La maison de Pansa

Plan de Pompéi       Conserve d'eau Visite Fontaine du carrefour de Fortunata
Plan   Visite

Porte de la maison de Pansa

Nous la prendrons pour type, comme offrant plus qu'aucune autre toutes les parties constitutives et ordinaires d'une habitation pompéienne ; mais, avant de la décrire, nous demanderons au lecteur la permission d'exposer quelques considérations générales.

Les monuments des Romains, répandus sur la surface entière de leur immense territoire, semblaient construits pour l'éternité, et, malgré les ravages du temps et des barbares, sont parvenus jusqu'à nous en grand nombre, et plusieurs dans un état de conservation suffisant pour que depuis longtemps on ait pu en étudier l'ensemble et en comprendre les parties. Il n'en était pas de même des habitations particulières, qui, toutes formées de matériaux moins solides, avaient presque entièrement disparu, ou au plus avaient laissé quelques traces informes, souvent inintelligibles et ouvrant un large champ aux conjectures.

La découverte de Pompéi a pu seule nous initier aux secrets de la vie privée des anciens, et nous permettre de les suivre pas à pas dans leurs demeures, comme nous les avions depuis longtemps accompagnés dans le Forum, dans les temples, dans les basiliques et dans les théâtres.

Les maisons des Romains furent très petites dans l'origine, et durent être à peine comparables aux plus modestes habitations de Pompéi (1) ; plus tard, elles s'agrandirent de telle sorte qu'y loger quatre cents esclaves ne fut plus regardé comme une chose extraordinaire. A Rome, où les terrains, par l'accroissement de la population, avaient acquis une immense valeur, les étages se multiplièrent au point qu'on en compta quelquefois jusqu'à onze, et qu'Auguste, dans l'intérêt de la sûreté et de la salubrité publiques, dut rendre un décret qui fixa la hauteur des maisons à 70 pieds, que Trajan réduisit encore à 60.

Il n'en était pas de même à Pompéi, où la plupart des maisons paraissent n'avoir eu qu'un rez-de-chaussée surmonté tout au plus d'un premier étage, que recouvrait en partie une terrasse appelée Solarium.

Ces maisons n'ont généralement aucune fenêtre sur la rue, et nous verrons que, même à l'intérieur, beaucoup de pièces n'étaient éclairées que par la porte, ou par une imposte ouverte au-dessus de celle-ci.

Le peu d'étendue et la distribution des maisons de Pompéi ne font que confirmer ce que nous savions déjà par tant de témoignages de l'antiquité, que la vie des Romains se passait presque entièrement au dehors, et que, si l'intérieur de leurs habitations offrait quelque magnificence, ce n'était que dans les parties où pénétrait le public, les salles réservées à la vie privée manquant souvent de l'utile et toujours du confortable.

Un des traits caractéristiques des maisons de Pompéi est l'absence totale de cheminées ou de poêles, usage qui, du reste, dans ce pays, s'est conservé en partie jusqu'à nos jours, et que ne justifie pas complètement un climat où parfois le thermomètre descend jusqu'à deux degrés au-dessous de glace. Les Pompéiens, comme les Napolitains modernes, avaient recours au brazier, au focone, ustensile aussi incommode que dangereux, auquel ils donnaient les noms de camini portalites, foculi, ignitabula, ou enfin d'escharae, mot qui semble prouver l'origine grecque de cet usage.

Le pavage en mosaïque est presque général à Pompéi ; il avait reçu des Grecs, ses inventeurs, le nom de liqostrwtoV, et fut introduit à Rome au temps de Sylla (2). Les cubes qui composent ces mosaïques sont de marbre, de pierre calcaire, de lave grise ou d'émaux colorés. On trouve aussi quelques exemples d'un dallage en marbre, d'aires en stuc peintes avec un certain soin, et surtout dans les habitations les moins riches ou les pièces les moins importantes, un sol en opus signinum, sorte de composition inventée dans la ville de Signia, et dont Pline nous a conservé la recette : «On broie, dit-il, des tessons de terre cuite ; on les lie avec une pâte de chaux, et on forme avec cet enduit des aires ou pavés dans les appartements». (3)

La distribution des maisons, quoique subordonnée aux localités, ainsi qu'au rang, à la fortune et au nombre des maîtres, était assez généralement uniforme. Les principales divisions consacrées par l'usage se répétaient dans chacune d'elles, et il n'existait guère d'autre différence entre les habitations des citoyens que leur décoration et les pièces accessoires que le luxe ajouta à celles qui étaient indispensables. Quand donc nous aurons parcouru en détail la maison de Pansa, expliquant le nom, l'usage et la disposition de chacune de ses parties, ce que nous aurons dit pourra s'appliquer aux diverses habitations que nous aurons à visiter plus tard, et dans lesquelles nous trouverons cependant encore à faire quelques nouvelles découvertes.

