La maison d'Epidius Rufus ou des Diadumènes

Plan de Pompéi       Maison du pressoir Visite Maison du cithariste
Plan   Visite

Atrium de la maison d'Epidius Rufus

Cette belle habitation, découverte en 1865 et 1866, doit le premier de ces noms à un sceau qui y fut trouvé portant ces mots : ITALICI - EP. RVFI, et que l'on supposa avoir appartenu à son propriétaire ; le nom de Maison des Diadumènes, adopté par Dyer, est peut être plus certain, car le sceau peut avoir été apporté du dehors tandis que nous verrons encore à sa place l'inscription des deux Diadumènes.

Devant la façade règne une terrasse 1, 1 en forme de stylobate, élevée de 0m 85 au-dessus du trottoir de la rue ; on y monte à chaque bout par un petit escalier 2 formé de cinq marches interrompues par un repos. Deux autres degrés conduisent au prothyrum 3, qui présente la même disposition que nous avons signalée à la maison du Taureau de bronze. Lorsqu'on a franchi ce passage, on se trouve dans l'atrium corinthien A B C D, l'un des plus magnifiques de Pompéi, long de 17m 35 et large de 11m 95. Au milieu est un vaste compluvium occupant tout l'espace découvert E, entouré de seize colonnes d'ordre dorique, sans bases, cannelées dans toute leur hauteur et conservant presque toutes leurs chapiteaux. Au centre du bassin est un disque de marbre 4 de 0m 117 de diamètre percé d'un trou de jet d'eau garni de bronze ; en tête est un cippe carré 5 derrière lequel on voit le tuyau de plomb qui en faisait une fontaine et que fermait un robinet de bronze encore en place ayant la tête de sa clef percée pour être tournée avec un levier. Un tuyau également à découvert amenait l'eau au jet d'eau ; en arrière de la fontaine est un puteal 6.

La pièce 7 à droite du prothyrum a deux fenêtres en forme de meurtrières ouvrant sur la rue à une hauteur de 3m 50 et encadrées de stuc orné d'une bande rouge. Au-dessus régnait un joli entablement en stuc avec denticules, mais sur les murailles il n'y a plus trace de pein-tures.

La salle 8 placée dans l'angle B de l'atrium dut être une buanderie ; on y voit une citerne 9 et les restes d'une auge 10.

La jolie chambre 11, dont les panneaux jaunes encadrés d'architectures présentent encore deux Pégases et de petits cartels contenant des oiseaux, communiquait avec l'ala F par une porte aujourd'hui condamnée ; elle est éclairée sur l'atrium par une petite fenêtre que surmonte extérieurement une corniche de stuc bien conservée.

L'ala F, placée contre l'usage au milieu du côté B D de l'atrium, a son frontispice soutenu par deux colonnes et deux pilastres ioniques dont le tiers inférieur est peint en rouge et a ses cannelures pleines. Les chapiteaux des pilastres sont ornés en retour des têtes de Bacchus et d'Ariane. Les trois entre-colonnements étaient fermés par une grille de fer dont on voit l'indication et même quelques fragments dans les colonnes et dans les pilastres, à. 1m 15 du sol. Les peintures qui, au-dessous d'une jolie corniche de stuc, décoraient les murs de l'ala sont fort effacées ; cependant au fond on distingue, à droite, un homme et une matrone debout devant un autel, et à gauche, en pendant, trois popes conduisant le taureau qui doit être sacrifié.

Entre ces deux peintures est un grand laraire 12, sorte de petit temple, haut de 1m 27, dont le couronnement est soutenu en avant par deux colonnes rondes et au fond par deux piliers carrés. Le soubassement plein qui porte le laraire a 1m 25 de largeur, 0m 80 de profondeur et 1m 50 de hauteur, ce qui donne 2m 77 pour l'élévation totale du monument. Dans le soubassement est encastrée cette inscription gravée sur une tablette de marbre carrée ayant 0m 37 en tous sens :

GENIO M. N. ET
LARIBVS
DVO DIADVMENI
LIBERTI.

