[La retraite et la mort de Lucullus]

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LV. Après avoir répudié sa femme Clodia pour sa méchanceté et sa vie scandaleuse, il épousa Servilia, soeur de Caton. Ce mariage ne fut pas plus heureux : de tous les vices de Clodia, il ne manquait à Servilia que d'avoir été corrompue par son frère ; c'était d'ailleurs la même débauche, la même dissolution. Son mari la supporta quelque temps, par respect pour Caton ; mais enfin il la répudia. Lucullus avait fait concevoir de lui au sénat les plus grandes espérances ; la gloire et la puissance qu'il s'était acquises semblaient devoir être le contrepoids de la tyrannie de Pompée, et le rempart de l'aristocratie ; mais il démentit ces belles espérances, et abandonna entièrement l'administration des affaires, soit qu'il jugeât les maux de la république irrémédiables, soit, comme d'autres le disent, qu'étant rassasié de gloire, il voulût se reposer enfin de tant de travaux et de tant de combats qui n'avaient pas eu une fin heureuse, et se livrer désormais à une vie douce et tranquille. Bien des gens louent ce changement, et l'approuvent de n'avoir pas fait comme Marius, qui, après sa victoire sur les Cimbres, après tant et de si glorieux exploits, ne sut pas jouir d'une gloire si digne d'envie ; qui, entraîné par un désir insatiable de gloire et de domination, alla disputer le commandement à de jeunes capitaines, et trouva l'écueil de sa gloire dans des actions horribles, qui lui attirèrent des maux plus affreux encore. «Cicéron, ajoutent ces mêmes personnes, aurait vieilli plus heureusement, si, après avoir éteint la conjuration de Catilina, il eût vécu dans la retraite. Scipion eût été plus heureux, si, après avoir ajouté Numance à Carthage, il eût su vivre en repos. La vie politique, disent-ils encore, a aussi son terme ; et lorsqu'on n'a plus la force et la vigueur de l'âge, ses combats, comme ceux des athlètes, ont une issue malheureuse». Au contraire, Crassus et Pompée raillaient Lucullus sur cette vie de délices et de voluptés à laquelle il s'abandonnait ; ils pensaient que cet état de mollesse était encore moins convenable à des vieillards que les soins de l'administration et les travaux de la guerre.

LVI. En effet, la vie de Lucullus ressemble à une de ces pièces de l'ancienne comédie, où on voit dans les premiers actes de grandes actions, tant politiques que militaires ; et dans les derniers, des festins, des débauches, je dirais presque des mascarades, des courses aux flambeaux, des jeux de toute espèce (59) : car je mets au nombre de ces bagatelles les édifices somptueux, les vastes promenades, les salles de bain, encore plus ces tableaux, ces statues, ces chefs-d'oeuvre de l'art, que Lucullus, par une excessive profusion des richesses qu'il avait amassées dans ses campagnes rassembla de toutes parts à si grands frais. Aussi, aujourd'hui même que le luxe a fait de si grands progrès, les jardins de Lucullus sont comptés parmi les plus magnifiques jardins des rois ; et Tubéron, le philosophe stoïcien, voyant les ouvrages prodigieux qu'il faisait construire sur le rivage de la mer auprès de Naples, ces montagnes percées et suspendues par de grandes voûtes, ces canaux creusés autour de ses maisons, pour y faire entrer les eaux de la mer, et ouvrir aux plus gros poissons de vastes réservoirs, ces palais bâtis au sein de la mer même ; Tubéron, dis-je, appelait Lucullus un Xerxès en toge (60). Il avait aussi à Tusculum des maisons de plaisance, dont les vues étaient superbes ; des salons ouverts à tous les aspects, et de belles promenades. Pompée étant allé l'y voir un jour, trouva qu'il avait très bien disposé sa maison pour l'été, mais qu'elle était inhabitable l'hiver : «Croyez-vous donc, lui dit Lucullus en riant, que j'aie moins de sens que les cigognes et les grues, et que je ne sache pas changer de demeure selon les saisons ?» Un préteur qui avait l'ambition de donner au peuple des jeux très magnifiques pria Lucullus de lui prêter des manteaux de pourpre pour un choeur de tragédie ; Lucullus lui dit qu'il ferait chercher, et que s'il en avait il les lui prêterait avec plaisir. Le lendemain il lui demanda combien il lui en fallait ; le préteur lui dit qu'il en aurait assez de cent. «Vous pouvez, reprit Lucullus, en faire prendre le double si vous voulez». C'est à cette occasion que le poète Horace s'écrie : «Tant il est vrai qu'une maison est pauvre quand elle n'a pas un grand superflu, et que ce qui en est inconnu au maître n'est pas plus considérable que ce qu'il en connaît» (61) !