L'architecture et la distribution de la maison de Pansa, ses ornements, ses fresques, ses marbres, tout indique qu'elle appartenait à l'un des premiers citoyens de la ville. Découverte de 1811 à 1814, elle occupe une île entière, insula, c'est-à-dire un espace circonscrit par quatre rues (4) et formant un rectangle presque régulier de 98 mètres de longueur sur 37m 80 de largeur, entouré d'un trottoir de Om 66 environ. La façade principale, qui forme le côté méridional du rectangle, donne sur la rue des Thermes ; outre la porte qui se trouve au milieu, elle présente six boutiques ; les deux grands côtés de l'île en sont également garnis. Les boutiques qui occupaient ainsi la partie extérieure du rez-de-chaussée de presque toutes les maisons de Pompéi n'ont pour la plupart aucune communication avec le reste du logis, et étaient données à loyer. Nous dirons quelle était la destination de quelques autres, percées de portes ouvrant sur l'intérieur.

Nous passerons en revue les boutiques qui l'entourent avant de pénétrer dans l'intérieur de la maison de Pansa, et nous commencerons par la dernière ; à l'occident, marquée 1 sur notre plan, et derrière laquelle est une petite cour 2. Dans cette boutique et dans les deux suivantes, 3 et 4, on a trouvé des espèces de comptoirs en maçonnerie et les couleurs nécessaires à la peinture murale (5). On y voit également des traces d'escaliers qui indiquent que cette partie de la maison avait un second étage. Chacune des boutiques 3 et 4 était accompagnée d'une arrière-boutique 5 et 6.

Les pièces marquées 7, 8, 9, 10, 11 et 12 composaient une boulangerie complète avec toutes ses dépendances. La pièce 7 sans communication avec la rue dut être le magasin de la farine ou du combustible ; mais il serait difficile de décider laquelle des deux boutiques, 9 ou 10, servait au débit de la marchandise ; seulement, si les anciens avaient la même prédilection pour les coins de rue que nos marchands modernes, il doit y avoir présomption en faveur de la boutique 10, qui d'ailleurs était placée sur la rue principale, et qui était accompagnée d'une arrière-boutique 12. La pièce 9 a offert une particularité que Mazois n'a pas manqué de signaler : sur la paroi intérieure du trumeau existait une peinture représentant un serpent, symbole d'une divinité custode, ou gardienne de la maison, et à côté était scellée dans le mur une brique en saillie, qui servait à porter la lampe qui brûlait continuellement en son honneur. En face de cette représentation toute païenne, et bien en évidence, était une croix latine en bas-relief, ou du moins un objet qui en a toute la forme ; il serait bien singulier qu'il fût permis d'y voir un symbole de la nouvelle religion du Christ.

La pièce la plus intéressante est le Pistrinum (6), où se trouvent encore trois moulins à bras en lave, à peu près de la forme de nos moulins à café (7), des chaudières sur des fourneaux, et le pétrin dans lequel on préparait la pâte. On y a trouvé également divers vases de terre cuite qui avaient servi à contenir l'eau, la farine et le sel, et à côté desquels était un puits dont on voit encore la margelle. Dans un angle de cette salle est l'entrée du four dans lequel étaient encore plusieurs pains. Ce four présente une disposition particulière dont nous trouverons plusieurs autres exemples à Pompéi ; sa bouche n'ouvre pas directement sur le pistrinum, mais sur une espèce de couloir ou de conduit semi-circulaire ayant à ses extrémités et à des niveaux différents une ouverture sur le pistrinum et sur le magasin 7. Cette espèce de ventilateur avait pour effet d'activer la flamme quand le four était allumé, et plus tard de chasser la buée qui se dégageait du pain déposé dans le four. C'est en avant de ce conduit qu'est l'arc extérieur du four qui se fermait, comme chez les modernes, par une porte de fer sans gonds munie de deux poignées. Au-dessus de l'arc du four était un bas-relief dont il est bien difficile d'expliquer la présence en ce lieu ; c'est une image phallique colorée en rouge et accompagnée de l'inscription : Hic habitat felicitas.

La pièce 11 enfin a dû servir de logement au boulanger. Revenons à la façade sur la rue des Thermes.

La boutique 13, la seule qui communique avec l'intérieur de la maison, témoigne de l'existence, chez les Romains, d'un usage qui s'est perpétué en Italie, et principalement à Florence, où le vinajo a remplacé le dispensator ou institor, comme le petit guichet percé dans la muraille du palais a succédé à la boutique où se tenait à son comptoir l'esclave qui, chez les anciens, était chargé de débiter le vin et l'huile que le propriétaire récoltait dans ses domaines. L'espèce d'arrière-boutique 14 dut servir de demeure au dispensator de Pansa, qui probablement remplissait aussi les fonctions de portier, sa loge ouvrant sur l'atrium.

