier,
le 19 sept. ; la Toussaint, le 1er nov. ; le jour de la
naissance du prince royal, le 11 nov. ; le jour de la
naissance de la reine, le 20 nov. ;
l'Immaculée-Conception, le 8 déc., et
Noël.
Les grands THEATRES
commencent leurs représentations à 8 h., 8 h.
½ ou 9 h., pour finir après minuit. On n'y
donne que des opéras et des ballets. Après le
1er acte de l'opéra, il y a ordinairement un ballet en
3 actes ou davantage. Le parterre (platea) est la
place ordinaire des hommes, à laquelle donne droit le
billet d'entrée (biglietto d'ingresso). Il faut
prendre un autre billet pour avoir une place
réservée (scanno chiuso, sedia chiusa,
poltrone, poste distinto). Les dames vont aux loges
(palco) ou au parquet. Les loges se louent d'avance. -
Le théâtre est le passe-temps ordinaire des
Italiens dans la soirée ; ils y écoutent la
musique avec assez peu d'attention.
Les MAGASINS n'ont nulle part de prix fixes eu Italie. En
règle générale, on doit rabattre un
tiers ou un quart sur le prix demandé. On
termine ordinairement avec succès le marché par
un non volete ? (vous ne voulez pas ?) bien
accentué. Se garder de faire ses achats avec un
commissionnaire ; ces gens réclament toujours du
vendeur au moins 10 % du prix, ce qui naturellement tombe
à la charge de l'acheteur.
VIII. Poste et télégraphe.
Les bureaux de poste sont ouverts, dans les grandes
villes, tous les jours sans exception, de 8 h. du matin
à 8 h. ou 9 h. ½ du soir. Dans les petites
localités, ils sont ordinairement fermés
pendant plusieurs heures au milieu de la journée. On
se fait envoyer ses lettres poste-restante (ferma in
posta), ou bien à l'hôtel, etc. L'adresse
s'écrit en italien ou en français, en
soulignant le nom de famille. Pour retirer une lettre de la
poste, on évite de longues explications en
présentant sa carte de visite. Beaucoup de
débits de tabac vendent des timbres-poste, dits
francobolli. Une boîte aux lettres s'appelle
buta ou cassetta per le lettere, et il y a
aussi des boîtes pour les imprimés, per le
stampe.
TARIFS DE LA POSTE. - Lettres : 15 grammes, pour la ville, 5
c. ; pour le reste de l'Italie, 20 c.; pour l'étranger
(per l'estero), Union postale, 25 c. - Cartes- lettres
(biglietto postale), mêmes prix. -
Cartes-postales (cartonna postale), blanches pour
l'Italie et vertes pour l'étranger, 10 c.
indistinctement ; avec réponse payée (con
riposta pagata), 15 et 20 c. - Envois sous bande
(stampe sotte fascia), 2 et 5 c. par 50 gr. -
Recommandation, 10 c. pour la ville et pour les
imprimés, sinon 25 c. La lettre doit alors porter la
mention raccommandata et les timbres doivent y
être collés aux divers coins de l'adresse. -
Envois d'argent, mandats jusqu'à concurrence de 500
fr. On ne peut se faire délivrer à la poste le
montant d'un mandat ni une lettre recommandée qu'en
produisant un passeport ou en amenant deux témoins
connus. Il y a moins de formalités quand on se fait
adresser un envoi à l'hôtel ou au nom de
l'hôtelier, après s'être entendu avec lui
à ce sujet.
Colis postaux, jusqu'à 3 kilogr. et ne
dépassant pas 20 décim. cubes ni 60 centim. de
longueur, 60 c. en Italie, prix divers pour
l'étranger. Ces colis doivent être bien
empaquetés et fermés à la cire.
Télégrammes : pour l'Italie, 15 mots, 1 fr.;
télégr. urgent, 3 fr.; puis 5 ou 15 c. par mot
; - pour l'étranger, 1 fr. de taxe initiale et 6
à 14 c. par mot pour la Suisse et l'Autriche-Hongrie,
14 pour la France et l'Allemagne, 19 pour la Belgique, 22
pour l'Espagne, 23 pour la Hollande et le Danemark, 24 pour
l'île de Malte, 34 à 38 pour la Grèce, 42
pour la Russie d'Europe, etc.
IX. Climat et état sanitaire de Naples. Hygiène.
CLIMAT. Naples n'est qu'en partie protégée
contre le vent par les hauteurs qui l'environnent. Le
Pausilippe et les hauteurs de St-Elme et Capodimonte
l'abritent jusqu'à un certain point au N.-O. et au N.,
mais les vents du N.-E. (tramontana), du S.-E.