LVII. Sa dépense journalière pour la table était d'un homme nouvellement enrichi (62). Non content d'être couché sur des lits couverts d'étoffes de pourpre, d'être servi en vaisselle d'or enrichie de pierreries, d'avoir pendant ses repas des choeurs de danse et de musique, il faisait servir sur sa table les mets les plus rares et les plus exquis, les pâtisseries les plus recherchées ; et cela pour se faire admirer des hommes simples et sans jugement. Aussi sut-on beaucoup de gré à Pompée de ce qu'il fit dans une maladie, où son médecin lui avait ordonné de manger une grive : ses domestiques étant venus lui dire qu'il était impossible de trouver des grives en été ailleurs que chez Lucullus, qui en faisait engraisser toute l'année, il ne voulut pas qu'on en prît chez lui : «Eh quoi ! dit-il à son médecin, si Lucullus n'était pas un homme voluptueux, Pompée ne pourrait pas vivre ?» et il demanda une nourriture plus facile à trouver. Caton, son ami et son allié, condamnait si hautement sa vie de luxe et de mollesse, qu'un jeune homme ayant commencé un jour, en plein sénat, un discours aussi long qu'ennuyeux sur la tempérance et la frugalité, Caton, se levant d'impatience : «Ne cesseras-tu pas, lui dit-il, ces beaux discours, toi qui, étant riche comme Crassus et vivant comme Lucullus, nous parles comme Caton ?» Au reste, quelques historiens disent qu'à la vérité ce propos fut tenu, mais par un autre que Caton. Pour Lucullus, on ne peut douter, d'après les paroles qu'on a recueillies de lui, que non seulement il aimât fort ce genre de vie, mais encore qu'il ne s'en fit honneur. On dit qu'il invita plusieurs jours de suite, à sa table, des Grecs qui étaient venus à Rome, et qui, avec leur bonhomie grecque, croyant que c'était pour eux qu'il faisait une si grande dépense, eurent honte de lui être à charge, et refusèrent enfin ses invitations. Lucullus, qui sut le motif de leur refus, leur dit en riant : «Il est vrai, mes amis, que dans cette dépense il y a un peu pour vous ; mais la plus grande partie est pour Lucullus». Un jour qu'il soupait seul, et qu'on n'avait mis qu'une table, on lui servit un souper médiocre ; il fut très mécontent, et ayant fait appeler son maître-d'hôtel, il lui en fit des reproches ; cet officier lui dit que, n'ayant invité personne, il n'avait pas cru devoir faire un plus grand souper : «Tu ne savais donc pas, lui répondit-il, que Lucullus soupait ce soir chez Lucullus ?»