Les boutiques 15, 16, 17 et 18 sont entièrement indépendantes les unes des autres ; derrière la boutique 17 est une arrière-boutique 20. Une pièce plus grande 19, éclairée par une fenêtre sur la rue de la Fullonica et contenant un puits et un grand four accompagne la boutique 18. Sur la même rue se trouvent trois appartements, 21 , 24 et 25, composés chacun de plusieurs pièces sans communication avec l'intérieur ; ces appartements étaient sans doute loués à quelques familles de ces citoyens qui, n'étant point propriétaires, habitaient des appartements à loyer et étaient désignés sous le nom d'Inquilini (8) ; l'esclave chargé de la perception des loyers se nommait Insulaire. Dans l'appartement 25, on a trouvé quatre squelettes de femmes avec des boucles d'oreilles en or, des anneaux avec leurs pierres gravées, trente-deux pièces d'argent et beaucoup d'autres objets.

Revenons maintenant à la rue des Thermes et présentons-nous à la porte de la demeure de Pansa. L'entrée principale 22, ainsi qu'on peut le voir par notre plan et par la vue que nous en donnons en tête de chapitre, était, comme toutes celles de Pompéi, fort étroite, très haute et simplement décorée de deux pilastres avec des chapiteaux de fantaisie. Sur le pilastre de gauche, on a trouvé, le 11 août 1814, l'inscription suivante peinte en lettres rouges dont il reste peu de traces :

PANSAM AED.
PARATVS ROG.

«Paratus invoque l'édile Pansa».

C'est d'après cette inscription que l'édifice qui nous occupe a été désigné sous le nom de maison de Pansa ; peut-être était-ce aussi bien la maison de Paratus ; peut-être même son propriétaire ne portait-il ni l'un ni l'autre de ces noms. Toutefois l'inscription étant une de ces invocations adulatrices dont on retrouve tant d'exemples sur les murs de Pompéi, il paraît assez vraisemblable qu'elle put être tracée sur la demeure même de l'édile Pansa auquel elle s'adressait. Quoi qu'il en soit, la porte de l'habitation que nous continuerons de nommer la maison de Pansa n'existe plus aujourd'hui, ayant été, comme toutes les autres portes de Pompéi, détruite par le feu du Vésuve ; on sait seulement, par les portes feintes qui ont été trouvées peintes sur plusieurs murailles, et surtout par la porte de marbre de l'un des tombeaux que nous avons décrits, que les portes étaient ordinairement en bois de chêne, à deux battants, à panneaux, et ornées de bulles, gros clous à têtes dorées, et que, comme les nôtres, elles portaient souvent un marteau ; elles étaient ordinairement surmontées d'une imposte éclairant le vestibule, ce qui explique leur hauteur si peu en rapport avec leur largeur. D'après un règlement de police, elles ne pouvaient s'ouvrir qu'en dedans ; Denys d'Halicarnasse et Plutarque nous apprennent qu'au seul Valerius Publicola, en récompense des services qu'il avait rendus à la République, il fut permis de faire ouvrir en dehors les portes de la maison qu'il possédait au pied du Palatin. Les portes tournaient sur des pivots, et se fermaient par des verrous perpendiculaires qui entraient dans des oeillets creusés dans le seuil. Les linteaux ont tous disparu, mais on a pu reconnaître qu'ils n'étaient ordinairement composés que d'une planche épaisse supportant une architrave en moellons.

Chez les Romains, l'entrée de la maison était placée sous la garde de quatre divinités : Janus qui présidait à l'ensemble de la porte, janua ; Forculus qui avait sous sa protection les battants, fores ; Limentinus qui veillait au linteau et au seuil, limen ; enfin la déesse Cardea ou Carna (9) qu'on invoquait pour la conservation des gonds, cardines.

D'un passage de Suétone, nous devons inférer que la porte était ordinairement, comme chez les modernes, accompagnée d'une sonnette (10).

Après avoir franchi le seuil du pied droit (11), on se trouve dans un corridor de 2m 80 de largeur ; c'est le prothyrum ou aditus, que les Grecs appelaient aussi diathyrum et où se tenait le portier, l'ostiarius, accompagné ordinairement d'un chien qui n'était quelquefois qu'une peinture sur la muraille ou une mosaïque incrustée dans le sol, comme nous en verrons un curieux exemple.

Quelquefois des portes percées dans les murailles du prothyrum donnaient accès à la loge du portier, cella ostiarii (12), et à des salles servant d'antichambre. Ces pièces n'existent pas dans la maison de Pansa (13).