«Au génie de notre patron Marcus, et aux dieux Lares les deux Diadumènes affranchis».

Les chambres 13, 14 et 15 n'offrent aucune particularité digne de remarque. La chambre à coucher 16, grande et sans ornements, présente de chaque côté pour le lit une entaille de 3m 60 de longueur. Dans l'angle A de l'atrium où elle se trouve, on voit sur le sol le tuyau versant dans la citerne l'eau qui descendait des toits par une conduite enfermée dans la muraille. La chambre 17 communiquait par trois portes avec la précédente, l'atrium et l'ara C. Cette ala, qui fait face à celle de droite, est soutenue comme elle par deux colonnes et deux pilastres, mais la partie inférieure des fûts est ici peinte en noir. Les murs sont couverts de peintures assez grossières ; au milieu du principal panneau est une femme nue tenant un vase de fleurs ; sur les autres parois sont de mauvais paysages.

Après une petite chambre très simple 18 est un escalier 19 bien conservé conduisant au premier étage où est encore le pavé en mosaïque blanche et noire d'une salle s'étendant au-dessus des pièces 23, 24 et 25. La chambre d'esclave 20 a sous l'escalier une alcôve voûtée et un autre petit réduit, et à l'entrée un puteal de terre cuite.

Au fond de l'atrium est le tablinum, ouvrant à hauteur d'appui sur le portique du xyste ; il a 4m 85 de profondeur sur 6m 5 de largeur ; à sa droite est une pièce 21 d'égale profondeur, mais large seulement de 5m 17 ; elle ouvre par une porte sur l'atrium, par une porte plus grande sur le tablinum et par une large fenêtre sur le portique du xyste. Cette salle, que nous pensons avoir été le triclinium, est la plus ornée de toutes ; sa principale peinture représente Vénus assise, l'Amour lui offrant un miroir et Apollon debout, la tête surmontée d'une étoile. Dans les autres panneaux sont quatre muses, Melpomène, Uranie, Euterpe et Clio, Apollon citharède et enfin un jeune homme nu et un Satyre jouant de la double flûte, peut-être Olympe et Marsyas.

A la gauche du tablinum est le corridor ou fauces 22 où se trouve l'entrée d'une petite pièce voûtée 23 qui paraît avoir été une sorte d'office avec un cabinet 24. Dans la cuisine 25 est un grand fourneau ; sa porte fait face à une galerie I K soutenue par trois colonnes qui sont pas dans l'axe du tablinum, mais sont reportées vers la droite. Deux petites embouchures de citerne ne sont pas placées entre elles plus symétriquement ; l'une 26 est presque au pied de la colonne de gauche, tandis que l'autre 27 est au milieu de l'entre-colonnement de droite. Les colonnes sont réunies par un pluteus haut de 0m 55 et on ne pouvait passer au xyste L qui remplaçait le péristyle que par deux degrés 28 ménagés à l'extrémité gauche du portique. Près de ces degrés sont quatre amphores brisées remplies de chaux. A l'extrémité opposée du portique est une pièce 29, sans aucun ornement et où un petit dolium est déposé dans un coin.

Le xyste est un des plus grands de la ville ; il est large de 12m 68 et profond de 19m 78. Le sol a conservé sous les cendres ses quatre plates-bandes encore parfaitement indiquées. Au fond on voit une autre amphore brisée et deux dolia dont un muni de couvercle ; ces trois vases sont également remplis de chaux. Dans l'angle à droite, un petit escalier de trois degrés 30 suivi d'un plan incliné conduit à une grande enceinte M surélevée, peu décorée et dont le mur de fond est oblique pour se raccorder avec l'alignement de la rue de la Fontaine-du-Boeuf sur laquelle elle à une porte de derrière, un posticum 31.