LVIII. Comme il n'était question dans la ville que de sa magnificence, Cicéron et Pompée l'abordèrent un jour qu'il se promenait tranquillement dans la place publique. Cicéron était son intime ami. Lucullus avait bien eu avec Pompée quelques différends, par rapport au commandement de l'armée ; mais ils vivaient honnêtement ensemble, et se voyaient assez souvent. Cicéron, après l'avoir salué, lui demanda s'il voulait leur donner à souper. «Très volontiers, lui répondit Lucullus, vous n'avez qu'à prendre jour. - Ce sera dès ce soir, reprit Cicéron ; mais nous voulons votre souper ordinaire». Lucullus s'en défendit longtemps, et les pria de remettre au lendemain ; ils le refusèrent, et ne voulurent pas même lui permettre de parler à aucun de ses domestiques, de peur qu'il ne fît ajouter à ce qu'on avait préparé pour lui. Alors il leur demanda seulement de lui laisser dire devant eux, à un de ses gens, qu'il souperait dans l'Apollon ; ce qu'ils lui accordèrent. C'était le nom d'une des salles les plus magnifiques de sa maison ; et par ce moyen il les trompa sans qu'ils pussent s'en méfier. Il avait pour chaque salle une dépense réglée, des meubles et un service particuliers ; et il suffisait à ses esclaves qu'on nommât la salle dans laquelle il voulait souper, pour savoir quelle dépense il fallait faire, quel ameublement et quel service ils devaient employer. Le souper dans la salle d'Apollon était de cinquante mille drachmes. On dépensa ce soir-là cette somme ; et il étonna Pompée, autant par la magnificence du souper, que par la promptitude avec laquelle il avait été préparé. C'était abuser de ses richesses, et les traiter comme des captives et des Barbares (63).

LIX. Une dépense plus louable et plus digne de lui était celle qu'il faisait pour se procurer des livres. Il en rassembla un très grand nombre de bien écrits, et il en fit un usage plus honorable encore que leur acquisition, en ouvrant sa bibliothèque au public. Tous les Grecs qui étaient à Rome avaient un libre accès dans les galeries, dans les portiques et dans les cabinets qui entouraient sa bibliothèque, ils s'y rendaient comme dans un sanctuaire des Muses ; ils y passaient les jours entiers à discourir ensemble, et quittaient avec plaisir toutes leurs affaires pour s'y réunir. Lucullus se promenait souvent dans ses galeries avec ces hommes de lettres, il se mêlait à leurs entretiens, et quand ils l'en priaient, il les aidait de son crédit dans les affaires dont ils étaient chargés. En un mot, sa maison était l'asile, le Prytanée de la Grèce, pour tous les étrangers de ce pays qui venaient à Rome. Il avait en général du goût pour toute doctrine philosophique ; il accueillait, il estimait les différentes sectes ; mais il eut toujours une préférence marquée, un amour particulier pour l'Académie, non pour celle qu'on nomme, la nouvelle, quoique alors Philon lui eût donné un grand éclat en expliquant les écrits de Carnéade, mais pour l'ancienne Académie dont Antiochus l'Ascalonite (64), homme éloquent et instruit, était le chef. Lucullus avait recherché son amitié avec le plus vif empressement ; il le logeait chez lui, et l'opposait aux disciples de Philon, au nombre desquels était Cicéron, qui même avait composé un très beau dialogue dans lequel il fait soutenir, par un des interlocuteurs, cette opinion de la vieille Académie : qu'il y a des choses que l'on peut comprendre ; et il soutient lui-même l'opinion contraire. Ce dialogue est intitulé Lucullus (65) ; j'ai déjà dit qu'il vivait avec lui dans la plus grande intimité; et dans le gouvernement ils suivaient le même parti. Car Lucullus n'avait pas entièrement abandonné les affaires ; il avait seulement laissé de bonne heure à Crassus et à Caton cette rivalité, cette ambition de parvenir au premier rang de puissance et d'autorité, parce qu'elle expose à de grands dangers et à de grands affronts.