(siroco) et du S.-O. (libeccio) y soufflent
librement, et les variations de la température y
proviennent surtout du changement dans les courants
atmosphériques, qui viennent tantôt du N. et
tantôt du S. Il peut y avoir des variations
considérables dans une même journée. Au
mois de septembre, la chaleur est presque toujours
très intense et accablante, mais dès la
première moitié d'octobre l'air se
rafraîchit, la température est agréable
(14°1 R. en moy.) et le ciel généralement
serein. Novembre, où domine le vent du S., est un mois
pluvieux, tandis que décembre a encore de beaux jours,
avec le vent du N., et peut être chaud jusqu'à
la fin. La température moyenne de l'hiver est de
8° R., mais le thermomètre peut descendre dans les
nuits froides de janvier jusqu'à 2° 5 au-dessous
de zéro. Il ne neige guère sur les montagnes
environnantes avant le mois de janvier, et les vents de l'E.
et du N.-E. ne laissent pas alors d'être assez froids
pour les phtisiques. La neige est assez rare dans la ville et
le brouillard encore plus rare. Dès la fin de janvier
et en février, les vents du S. reprennent le dessus,
et c'est le commencement d'une saison pluvieuse qui dure
souvent jusqu'en avril. Mars est très variable, avril
très agréable, le plus beau mois de la
Campanie, avec une température moyenne de 12° R.
Mai est aussi fort agréable (15° 3 R.), mais peut
devenir très chaud. Juin, juillet et août, dont
la température est eu moyenne de 18 à 20°.
au maximum de 30°, ne sont pas encore par trop chauds,
parce que les vents dominants sont alors ceux du N. et du
N.-E., et qu'il s'élève tous les jours, dans la
matinée, un vent de mer rafraîchissant, qui
souffle jusque vers 4 h. du soir.
Le Vésuve est pour Naples un baromètre
gigantesque. La direction que prend son nuage de fumée
indique souvent 24 h. d'avance les changements de vent et de
température. Si elle se dirige vers Caprée,
c'est signe de beau temps, c'est-à-dire, en hiver,
d'un temps clair et frais. Si c'est vers Ischia, cela annonce
le vent d'E., le greco-levante, et un froid sensible,
ce qui est à noter dans les maladies de poitrine. On
tiendra aussi compte des signes précurseurs du
siroco, à cause de la dépression qu'il
exerce sur le système nerveux et parce qu'il est
nécessaire, quand souffle ce vent, de prendre du repos
et de ménager le plus possible ses forces. Quand le
cratère se couvre de nuages épais, cela
présage le vent du S., souvent accompagné de
fortes pluies. C'est encore signe de l'approche du
siroco quand l'île de Caprée
apparaît bien distinctement, très
rapprochée et de couleur bleu-foncé. Des vagues
longues et uniformes venant de la Bocca piccola,
même quand elles ne sont pas fortes, sont aussi des
avant-coureurs du siroco.
ETAT SANITAIRE DE NAPLES. En général, Naples
n'est pas malsaine, et son état sanitaire s'est encore
bien amélioré dans ces derniers temps.
L'étranger y est surtout exposé à la
maladie contagieuse dite fièvre napolitaine,
qui n'est généralement pas dangereuse, à
moins qu'elle ne se complique d'autres maladies. La ville
n'avait pas, jusque dans ces derniers temps, de bonne eau de
source ou de rivière, et c'est seulement à la
suite de la violente épidémie de choléra
de 1884 qu'on s'est occupé d'y remédier. La
première chose et la plus importante qu'on ait faite a
été la construction d'un grand aqueduc
(Acqua di Serino), qui amène des Apennins dans
la ville l'eau excellente du Serins. On a ensuite
percé de grandes rues dans les quartiers
étroits et malsains et l'on a commencé tout un
réseau d'égouts.
La mauvaise réputation de Naples au point de vue
sanitaire a été du reste souvent
exagérée, et les étrangers y sont aussi
bien des fois indisposés par leur faute, surtout ceux
qui veulent tout voir le plus vite possible, qui ne
s'accordent aucun repos et qui, par conséquent,
négligent les précautions hygiéniques
dont il sera question ci-dessous. On ne saurait trop
répéter que la plupart des maladies aiguës
sont les conséquences d'un mauvais régime, de
refroidissements et de fatigues excessives. Des mesures de
prudence sont indispensables sous ces trois rapports,
même pour l'habitant du Nord robuste et bien portant.
En cas d'indisposition, même très
légère, s'abstenir de toute excursion, afin que
le repos donne au système nerveux le temps de rendre
aux organes leur activité normale, et consulter aussi
immédiatement le médecin. La fièvre de
la malaria peut se contracter dans les excursions au lac
d'Agnano ou à Baies, en allant à Pianura et en
général dans les anciens Champs
Phlégréens. Pustum n'est pas non plus sans
danger sous ce rapport, ni la campagne de Rome, que traverse
le chemin de fer. On s'en préserve en portant des
vêtements chauds, en évitant d'être dehors
au coucher du soleil et en fermant les fenêtres des
wagons. Quand on a souffert de la malaria, il importe de
changer d'air, d'aller, par ex., à Sorrente, à
Caprée ou à la Cava. Pour les poitrinaires, le
séjour de Naples n'est pas sans danger en hiver, par
suite des changements de température souvent
très brusques, et l'on fera bien de consulter le
médecin. Pouzzoles et Capri sont relativement
préférables.