Au fond du prothyrum on voyait dans le sol comme un second seuil en mosaïque sur lequel on lit le mot SALVE, souhait de bienvenue pour les visiteurs. Franchissant ce seuil et une seconde porte qui n'existe plus, on entre dans l'atrium ou cavaedium A A A A, petite cour rectangulaire de 14m 40 sur 9m 40, entourée de portiques et partie essentielle des habitations romaines à laquelle correspondent le cortile de l'Italie moderne et le patio des Espagnols ; et qui avait été imitée de l'aulh, des Grecs.

Il existait chez les anciens cinq espèces d'atrium ; le plus simple, et celui de Pansa est du nombre, était l'atrium toscan, tuscanicum, le seul qui fût en usage dans les premiers temps et que Pline désigne comme ayant été construit ex more veterum, à la manière des anciens. Ce portique n'était point soutenu par des colonnes, mais simplement par quatre poutres dont les extrémités étaient scellées dans les murailles de la maison, et sur lesquelles venaient s'appuyer les quatre toits en appentis qui versaient dans un bassin ou compluvium B, qui occupait le centre de la partie découverte, les eaux de pluie qui de là s'écoulaient ordinairement dans une citerne. L'atrium tétrastyle ne différait de l'atrium toscan que parce que les quatre angles du portique étaient soutenus par autant de colonnes, ce qui permettait de donner un peu plus d'étendue à la partie découverte.

L'atrium corinthien était le plus beau, le plus vaste et le plus complet de tous. Ses portiques, soutenus par des colonnes, entouraient une cour pavée de marbre dont le centre était occupé par le bassin.

L'ensemble de la cour se nomme atrium ou cavaedium, mais, à proprement parler, on appelait cavaedium (14) les portiques, et impluvium la partie découverte, qui se divisait elle-même en deux parties distinctes : le compluvium ou bassin, et l'area, l'aire qui l'entourait.

Les deux autres espèces d'atrium sont beaucoup plus rares ; l'un, l'atrium displuviatum, ne différait des autres qu'en ce que les toits des portiques inclinés en sens inverse, au lieu de verser l'eau dans l'impluvium, la rejetaient dans des chéneaux contre les murailles de la maison ; l'autre, l'atrium testudinatum, qu'on ne connaît que par la description fort obscure qui en est donnée par Vitruve, paraît avoir eu son impluvium couvert d'un toit semblable à une carapace de tortue, testudo, élevé sur des poteaux qui permettaient à l'air et à la lumière de pénétrer dans l'atrium, tout en le mettant à l'abri de la pluie et de l'ardeur du soleil. Quelquefois les autres atrium étaient couverts dans le même but d'un voile teint en pourpre nommé cortina (15). Ce voile pouvait avoir encore une autre utilité : celle d'empêcher les regards d'un voisin curieux de plonger dans l'atrium et d'y surprendre les secrets les plus intimes de la vie privée. Si nous en croyons Plaute, cet inconvénient était parfois à redouter (16).

C'était dans cette espèce de vestibule qu'on recevait les clients et les étrangers. Souvent entre les colonnes de l'atrium était un puteal ou embouchure de citerne ; auprès se trouvait un grand vase de plomb en forme de seau où on laissait l'eau exposée à l'air pour la purifier. Ces vases sont en grand nombre au musée de Naples. En avant du compluvium de la maison de Pansa est l'ouverture carrée d'une de ces citernes. Sous les portiques, dont les murailles étaient enrichies d'arabesques entièrement détruites, sont plusieurs petites chambres, cellae C, qui n'étaient éclairées que par la porte et composaient l'ergastulum ou logement des esclaves.

Au fond de l'atrium est le tablinum ou tabulinum D (5m sur 5m 36), pavé en mosaïque blanche avec filets noirs ; il sépare l'atrium des appartements intérieurs ; le fond était fermé par de larges portes pliantes appelées valvatae, volubiles ou versatiles ; quelquefois ces portes étaient remplacées par un grand rideau, aulaeum. En été le tablinum servait quelquefois de salle à manger ; c'est là aussi que l'on déposait les archives de la famille (17) et que l'on conservait dans des armoires les portraits des ancêtres, les imagines majorum, figures en cire coloriées, dont on avait soin de rappeler les titres et les belles actions par de pompeuses inscriptions, et qui étaient portées dans les funérailles des membres de la famille (18).

