La maison du navire

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Noces de Zéphyr et de Flore
in Roux, tome II, planche 75

Cette maison, ainsi nommée à cause d'une trirème ou galère qui est peinte sur le pilier d'angle, près d'une boutique où, selon toute apparence, on vendait des objets à l'usage de la marine, est aussi désignée sous les noms de maison des Bacchantes, de Zéphire et Flore, et de Cérès, empruntés aux peintures qui y ont été trouvées.

L'entrée principale est sur la rue de la Fortune, mais deux portes dérobées ouvrent en retour sur la rue de Mercure. Cette maison, découverte de 1825 à 1827, présente, après un prothyrum ou vestibule orné de jolis groupes de vases et d'oiseaux peints sur ses parois, un atrium assez bien conservé pour qu'on puisse reconnaître que la maison avait deux étages ; les murailles sont en effet au nombre des plus élevées de Pompéi. En tête du compluvium est un puteal qui était grossièrement incrusté de mosaïques représentant un fleuve, une tête de Jupiter, des griffons, des masques et autres sujets dont il ne reste plus vestige ; il est couvert d'une dalle de marbre africain qui fut trouvée brisée. Dans une chambre à droite de l'atrium on découvrit quatre cercles de fer qui avaient entouré des roues exactement semblables aux nôtres, mais dont le bois était entièrement décomposé.

La maison del Naviglio présente cette particularité qu'aucune des pièces de l'atrium n'est ouverte sur le péristyle, auquel on n'arrive que par un corridor, fauces, très long et très étroit réservé à la droite du tablinum, et dans lequel on trouve à gauche une petite porte ouvrant sur le triclinium d'hiver, grande pièce qui lui est adossée. Ce triclinium pavé en mosaïque était décoré de riches peintures ; l'une d'elles, qui est au nombre des plus charmantes de Pompéi et qui a été portée au Musée, passe pour représenter les Noces de Zéphire et de Flore ; celle qui lui faisait pendant et dont le dessin est un peu lourd est restée en place, mais sa partie supérieure de droite est détruite ; on y reconnaît cependant encore une femme présentant un enfant coiffé d'un bonnet phrygien à un personnage assis dont on ne voit plus que les jambes, mais qu'une massue et un carquois appuyés contre son siége font reconnaître pour Hercule. Aucune des explications données jusqu'à ce jour ne nous paraissant admissible, qu'il nous soit permis d'émettre une nouvelle conjecture ; peut-être l'artiste a-t-il voulu représenter l'Apothéose d'Hercule reçu au ciel par Iris et Ganymède.

Devant le triclinium règne une galerie soutenue par deux piliers carrés et quatre colonnes à chapiteaux de stuc colorié, réunies deux par deux par des murs d'appui, des pluteus, creusés pour recevoir des fleurs. Dans le milieu de celui de droite est en outre un bac rond en terre cuite ayant même destination.

Faisant face au triclinium d'hiver, est au centre du xyste un triclinium d'été semblable à celui de la maison de Salluste et qui dut être, comme lui, abrité par une treille.

Cette habitation était enrichie d'un grand nombre de peintures ; outre les deux compositions que nous avons citées, on y remarquait les figures assises de Jupiter, de Bacchus, de Cybèle, de Cérès, de Mars et de Mercure, une Apothéose figurée par un Génie emportant une jeune femme sur ses ailes deux jeunes héros qui peuvent être les Dioscures, enfin de beaux groupes de Faunes et de Bacchantes.