Le Chien des Baskerville, une aventure de Sherlock Holmes


   

Non, mon cher Adso. C'est... élémentaire. »


Le film visionné en classe intitulé Le Nom de la Rose fait un clin d’œil à Arthur Conan Doyle et à son personnage phare de Sherlock Holmes en donnant au personnage principal, Guillaume, le nom de famille tant respecté dans Le Chien des Baskerville, un roman policier publié pour la première fois en 1901-1902, dans le Strand Magazine.

 

1/ Le roman Le Chien des Baskerville

Résumé


Le roman s'ouvre sur un mystère de peu d'importance : Sherlock Holmes et le Dr Watson cherchent l'identité du propriétaire d'une canne oubliée dans leur bureau… Holmes en déduit que le docteur James Mortimer va probablement arriver.

En effet, Mortimer les rejoint et leur raconte, avec l'aide d'un manuscrit du XVIIIe siècle, l'histoire presque mythique du lubrique Sir Hugo Baskerville. On raconte qu'il a capturé et retenu prisonnière une jeune paysanne dans sa propriété du Devonshire. Mais en la poursuivant durant la nuit au milieu de la lande, il aurait été la victime d'un chien gigantesque et diabolique.

Or le propriétaire des lieux, sir Charles Baskerville, vient de décéder récemment d'une crise cardiaque dans des conditions qui laissent à penser que ce fameux chien y est pour quelque chose. Son héritier, sir Henry, va arriver sur les lieux. Mais que faire si une malédiction s'acharne sur les châtelains ?

Holmes et le docteur Watson mènent l'enquête, mais ils vont devoir se séparer pendant une partie de l'histoire. Il faudra attendre la fin pour que Holmes dévoile à Watson le fil de sa déduction et de ses réflexions.

 

Les méthodes d'investigation de Sherlock Holmes


Au début du roman, lorsque le professeur Mortimer présente la situation des Baskerville à Sherlock Holmes, il évoque les méthodes d'investigation du Français Bertillon, qui est un policier dont Arthur Conan Doyle s'est beaucoup inspiré pour créer les méthodes d'enquête de son personnage : « Je vous considère comme le second parmi les plus habiles expert de l'Europe […] L’œuvre de Mr Bertillon doit fort impressionner l'esprit de tout homme amoureux de précision scientifique. [...] » dit Mortimer à Holmes dès le premier chapitre du roman.

La technique de Sherlock Holmes est cependant essentiellement fondée sur l'observation minutieuse des détails. Au début du roman, c'est le docteur Watson qui la pratique avec un certain succès à partir d'une canne laissée par le visiteur :


– Je pense, répondis-je, suivant de mon mieux la méthode de mon compagnon, que le docteur Mortimer doit être quelque vieux médecin, très occupé et très estimé, puisque ceux qui le connaissent lui ont donné ce témoignage de sympathie.

– Bien, approuva Holmes... très bien !

– Je pense également qu’il y a de grandes probabilités pour que le docteur Mortimer soit un médecin de campagne qui visite la plupart du temps ses malades à pied.

– Pourquoi ?

– Parce que cette canne, fort jolie quand elle était neuve, m’apparaît tellement usée que je ne la vois pas entre les mains d’un médecin de ville. L’usure du bout en fer témoigne de longs services.

– Parfaitement exact ! approuva Holmes.

– Et puis, il y a encore ces mots : « Ses amis du C.C.H. » Je devine qu’il s’agit d’une société de chasse... Le docteur aura soigné quelques-uns de ses membres qui, en reconnaissance, lui auront offert ce petit cadeau.

– En vérité, Watson, vous vous surpassez, fit Holmes, en reculant sa chaise pour allumer une cigarette. Je dois avouer que, dans tous les rapports que vous avez bien voulu rédiger sur mes humbles travaux, vous ne vous êtes pas assez rendu justice. Vous n’êtes peut-être pas lumineux par vous-même ; mais je vous tiens pour un excellent conducteur de lumière. Il existe des gens qui, sans avoir du génie, possèdent le talent de le stimuler chez autrui. Je confesse, mon cher ami, que je suis votre obligé. »

Auparavant, Holmes ne m’avait jamais parlé ainsi. Ces paroles me firent le plus grand plaisir, car, jusqu’alors, son indifférence aussi bien pour mon admiration que pour mes efforts tentés en vue de vulgariser ses méthodes, m’avait vexé. De plus, j’étais fier de m’être assimilé son système au point de mériter son approbation quand il m’arrivait de l’appliquer.

Holmes me prit la canne des mains et l’examina à son tour pendant quelques minutes.

Puis, soudainement intéressé, il posa sa cigarette, se rapprocha de la fenêtre et la regarda de nouveau avec une loupe.

« Intéressant, quoique élémentaire, fit-il, en retournant s’asseoir sur le canapé, dans son coin de prédilection. J’aperçois sur cette canne une ou deux indications qui nous conduisent à des inductions.

– Quelque chose m’aurait-il échappé ? dis-je d’un air important. Je ne crois pas avoir négligé de détail essentiel.

– Je crains, mon cher Watson, que la plupart de vos conclusions ne soient erronées. Quand je prétendais que vous me stimuliez, cela signifiait qu’en relevant vos erreurs j’étais accidentellement amené à découvrir la vérité..

 

2/ Comparaison entre le roman et le film


Les méthodes d'investigation de Guillaume de Baskerville


Comme Sherlock Holmes, Guillaume observe beaucoup et en déduit des hypothèses que son enquête progressivement va pouvoir étayer. Ainsi, en observant la profondeur des empreintes laissées dans la neige et le dessin d'une semelle, il en déduit que le cadavre de Venantius a été traîné à reculons jusqu'à la jarre de sang. Plus tard, la semelle retrouvée près du corps de frère Béranger confirmera son hypothèse et l'identité du coupable.


