La mort de Priam


Le cheval de Troie   Menu Guerre de Troie   Le viol de Cassandre

Pendant la prise de Troie, Priam souhaite d'abord prendre les armes mais Hécube lui conseille de se réfugier dans le temple de Zeus. Il est alors égorgé par Néoptolème (Pyrrhus), fils d'Achille, devant l'autel près duquel il priait. Selon certaines légendes, son petit-fils Astyanax aurait été massacré en même temps que lui.

 

Oenochoé de Priam
     
Priam tué par Néoptolème   Cette belle amphore grecque a été trouvée dans la nécropole étrusque de Vulci, en Italie, avec des centaines d'autres de grande qualité, ce qui témoigne de l'intensité des échanges commerciaux entre l'Etrurie et la Grèce au VIe s. av.JC. Elle a fait partie de la collection de Lucien Bonaparte, prince de Canino, et a été acquise par le musée du Louvre en 1837.
Amphore attique à figures noires  
H: 37,10 cm - Diamètre : 24,5 cm  
520-510 av.JC  
Musée du Louvre  


Au centre figurent deux personnages. Néoptolème, de profil, à gauche, en tenue complète de soldat, lève le bras droit et s'apprête à frapper Priam avec le cadavre du petit Astyanax, le petit-fils de Priam, ce qui est une manière horrible de tuer un grand-père. Priam est en train de tomber, la tête tournée vers le sol, et tend la main vers son assassin : c'est le geste de supplication d'un vieillard invoquant la pitié de son agresseur, ce qui devrait le rendre sacré. En outre, Priam tombe sur l'autel du temple de Zeus, de sorte que Néoptolème commet une double profanation en assassinant Priam.

La technique de la céramique à figures noires met en valeur ces deux personnages : du fait de la simplicité de la composition et du contraste entre le fond en argile jaune et les personnages en noir, sans aucun autre décor, on peut se concentrer exclusivement sur le meurtre de Priam et sur l'action horrible de Néoptolème. Cette technique de peinture sur céramique ancienne et raffinée nous paraît très esthétique.


*

Amphore attique
   
  La mort de Priam
  Amphore de l'Ilioupersis à figures noires
  510 av.JC
  Staatliche Antikensammlungen, Munich


Sur cette amphore, on apercoit Néoptolème juste avant le moment fatidique où il assassine Priam, le roi de Troie. Priam est sur le dos, ce qui porte à croire qu'il vient de basculer sur l'autel auprès duquel il priait dans le temple de Zeus. Néoptolème blasphème les dieux en commettant un meurtre, et d'autant plus dans un temple sacré. On remarque la présence d'Hécube, la femme de Priam, à ses côtés en train d'essayer d'empêcher le vaillant guerrier de tuer son mari.

Cette amphore est un bon témoignage de la phase d'évolution de la céramique de la fin du VIe siècle av. JC. C'est une amphore à figures noires, la plus ancienne technique, mais en pleine évolution, puisque quelques motifs blancs décorent les vêtements des personnages et accentuent la distinction entre les hommes et les femmes : cette céramique est plus polychrome que la précédente. Cette technique nous permet aussi de percevoir un peu plus les émotions des personnages peints sur l'amphore. On voit l'agonie sur le visage de Priam et la détermination dans les yeux de Néoptolème. Ainsi, cette céramique est plus dénonciatrice et directe, par sa technique encore archaïque mais déjà sophistiquée, que celles du Ve siècle av. JC qui sont parfois simplement plus décoratives.


*

     
La mort de Priam   Ce grand cratère attique à volutes a été trouvé dans la tombe d'une femme (136A di Valle Pega), dans l'immense nécropole de la ville étrusque de Spina, qui contenait plus de 4000 tombes réparties dans la Valle Pega et la Valle Trebba. Cet ensemble archéologique exceptionnel témoigne une fois de plus de la vitalité du commerce de l'Etrurie avec la Grèce.
Cratère de l'Ilioupersis à figures rouges  
Trouvé dans la nécropole de Spina  
400-390 av.JC  
Musée archéologique de Ferrara  