Dans les maisons plus considérables que celle de Pansa, les deux pièces E F, contiguës au tablinum, avaient une destination analogue et lui servaient en quelque sorte de complément. Ici, la grande salle E, pavée en mosaïque, paraît avoir été une bibliothèque, à en juger par les manuscrits presque entièrement détruits qui y ont été trouvés ; la pièce F dut être une chambre à coucher, cubiculum, car on voit dans la paroi un renfoncement qui avait été creusé pour y faire entrer le dossier du lit, disposition que nous retrouverons souvent à Pompéi et qu'explique l'exiguïté des chambres, généralement très petites ; quelquefois on y ménageait une alcôve ; les lits étaient de bronze, et souvent de matières bien plus précieuses ; mais dans les habitations modestes, ils étaient de bois, parfois même ils étaient remplacés par un massif de maçonnerie élevé de quelques centimètres au-dessus du sol, et sur lequel on étendait des peaux ou des matelas.

Entre la chambre F et le tablinum est un passage, fauces, G , permettant d'arriver aux appartements intimes sans traverser le tablinum. En avant de celui-ci étaient les ailes, alae, H H, galeries garnies de sièges, dans lesquelles le patron donnait audience aux clients, et que rappellent encore aujourd'hui les salles entourées de divans des habitations de l'Orient. Le pavé de ces salles est orné de grecques et de losanges formés de petits cubes de marbre blanc incrustés dans de l'opus signinum.

Montant deux degrés au fond du tablinum, on entre dans la partie privée où le vulgaire n'était point admis. «Les conversations de l'atrium n'arrivent pas jusqu'au péristyle», a dit Térence.

D'abord se présente en effet le péristyle , I I I I, cour entourée d'un portique soutenu par seize colonnes, présentant beaucoup d'analogie avec l'atrium, mais toujours plus étendue et plus richement décorée. Celui-ci a 20m 15 sur 13m 1O. Les colonnes, hautes de 4m 70, étaient primitivement d'ordre ionique, et, quoiqu'elles fussent de simple pierre volcanique, elles étaient cannelées ; on les recouvrit plus tard d'une couche de stuc et on ajouta des feuilles au chapiteau, qui devint ionique composite. Le tiers inférieur du fût est peint en jaune ; le reste est recouvert de stuc blanc.

Entre les deux premières colonnes de chaque côté étaient deux margelles ou puteal dont une seule est encore en place et qui permettaient de puiser l'eau dans la citerne qui régnait sous le péristyle (19).

Dans beaucoup de maisons, en avant de chaque colonne, s'élevait un piédestal portant une statue ; souvent aussi l'entre-colonnement du péristyle était rempli par un petit mur à hauteur d'appui appelé pluteus, sur lequel on posait des vases de fleurs, ou qui parfois était lui-même évidé pour recevoir de la terre et des arbustes.

Au centre du péristyle est un bassin, piscina, de 2m 65 de largeur sur 6m 40 de longueur et environ 2 mètres de profondeur, dont les parois offraient des peintures représentant des roseaux et des poissons. Dans quelques habitations, le bassin du péristyle était remplacé par une corbeille de verdure accompagnée ordinairement d'une fontaine. On donnait à ce jardin en miniature le nom de xyste, comme à celui un peu plus étendu dont nous parlerons bientôt. K et M étaient deux chambres à coucher, cubicula ou cellae familiaricae, richement décorées de peintures. La chambre M était précédée d'une espèce d'antichambre ou proceton L, pavée en mosaïque, et avait une fenêtre sur la cour 2.

Dans l'angle S.-E. du péristyle se présente un corridor 23 conduisant à la rue de la Fullonica où l'on descendait par quatre degrés ; cette porte dérobée, posticum, pseudothuron, qui se rencontre fréquemment dans les habitations romaines, servait à échapper à l'importunité des clients qui encombraient la partie publique de l'habitation ; c'était ce qu'on appelait postico fallere clientem (20).

En face du posticum est à l'angle S.-O. du péristyle une ala, P, ouverte à l'est et abritée des vents du nord et de l'ouest.

Au fond du péristyle est la pièce principale (7m 40 sur 10m 35), l'oecus, ou exèdre N (21), qui répondait à notre salon et qui en même temps servait parfois de salle à manger. Il y avait des oecus de plusieurs sortes ; les corinthiens étaient environnés de colonnes et voûtés ; quelques-uns, partagés par des colonnes, avaient la forme et la magnificence d'une basilique ; les oecus tétrastyles ou égyptiens avaient deux ordres et un balcon ; enfin les cysicènes avaient ordinairement des fenêtres et des portes ouvertes au nord sur un jardin, laissant pénétrer la fraîcheur et permettant de jouir du coup d'oeil des fleurs et de la verdure. L'oecus de la maison de Pansa a eu effet au nord une large baie dormant sur le jardin et élevée de 0m 70 au-dessus du sol.