 

Une atmosphère fantastique


Contrairement à la plupart des romans de Conan Doyle, Le chien des Baskerville laisse place à une atmosphère fantastique, avec cette légende concernant un vieil aristocrate anglais tué par une bête considérée par tous comme surnaturelle : « L'animal ne rentre dans aucune espèce cataloguée. On convient qu'il avait un aspect épouvantable, fantastique, spectral.[…] Elle incarnait bien exactement un chien vomi par l'enfer, d’après la légende. »


La lune éclairait faiblement l’étroite vallée formée par le fond de la gorge. Au milieu, la pauvre jeune fille gisait inanimée, à l’endroit où elle était tombée, morte de fatigue ou de peur. Ce ne fut ni son cadavre, ni celui de Hugo, étendu sans mouvement à quelques pas de là, qui effraya le plus les trois sacripants. Ce fut une horrible bête, noire, de grande taille, ressemblant à un chien, mais à un chien ayant des proportions jusqu’alors inconnues. La bête tenait ses crocs enfoncés dans la gorge de Hugo. Au moment où les trois hommes s’approchaient, elle arracha un lambeau de chair du cou de Baskerville et tourna vers eux ses prunelles de feu et sa gueule rouge de sang... Le trio, secoué par la peur, s’enfuit en criant. On prétend que l’un des trois hommes mourut dans la nuit ; les deux autres restèrent frappés de folie jusqu’à la mort.

Je sautai sur mes pieds. Ma main inerte se noua sur la crosse de mon revolver ; je sentis mon cerveau se paralyser devant l’effrayante apparition qui venait de surgir des profondeurs du brouillard. C’était un chien ! un énorme chien noir, tel que les yeux des mortels n’en avaient jamais contemplé auparavant. Sa gueule soufflait du feu ; ses prunelles luisaient comme des charbons ardents ; autour de ses babines et de ses crocs vacillaient des flammes. Jamais les rêves les plus insensés d’un esprit en délire n’enfantèrent rien de plus sauvage, de plus terrifiant, de plus diabolique, que cette forme noire et cette face féroce qui s’étaient frayé un passage à travers le mur de brouillard. Avec des bonds énormes, ce fantastique animal flairait la piste de notre ami, le serrant de près. Cette apparition nous hypnotisait à tel point, qu’elle nous avait déjà dépassés, lorsque nous revînmes à nous. Holmes et moi fîmes feu simultanément. La bête hurla hideusement, ce qui nous prouva qu’au moins l’un de nous l’avait touchée. Cependant elle bondit en avant et continua sa course.


Or l'objectif de Sherlock Holmes est de prouver que ce chien n'a rien de surnaturel, car il ne croit absolument pas à ce genre de choses. Il est totalement rationnel, et cherche à prouver qu'il s'agit d'un chien bien réel.


L’animal qui gisait à nos pieds avait des proportions qui le rendaient effrayant. Ce n’était ni un limier ni un dogue. Élancé, sauvage, aussi gros qu’une petite lionne, il était mâtiné de ces deux races. Même en ce moment, dans le repos de la mort, une flamme bleuâtre semblait suinter de son énorme gueule et un cercle de feu cernait ses yeux, petits, féroces. Je posai la main sur ce museau lumineux et, quand je retirai mes doigts, ils brillèrent dans les ténèbres.
– C’est du phosphore ! dis-je.
– Oui... une très curieuse préparation, répliqua Holmes, en flairant l’animal. Elle ne répand aucune odeur capable de nuire à l’odorat de la bête. Nous vous devons des excuses, sir Henry, pour vous avoir exposé à une semblable frayeur. Je croyais avoir affaire à un chien et non pas à une créature de cette sorte.


De même, dans Le Nom de la Rose, plusieurs personnages du film pensent que les meurtres sont l’œuvre de Satan, ou qu'ils s'inscrivent dans la logique de la prophétie de l'Apocalypse. Or bien qu'il soit totalement croyant en Dieu et en la Bible, Guillaume pense qu'il y a une explication rationnelle : une intervention surnaturelle est absolument contraire à sa logique, et il n'y croit pas une seconde.


 

D'autres similitudes entre Guillaume de Baskerville et Sherlock Holmes ?


Une autre similitude frappante entre Guillaume de Baskerville et Sherlock Holmes est leur incompréhension de l'amour. Tous deux célibataires, Sherlock à cause d'une relative misogynie et Guillaume parce qu'il appartient à l'Eglise, ils ont l'un comme l'autre une foi aveugle en la Raison, ce qui explique qu'ils sont parfois perçus par leurs entourage comme des sages plutôt respectés mais pas très sociaux.

La comparaison peut être poussée encore plus loin en comparant Watson à Adso. Celui-ci succombe en effet aux charmes féminins et comprend des choses qui, à la fin du film, échappent à un esprit précis comme celui de Guillaume. Et Watson se présente systématiquement comme un gentleman anglais sensible à la Beauté féminine. Dans plusieurs ouvrages de Conan Doyle, il décrit précisément les femmes qu'il rencontre.


Conclusion


On peut observer un grand nombre de ressemblances entre Le Chien des Baskerville et Le Nom de la Rose. Outre le nom de Baskerville, qui est un indice, les deux intrigues mêlent genre policier et fantastique, le film dans une abbaye italienne et le roman dans un vieux village anglais.


Avis personnel


Le suspense et la superbe intrigue du roman ont su me transporter dans la lande et m'ont fait découvrir le personnage de Sherlock Holmes. Pour un garçon qui aime les sciences comme moi, ce type de roman est véritablement passionnant, et il m'a donné envie d'en lire d'autres sur ce sujet.



Enzo C., 217.