On observe au premier plan, entre la statue d'Athéna à gauche et Priam, une femme assise sur les marches avec son enfant. Ce sont Andromaque et Astyanax, la femme et le fils de Hector. Astyanax a les bras tendus vers Priam, comme par familiarité ou par désespoir, on comprend qu'il est triste. Au second plan, Néoptolème tenant son bouclier dans la main gauche, est sur le point de tuer Priam qui est assis sur son trône. Néoptolème a le visage  sans expression, comme si son acte était mécanique. Priam, lui, a peur, ses yeux sont rivés sur la lame de l'épée qu'il redoute. Il se débat en vain et essaie de se protéger de l'épée en levant la sa main nue. Derrière Néoptolème, une femme part en courant, elle porte un diadème et de riches vêtements : c'est probablement la reine Hécube, la femme de Priam, qui fuit la scène trop horrible à supporter.

Cet événement est relaté dans l'Enéide de Virgile au chapitre II, v.509 à 516 :

Il pousse vers l'autel la vieillesse tremblante :
De l'autre, saisissant l'épée étincelante,
Lève le fer mortel, l'enfonce, et de son flanc
Arrache avec la vie un vain reste de sang.
Ainsi finit Priam, ainsi la destinée
Marqua par cent malheurs sa mort infortunée.
Il périt en voyant de ses derniers regards
Bruler son Ilion et crouler ses remparts.


Nous avons choisi cette œuvre, car elle dépeint de manière pathétique les émotions des proches de Priam au moment de son assassinat. Malgré le fait que leur présence ne soit pas centrale dans la composition, on se rend compte grâce à cette amphore du désespoir d'Hécube et de sa famille. La mort de Priam est décrite de manière dramatique, ce qui dénonce la cruauté de la vengeance de Néoptolème.

La technique de la céramique à figures rouges ornées de blanc et sur fond noir permet au céramiste d'enjoliver et de détailler les personnages. Les drapés sont recouverts de motifs, et l'on distingue nettement les personnages. Cette technique donne un côté plus artistique à cette amphore, qui dépeint pourtant un assassinat.

*

   
La mort de Priam  
Alexandre Louis Leloir  
Peinture à l'huile sur toile  
H: 145 x l: 115 cm  
1861  
Musée de Guéret  

 

Peinture de Leloir


Ce tableau virtuose a valu au peintre Alexandre Louis Leloir l'obtention du second Prix de Rome en 1864.

Au centre de la composition, on voit Priam à terre, le visage effrayé, surplombé par Néoptolème qui brandit une épée afin de lui trancher la gorge. Le fils d'Achille est en position de force : il tient par les cheveux le vieux Priam, impuissant malgré son armure, et il s'apprête à lui porter le coup fatal.

A côté de Priam, on voit un cadavre entièrement nu, probablement celui d'Astyanax. Priam est couché sur un drap rouge, couleur du sang qui va bientot couler dans cette scène de meurtre. Les personnages sont mis en valeur par la lumière : le tableau est sombre, à l'exception des trois personnages principaux qui sont situés dans la clarté.

Au second plan, à gauche, on distingue à peine une femme, debout, les bras au-dessus de la tête, exprimant la frayeur et le désespoir, mais aussi l'impuissance : elle ne peut rien faire pour empêcher l'homicide qui se produit sous ses yeux. C'est peut-être Hécube, la femme de Priam, mais elle est située dans l'ombre du tableau, à côté de l'autel dans le temple de Zeus : sa présence est moins importante que la scène du crime.

Enfin au dernier plan à droite, on devine une autre femme à genoux devant l'autel, en pleine supplication, et derrière elle un soldat qui lève son épée vers elle. Il s'agit peut-être de Cassandre qui va se faire violer par Ajax.

Ce tableau est à la fois très violent, dramatique et pathétique, car il résume les désastres de la guerre pour les innocents : au premier plan, l'assassinat d'un vieil homme impuissant et désespéré, et celui d'un jeune homme qui n'a pas eu le temps de vivre ; et au fond, dans une lumière bleue sombre, le sort tragique des femmes vouées au désespoir, au viol et à l'esclavage.


Alix G., Blandine P. et Claire O., 1S6


Le cheval de Troie   Menu Guerre de Troie   Le viol de Cassandre