Malgré l'éloignement de la cuisine R qui forçait de traverser pour le service tout le portique nord du péristyle, nous devons reconnaître le triclinium ou salle à manger dans la pièce 0, longue de 9m 20 et large de 4m 86 qu'accompagnait un cabinet Q, espèce d'office qui dut servir à renfermer les vases et autres objets nécessaires aux repas. Le triclinium fermait par une porte à quatre ventaux ; on voit aux deux côtés de la baie les trous des crapaudines qui recevaient ses pivots. Nous avons déjà dit que le triclinium devait son nom au triple lit qui se trouvait dans cette salle, le quatrième côté restant libre pour le service, et la table étant placée au milieu. Il y avait aussi quelquefois dans les maisons moins riches des salles à manger ne contenant que deux lits et nommées biclinia. Dans les grandes habitations il y avait plusieurs triclinia dans des expositions différentes, afin d'avoir la fraîcheur pendant l'été et la chaleur pendant l'hiver. Quelquefois le triclinium d'été était placé sous une treille dans le jardin.

Les lits sur lesquels on s'étendait pour manger se nommaient lecti ou lectuli tricliniares, pour les distinguer de ceux qui se trouvaient dans les chambres à coucher et qu'on appelait lecti cubiculares. Les Romains, dans les premiers temps, s'asseyaient à table, et l'usage de manger couché ne fut importé de Carthage à Rome qu'à l'époque des guerres puniques ; les femmes ne l'adoptèrent que longtemps après les hommes. On mangeait appuyé sur le coude ; aussi poser le coude chez quelqu'un était-il devenu synonyme de dîner en ville (22). Les lits, d'abord fort simples et souvent formés de massifs en maçonnerie comme ceux du triclinium funèbre et quelques autres qu'on a trouvés à Pompéi, devinrent d'une magnificence telle sous les empereurs, qu'il y en eut en or massif et qu'on les revêtit de couvertures babyloniennes qui coûtaient des sommes exorbitantes ; il y en eut qui furent payées par Néron jusqu'à quatre millions de sesterces (840,000 fr.) (23).

L'usage voulait que l'on fût à table en nombre égal à celui des Grâces ou des Muses ; les places sur les lits n'étaient pas indifférentes, et chacune d'elles était plus ou moins honorable. Voici dans quel ordre les convives étaient placés : 1, le maître de la maison ; 2, sa femme ; 3, un convive ; 4, place consulaire ou d'honneur ; les autres places 5, 6, 7, 8, 9, étaient occupées par des personnes d'un rang moins élevé ou par ces convives nommés ombres qui étaient amenés par les-invités.

A gauche de l'oecus de la maison de Pansa est la cuisine R, jointe à une office T et à une salle S destinée aux esclaves, ayant sur la rue de Fortunata une seconde sortie dérobée ou posticum. Quelquefois cette sortie se trouvait placée dans l'axe de l'atrium et du péristyle, et dans la partie opposée à l'entrée ou prothyrum ; elle portait alors le nom de pseudothyrum. La cuisine renfermait un grand nombre d'ustensiles en poterie et en bronze ; les fourneaux, élevés au-dessus du sol, contenaient encore de la cendre.

Peinture de la maison de Pansa

Sur les murs, au-dessous de deux personnages sacrifiant, sont peints deux serpents énormes protégeant l'autel consacré à Fornax, la divinité protectrice des fourneaux (24), et aux côtés étaient grossièrement tracés en rouge des attributs culinaires dont il ne reste plus qu'un jambon et une anguille embrochée ; nous y avons vu autrefois un lièvre, un porc, des poissons, un morceau de viande et une hure de sanglier. Dans l'office T est un petit banc pour poser les jarres d'huile, ainsi qu'une table pour faire le pain que souvent on pétrissait à la maison.

La cuisine est séparée de l'oecus par un corridor, fauces, V, qui conduisait au jardin. De l'autre côté est le tabularium U où l'on conservait les papiers importants et les objets les plus précieux ; parfois aussi on y renfermait les dieux pénates ; mais nous trouverons dans quelques maisons une autre sorte d'édicule consacrée à ces divinités domestiques.

Derrière le tabularium est un petit cabinet X, consacré à l'étude ou au repos, donnant sur le jardin et où le maître pouvait se retirer pour jouir de la fraîcheur et de la vue des fleurs qui garnissaient ses parterres. Dans toute la largeur de la maison régnait une vaste galerie couverte à deux étages Y, nommée pergula, sous laquelle on trouvait un abri contre le soleil et la pluie. On a découvert dans cette galerie divers objets précieux et entre autres le plus beau candélabre de bronze qui soit au musée de Naples.