LX. Quand ceux à qui la puissance de Pompée était suspecte virent Lucullus renoncer au premier rang, ils cherchèrent à y porter Crassus et Caton, pour en faire les défenseurs du sénat. Lucullus n'alla plus aux assemblées du peuple que pour obliger ses amis, et à celles du sénat que pour rompre quelque intrigue de Pompée, et s'opposer à son ambition. Il fit annuler toutes les ordonnances que ce général avait rendues après avoir vaincu les deux rois ; et soutenu de Caton, il empêcha une distribution d'argent que Pompée demandait pour ses soldats. Pompée alors se fit un appui de l'amitié ou plutôt de la ligue qu'il forma avec Crassus et César ; et remplissant la ville d'armes et de soldats, il chassa de la place publique Caton et Lucullus, et fit confirmer par la force toutes ses ordonnances. Les partisans de Pompée, témoins de l'indignation que cette violence excitait parmi tous les honnêtes gens, produisirent un certain Brettius (66), qu'ils avaient surpris, disaient-ils, épiant l'occasion de tuer Pompée. Cet homme, interrogé en plein sénat, accusa quelques personnes de l'avoir engagé à cet assassinat ; et devant le peuple, il en chargea nommément Lucullus. Personne ne crut à sa déposition, et l'on rie douta pas un instant que cet homme n'eût été aposté par les amis de Pom-pée pour être l'instrument de cette odieuse calomnie. On en fut bien plus convaincu quelques jours après, lorsqu'on vit jeter hors de la prison le corps de ce Brettius, qu'on disait s'être donné lui-même la mort. Mais l'impression du cordeau dont il avait été étranglé, et les marques des coups qu'il avait reçus, déposaient hautement qu'il avait été la victime de ceux mêmes qui l'avaient suborné.

LXI. Cette horrible intrigue éloigna plus que jamais Lucullus du gouvernement ; et quand il vit Cicéron banni, Caton comme relégué en Cypre, il s'en retira pour toujours. Quelque temps avant sa mort, son esprit s'était affaibli peu à peu, et il finit par le perdre entièrement. Cornélius Népos prétend que cet affaiblissement d'esprit ne fut la suite ni de l'âge ni de la maladie, mais l'effet d'un breuvage que lui donna Callisthène, un de ses affranchis, qui ne le fit même que parce qu'il crut que ce breuvage aurait la vertu de le rendre plus cher à son maître (67). Un effet certain qu'il produisit, ce fut de lui aliéner tellement la raison, que, dans les derniers temps de sa vie, son frère fut obligé de prendre l'administration de ses biens. Malgré cet état de démence dans lequel il mourut, le peuple fut aussi affligé de sa perte que s'il était mort dans le plus grand éclat de ses exploits militaires et dans toute la gloire de son administration politique. On accourut en foule à ses obsèques, et l'on voulait absolument que son corps, qui avait été porté à la place publique par les premiers jeunes gens de la ville, fût enterré dans le champ de Mars, où l'on avait déjà enterre Sylla. Mais comme on ne s'y était pas attendu, et qu'il n'eût pas été facile de faire sur-le-champ tous les préparatifs nécessaires, son frère, à force d'instances, obtint enfin du peuple qu'il laissât faire ses funérailles dans sa maison de Tusculum, où son tombeau était tout prêt. Il ne lui survécut pas longtemps ; et comme il l'avait suivi de près dans la carrière de la vie et dans celle des honneurs, qu'il l'avait aimé avec une extrême tendresse, il le suivit aussi de près dans le tombeau.


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(59)  Plutarque parle ici des pièces satiriques qui étaient un mélange de tragique et de comique, où l'on voyait d'un côté une aventure remarquable de quelque héros célèbre ; et de l'autre, les railleries souvent grossières de Silène et des satyres, comme dans le Cyclope d'Euripide, la seule pièce de ce genre qui nous soit restée.

(60)  Quintus Elius Tubéro, petit-fils de Paul Emile, fut un grand philosophe, un bon jurisconsulte, un historien exact. Cicéron parle avantageusement de ses vertus et de ses moeurs dans son Brutus, chap. XXXI ; mais il dit qu'il avait peu de talent pour écrire, et que la dureté de son style répondait à l'austérité de sa vie. Il devait donc être plus blessé qu'un autre de la somptuosité et de la vie délicieuse de Lucullus. Le nom de Xerxès en toge, qu'il donne à ce général, fait surtout allusion aux montagnes que Lucullus avait fait percer, et qu'on traversait sous de grandes voûtes, comme Xerxès avait entrepris de percer le mont Athos, pour y recevoir les eaux de la mer et y faire passer ses vaisseaux. La toge était la robe des Romains.

