Paestum, en italien Pesto
Paestum, ville d'une haute antiquité, a été fondée, au dire de Strabon, vers l'an 600 av. J.C., par des Grecs venus de Sybaris. Son nom primitif était Poseidonia, mot grec qui signifie «ville de Neptune». Au IVe s., elle était au pouvoir des Lucaniens, qui l'opprimaient. Une fête y avait lieu alors chaque année, dans le but de conserver le souvenir de son origine. Après la défaite du roi Pyrrhus, en 273 av. J.C., Poseidonia tomba au pouvoir des Romains, qui y établirent la colonie de Paestum. Elle leur resta fidèle pendant la guerre contre Annibal. Mais elle déchut dès lors de plus en plus, et Paestum était déjà décriée sous Auguste pour le mauvais air qui y régnait. Le christianisme y fut introduit de bonne heure. |
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Lorsque les Sarrasins dévastèrent le pays au IXe s., les habitants s'enfuirent avec leur évêque sur les montagnes et fondèrent Capaccio Vecchio. La ville déserte fut dépouillée au XIe s. de ses colonnes et de ses sculptures par Robert Guiscard, et elle resta ainsi abandonnée jusqu'à nos jours, où ses antiquités ont attiré l'attention. Quiconque a du goût pour la majesté et la simplicité de l'architecture grecque, ne devrait point quitter Naples sans avoir vu les temples de Paestum, qui ne le cèdent en importance qu'à ceux d'Athènes. |
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La gare est à l'E. de la ville antique. Dans le voisinage se voient les ruines d'un aqueduc et des restes de pavé antique. On pénètre dans l'enceinte de la ville par la porte de la Sirène, ainsi nommée d'après un petit bas-relief à l'extérieur de la clef de voûte et qui a à l'intérieur un dauphin à peine reconnaissable. De là on longe le mur du jardin de la villa Salati et on arrive en 8 min. à la route qui traverse la ville antique du N. au S. Là on est tout à coup surpris par la vue des temples. A g. se trouvent le temple de Neptune et la prétendue basilique ; à dr., le temple de Cérès. Le gardien attend les étrangers à celui de Neptune. |
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Le **temple de Neptune est le plus grand et le plus beau des temples de Paestum. Sa longueur est de 58 m. et sa largeur de 26. Il a 7 puissantes colonnes doriques cannelées à chaque extrémité, et 12 de chaque côté, soit en tout 36 colonnes, hautes de 8 m. 90 et de 2 m. 27 de diamètre. L'intérieur de la cella (sanctuaire) a 7 colonnes de près de 2 m. de diamètre, surmontées d'une seconde colonnade plus petite qui portait le toit. Cette dernière est bien conservée des deux côtés ; il y a encore 5 colonnes au S. et 3 au N. La pierre est une espèce de travertin couvert d'une belle teinte jaune par le temps et incrusté d'algues et de joncs pétrifiés. Une couche de stuc en cachait autrefois les crevasses et les trous. Les colonnes, dont le diamètre diminue de la base au sommet, sont aussi belles que gracieuses, en même temps que solides et simples. Ce temple est, à en juger par le style, l'une des oeuvres les plus anciennes de l'architecture grecque, de la fin du VIe s. av. J.C. ou du commencement du Ve s. - Devant la façade E. se voit, dans le sol, une base qui supportait jadis, à ce qu'il paraît, un grand autel. |
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Au S. à côté de ce temple, vers
le Salso, s'élève le second,
appelé la *Basilique, bien que ce nom ne
lui convienne point. On le regardait auparavant comme
de date plus récente, mais on le tient
maintenant pour plus ancien. Il semble en effet, en
réfléchissant bien et le regardant
à une certaine distance, qu'il était
à peu près impossible de construire
à côté du temple imposant de
Neptune un édifice sans doute plus grand, mais
qui produit beaucoup moins d'effet, tandis que le
contraire est probable. Sa longueur est de 54 m. 35 et
sa largeur de 24 m. 50. Ses 50 colonnes ont près
de 2 m. de diamètre, mais leurs proportions, de
même que leur couleur, sont moins remarquables
que celles du temple de Neptune, tandis qu'elles sont
plus riches comme détail, dans le haut.
L'édifice a 9 colonnes de front et 16 sur les
côtés, les fûts diminuant beaucoup
vers le haut et les chapiteaux de forme
archaïsante et massive. Une rangée de
colonnes, au milieu de ce temple, le partageait en deux
dans le sens de la longueur, ce qui indique qu'il
était consacré à deux
divinités. |
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Plus au N. est le petit *temple de
Cérès, ou de Vesta, avec 6
colonnes de front et 11 sur les côtés. Il
a 32 m. 25 de long sur 14 m. 25 de large. Les colonnes,
qui s'amoindrissent fortement, ont 1m. 60 de
diamètre. Ce beau temple a été
construit à une époque
intermédiaire entre les deux autres. |
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Entre le temple de Neptune et celui de Cérès se trouvent les ruines disséminées de quelques édifices romains, tels qu'un théâtre et un amphithéâtre, celui-ci traversé par la route. - On a également découvert, en 1830, un temple romain, auprès duquel gisent, dans un buisson, deux métopes avec des hauts-reliefs. Mais ces monuments sont d'une importance très secondaire à côté des temples grecs. |
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A la porte du N., la porte Dorée (porta Aurea), se trouvait une voie des Tombeaux. Plusieurs sépultures renfermaient des armes grecques et l'une d'elles des peintures murales. |
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Promenade intéressante au bord de la mer, par la route qui vient de la gare ou en dehors de la porte Dorée. Au retour, on ira à dr. sur les *murs de la ville, qui subsistent presque en entier et forment une enceinte d'env. 5 kil. On a la meilleure vue d'ensemble des temples du côté S., de la terrasse de la tour à l'E. à côté de la porte de la Justice (porta della Giustizia). |