« Parmi les hauts faits qu'il convient de célébrer, Héraklès a droit à notre souvenir, parce que, le premier, par amour pour les Grecs, il les rassembla à cette fête. Jusque-là les cités étaient divisées entre elles. Mais, après avoir mis fin à la tyrannie et supprimé la violence, il institua une fête qui fût un concours de force, une émulation de richesse, un déploie-ment d'intelligence, dans le plus beau lieu de la Grèce. Ainsi les Grecs se réuniraient pour voir et entendre ces merveilles, et ce rapprochement, pensait-il, serait propre à faire naître entre eux une mutuelle affection. Tel est l'exemple qu'il nous a légué.»
Ce texte de Lysias à la fin du Ve siècle av.JC trouve son écho, des siècles plus tard, dans la profession de foi de Pierre de Coubertin : «Les guerres éclatent parce que les nations se comprennent mal. Nous n'aurons pas la paix tant que les préjugés qui séparent aujourd'hui les différentes races n'auront pas disparu. Pour y parvenir, quoi de mieux que de réunir périodiquement les jeunes de tous les pays pour des épreuves amicales de force musculaire et d'agilité ?»
De l'institution d'une trêve de quelques jours à la recherche utopique d'une paix universelle, les Jeux olympiques, antiques et modernes, avaient donc pour vocation de mettre en suspens la violence entre cités et/ou Etats, en lui substituant des affrontements pacifiques et vertueux obéissant à la noble loi du sport, et en faisant taire les armes à l'entour au moins le temps de la compétition. Mais l'idéal olympique est-il pour autant parvenu à ses fins ? Et quand la violence ne s'invite pas directement dans les enceintes olympiques, celles-ci sont-elles pour autant des asiles totalement protégés de la fureur du monde ? |