HYGIENE. Comme logement,
surtout comme chambre à coucher, on choisira toujours,
même en été, des pièces
exposées au S. et pas d'encoignure, ni de
rez-de-chaussée, ni de dernier étage : les murs
sont généralement trop minces dans le haut et
les plafonds humides. S'il est impossible de se loger au S.,
choisir 1'O. en hiver et l'E. en été. Ne jamais
accepter de chambre au N., sans soleil. Il est entendu qu'il
faudra veiller à ce que portes et fenêtres
ferment bien. - Les endroits les plus sains à Naples
sont : le cours Victor-Emmanuel, le rione Principe
Amedeo et le Pizzofalcone. Le haut de S.
Lucia est aussi bon pour ceux qui ne sont pas trop
sensibles au vent ni à la poussière, et le
Chiatamone, la Riviera di Chiala, la
Mergellina ont encore nombre de maisons bien saines,
malgré les égouts qui débouchent
près de là dans la mer et qui répandent
souvent de mauvaises odeurs quand souffle le siroco. Les
conditions dans lesquelles se trouvent les maisons
elles-mêmes sont si importantes, qu'en cas de
séjour, on devra consulter un médecin qui les
connaisse.
Quant aux vêtements, la première règle
est que l'étranger doit s'habiller plus chaudement
qu'il ne le fait chez lui, dans le Nord, par la même
température. Tandis que l'habitant du Nord croit
devoir porter des vêtements plus légers sous un
climat plus chaud, le Napolitain est sous ce rapport bien
plus prudent, car il sait qu'à Naples un
refroidissement n'amène pas seulement un rhume, mais
une grave maladie. On se gardera donc de sortir sans
pardessus, et on s'en servira toujours au coucher du soleil,
en passant du soleil à l'ombre, en voiture, en barque.
Une ombrelle ou un en-cas est indispensable, même en
voiture, pour se protéger contre l'ardeur du soleil.
Eviter les longs trajets à pied ; les tarifs peu
élevés des fiacres et des tramways permettent
de le faire. Avoir soin également de se bien couvrir
la nuit dans le lit.
Pour la nourriture et la boisson, il faudra se
modérer. L'habitant du Nord voit sans doute son
appétit diminuer peu à peu dans le Midi, mais
il est néanmoins porté à se surcharger
l'estomac des friandises auxquelles il n'est pas
habitué. Il faut faire aussi pour le poisson comme le
Napolitain, le manger aussi frais que possible. Les
huîtres, à si bon marché à Naples,
peuvent y être nuisibles à la santé,
surtout à S. Lucia, où les parcs sont
près des égouts. On fera donc mieux de s'en
passer tout à fait. Les fruits bien mûrs, quand
on n'en abuse pas et qu'on les mange au principal repas, ne
sauraient faire de mal ; mais on trouve même sur les
tables des meilleurs hôtels des fruits qui ne sont pas
assez mûrs, parce que le Napolitain les aime ainsi. On
se gardera surtout de manger trop de fruit en automne, parce
que la chaleur dispose déjà sans cela aux
inflammations d'intestins. Les sorbes sont un
excellent remède contre ces indispositions ; on peut
en manger sans crainte une douzaine. Quand il fait
très chaud, on peut aussi prendre comme remède
de la granita,
si le mal ne vient pas de l'estomac, mais d'un
échauffement par suite de marches forcées,
comme il a été dit plus haut. - Les vins du
pays sont généralement très bons. On
évitera naturellement d'en faire excès, surtout
durant les grandes chaleurs et lorsqu'on fatiguera beaucoup,
mais c'est une excellente boisson quand on les prend purs. Si
l'on n'aime pas ces vins du pays, boire des vins
français. Les vins blancs sont
généralement plus légers que les rouges,
niais moins recommandables, comme moins astringents. - La
bière est une boisson dont on devra s'abstenir
à Naples.
(1) - On
devra se procurer un Indicateur à l'arrivée en
Italie. Les meilleurs sont : l'Indicatore ufficiale delle
strade ferrate, della navigarione e telegrafia del regno
d'Italia, qui paraît tous les mois (Turin, Pozzo
frères, 1 fr., grande édit. à 2 fr.), et
1'Italia, Orario del movimento treni e piroscafe
(Florence, Gius. Arnaboldi, 1 fr.).
L'heure adoptée en Italie est celle dite de l'Europe
centrale, qui avance de 51 min. sur celle de Paris.
Officiellement on a de plus repris en Italie l'habitude de
compter les heures de 1 à 24, de sorte qu'on dit, par
ex., alle tredici, à 13 h., au lieu de 1 h. de
l'apres-midi, et alle venti, à 20 h. au lieu de
8 h. du soir.