Nymphe - in Roux, tome III, planche 117

Enfin le jardin, le xyste ou viridarium, Z, était disposé par plates-bandes que l'on a encore retrouvées indiquées sous les cendres, lorsqu'on le déblaya en août 1827. Dans le fond du jardin, à droite, est un réservoir qui alimentait une fontaine. On a découvert également des conduits en plomb qui distribuaient les eaux nécessaires à l'irrigation et deux grandes chaudières de bronze aujourd'hui au musée. Dans l'une d'elles était le joli groupe de Bacchus et Ampelus posant sur une base de même métal dans laquelle est incrustée une guirlande d'argent. Au moment de la catastrophe, le groupe avait été enveloppé à la hâte dans un morceau de toile grossière qui, dans plusieurs endroits, est resté adhérent au bronze. Parmi les peintures qui décoraient cette habitation, les plus remarquables étaient une Nymphe et une Danaé assises.

Nous ne pouvons rien dire de bien positif et nous sommes réduits aux conjectures sur la distribution et la destination des pièces de l'étage supérieur, aujourd'hui entièrement détruites, et dont les principales doivent avoir été affectées au gynécée ou habitation des femmes. Les objets qui y ont été trouvés confirment cette supposition ; ils consistent en bracelets, boucles d'oreilles, colliers, chaînes, épingles d'or ou d'argent, petits pots de cosmétiques, cure-dents, ciseaux, étuis, en un mot en ces mille bagatelles qui composaient chez les anciens la toilette d'une femme, le mundus muliebris, et que renfermait ordinairement une boîte nommée pyxis.

Telle était la demeure d'un riche Pompéien ; quelquefois on trouvait, outre les pièces que nous avons décrites, un alaeatorium, salle consacrée aux jeux de hasard, un sphaeristaerium ou jeu de paume, une pinacotheca, galerie de tableaux, et plus souvent encore des bains, ordinairement situés dans la partie la plus reculée de la maison et parfois dans des souterrains. Nous verrons aussi que des caves étaient ordinairement destinées à la conservation du vin, de l'huile et des autres denrées.

Maintenant que nous connaissons la disposition générale commune à presque toutes les habitations de Pompéi, nous allons passer plus rapidement en revue toutes celles qui nous offrent à signaler quelque particularité remarquable, soit par leur décoration, soit par leur distribution, soit enfin par la destination des boutiques qui en font partie.


(1)  C'est qu'à cette époque le nombre des esclaves était très limité : «Ne sais-tu pas, dit Apulée à son adversaire, qu'un consulaire, Antoine, n'avait chez lui que huit esclaves ? que Carbon, maître de l'Etat, en avait encore moins ? que Manius Curius, illustré par tant de récompenses militaires, puisqu'il entra trois fois en triomphateur par la même porte, n'avait dans les camps que deux valets d'armée pour le servir ? Ainsi cet homme, qui avait triomphé des Sabins, des Samnites et de Pyrrhus, comptait moins d'esclaves que de triomphes». (Apologie)

(2)  Lithostrota coeptavere jam sub Sylla. (PLINE, XXXVI, 61).

(3)  XXXV, 46.

(4)  Cicéron appelait le produit de quelques habitations ainsi disposées Merces insularum, le revenu des îles (Ad Atticum, XV, 17).

(5)  Quatre de ces couleurs étaient dans leur état naturel et n'avaient encore subi aucune préparation ; c'étaient du blanc, une sorte de terre verte, de l'ocre jaune et de l'ocre brune. D'autres couleurs étaient composées ; l'analyse chimique a fait connaître que le rose tirait son principe colorant de l'alun, et que les divers bleus étaient formés d'oxyde de cuivre, de chaux et d'alun.

(6)  Les peuples de l'Asie connaissaient depuis longtemps l'emploi des moulins quand les Romains broyaient encore le grain dans des mortiers, de là les noms de Pistrinum et Pistor donnés à la boulangerie et au boulanger. On nommait aussi cc dernier siliginarius, de siligo, farine de froment.

(7)  Pompéi était renommée pour ses meules et ses pressoirs, dont elle faisait un grand commerce (CATO, De re rustica, XXII).

(8)  Les Romains regardaient comme une honte de ne pas posséder une habitation en propre, et d'être inquilini, locataires. Pour éviter cette humiliation, les demi-riches se réunissaient trois ou quatre ensemble pour bâtir ou acheter à frais communs une maison dont l'un possédait le rez-de-chaussée, l'autre le premier étage, un autre le second, ou une partie de ces étages, etc (DENYS D'HALIC., X, 32).

(9)  Le 1er ou jour des Calendes de juin était consacré à cette divinité. V. Ovide, Fastes, VI, 101 et suiv.