(61)  Horace, dans l'épître sixième du liv. VII, vers 43 et suiv. raconte qu'un jour Lucullus ayant été prié de prêter cent manteaux de pourpre pour la représentation d'une tragédie : «Le moyen, répondit-il, d'en avoir un si grand nombre ? Cependant je ferai chercher, et je vous enverrai tous ceux qui se trouveront chez moi». Le lendemain, il écrivit qu'il en avait cinq mille, et qu'on pouvait les faire prendre tous, ou en partie. L'exagération du nombre des manteaux rend le conte plus piquant, et donne plus de force à la réflexion que le poète fait à ce sujet, et que Plutarque rapporte un peu autrement qu'elle n'est dans Horace, qui dit : Exilis domus est ubi non et multa supersunt, Et dominum fallunt, et prosunt furibus. «Une maison est pauvre lorsqu'il n'y a pas une multitude de choses superflues, que le maître ne connaît pas, et qui sont le profit des voleurs». On voit bien que dans cette réflexion Horace n'exprime pas ses propres sentiments, mais ceux de ces hommes opulents qui font consister leur bonheur dans des richesses dont ils font si peu d'usage, qu'elles ne leur sont pas même connues.

(62)  L'expression dont Plutarque se sert a beaucoup d'énergie, et renferme un grand sens. Il dit à la lettre, ses repas étaient nouvellement riches ; c'est-à-dire qu'il y étalait cette vanité, cette arrogance, qui est le partage des nouveaux riches, espèce d'hommes la plus insolente et la plus méprisable, dont tous les âges n'offrent que trop d'exemples.

(63)  Plutarque veut dire, par cette expression hardie, que Lucullus étalait ses richesses comme dans un triomphe on étale les dépouilles des ennemis vaincus ; elle renferme ce reproche secret contre Lucullus, que le seul fruit qu'il retirât de ses victoires sur Mithridate et sur Tigrane, c'était de mener, au sein des délices et des superfluités, une vie aussi honteuse qu'inutile.

(64)  Antiochus, dont il a été déjà question dans la note 51, était attaché à l'ancienne Académie ; mais Cicéron lui reproche de l'inconstance dans ses principes, et dit qu'à très peu de chose près, c'était un pur stoïcien. Voyez le second livre des Académiques, chap. XIX et XLIII. Il a été question de Carnéade dans la vie de Caton le Censeur, chap. XXXIV.

(65)  Cicéron, après avoir fait dans son Hortensius, ouvrage que nous avons perdu, le plus bel éloge de la philosophie, entreprit de faire connaître quelle était, entre les différentes écoles qui partageaient alors la Grèce, des platoniciens, des sectateurs du Lycée et du Portique, des disciples de l'Académie et d'Epicure, celle dont il préférait la doctrine ; c'était la nouvelle Académie. Il composa d'abord sur cette matière un Traité en deux livres, dont il intitula le premier Catulus, et le second Lucullus ; dans la suite il conçut un autre plan, et traita ce même sujet en quatre livres, qu'il nomma Académiques, et qu'il dédia au savant Varron. De son premier ouvrage, il ne nous reste que le second livre, qui porte le nom de Lucullus, et il ne nous est parvenu du second que les douze premiers chapitres. L'opinion de l'ancienne Académie, qu'il y a des choses que l'homme peut savoir, est de toute vérité, et rien n'est plus contraire à la raison, à la conscience, à l'expérience générale, que la doctrine de la nouvelle Académie, qui réduisait l'homme à une entière ignorance, et soutenait qu'il ne peut que douter ; mais la certitude de ce doute est elle-même une vérité, et dément leur principe.

(66)  Cicéron, qui parle plusieurs fois de ce fait dans ses Discours pour Sextius, chap. LXIII, contre Vatinius, chap. X, et dans ses Lettres à Atticus, liv. II, ép. XXIV, le nomme toujours Lucius Vettius. M. Dacier et Amyot disent simplement que c'était un Bruttien ; mais le dernier met en note que Cicéron le nomme Vectius ; il a voulu dire Vettius. Peut-être était-il Bruttien de nation.

(67)  Pline, liv. XXV, chap. III, rapporte aussi que Lucullus était mort d'un breuvage qu'on lui avait donné. Ces sortes de breuvages s'appelaient philtres.