(10)  «Comme Auguste était fort assidu dans le temple de Jupiter Tonnant, il rêva que Jupiter Capitolin se plaignait qu'on écartât de lui ses adorateurs, et qu'il lui répondait qu'il lui avait au contraire donné Jupiter Tonnant pour portier. En conséquence, il mit des sonnettes aux combles du temple de ce dernier, comme on en avait déjà mis probablement aux portes, ideo mox tintinnabulis fastigium aedis redimiit, quod ea fere januis dependebant». (SUETONE, Vie d'Auguste, XCI.

(11)  Franchir le seuil du pied gauche eût été du plus fâcheux augure, et, souvent même, sur la porte du triclinium ou salle à manger, se tenait un esclave dont l'unique emploi était d'éviter à ceux qui entraient le funeste oubli de cet usage.
«Un des esclaves préposés à cet office s'écria : Du pied droit !»
Exclamavit unus ex pueris, qui super hoc officium erat positus : Dextro pede ! (Petr. Sat. XXX).

(12)  Une foule de témoignages antiques ne permettent pas de révoquer en doute le singulier usage d'enchaîner quelquefois par les pieds l'ostiarius lui-même pour l'empêcher de quitter son poste.
Tibulle, pour mieux veiller sur sa maîtresse, ne refuse pas de porter les fers aux pieds : detrecto non ego vincla pedum (I, 5).
Ovide invoque aussi le portier de sa Corinne : «Portier, toi que chargent, ô indignité ! de lourdes chaînes, fais rouler sur ses gonds cette porte rebelle».
Janitor (indignum !) dura religate catena,
Difficilem moto cardine pande forem.
(Amores, I, 6).
Et plus loin, dans la même élégie : «Puisses-tu (si tu m'ouvres) être affranchi de ta longue chaîne !»
Sic unquam longa relevare catena.
On voit, par ces derniers mots, que la chaîne était longue ; cela était en effet indispensable pour permettre au portier de faire son service.

(13)  Cette circonstance vient à l'appui de la supposition que nous avons émise que chez Pansa le dispensator était en même temps le portier. Nous trouverons du reste plusieurs autres indications de ce cumul des deux fonctions.

(14)  Cava aedium, le vide des bâtiments.

(15)  PLINE, XIX, 6.

(16)  «Mes voisins peuvent juger de tout ce qui se passe chez moi, tant ils y regardent par l'Impluvium».
Mihi quidem jam arbitri vicini sunt, meae quid fiat domi,
Ita per impluvium intro spectant
(PLAUTE, Miles gloriosus, II,2).
«Si je ne me suis promené sur les toits tout endormi, je sais bien que j'ai vu dans la maison voisine Philocomasie, l'amie de mon maître, cherchant quelqu'un».
Nisi quidem ego hodie ambulavi dormiens in tegulis
Certo edepol ! scio me vidisse heic proxumae viciniae
Philocomasium herilem amicam sibi alium quaerere
. (Ibid., II, 3).
«J'avoue que j'ai regardé chez toi par ton impluvium».
Et me despexe ad te per impluvium tuum
Fateor
, (Ibid., II, 6).

(17)  " Les tablinum étaient remplis de titres et des monuments de ce qui avait été fait dans l'exercice des magistratures.
Tabulina codicibus implebantur et monumentis rerum in magistratu gestarum, (PLINE, XXXV, 2).

(18)  «Les portraits faits en cire étaient étalés dans des armoires, afin d'avoir toujours des images qui suivissent les funérailles de famille, et ainsi le défunt était toujours accompagné de tous ses ancêtres».
Expressi cera vultus singulis disponebantur armariis ut essent imagines quae comitarentur gentilitia funera, semperque defuncto aliquo totus aderat familiae ejus qui umquam fuerat populus, (PLine, XXXV, 2).
«La renommée de tes ancêtres, dit Tibulle à Messala, ne suffit pas à ta gloire, et tu n'interroges pas les inscriptions qui, sous chacune de leurs images, rappellent leurs actions».
Non tua majorum contenta est gloria fama,
Nec quaeris quid quaque index sui imagine dicat
, (IV, Carm. 1).
«Sois heureuse, et que des images triomphales accompagnent tes funérailles».
Esto beata, funus atque imagines
Ducant triumphales tuum
, (Horace, Epod, Caria. VIII).
«Qu'elle soit belle, décente, riche, féconde ; qu'elle étale sous ses portiques d'antiques images de ses aïeux»
Sit formosa, decens, dives, fecunda, vetustos
Porticibus disponat avos
, (Juv. Sat. VI).
«Que sert, ô Ponticus ! d'être issu des plus antiques races, et de montrer les portraits peints de ses ancêtres ?»
Quid prodest, Pontice, longo
Sanguine censeri pietosque ostendere vultus ?
(Id, Sat. VIII).
«C'est en vain qu'un vestibule m'offre de toutes parts d'anciennes effigies ; la vraie noblesse, c'est la vertu. Sois Paulus, Drusus ou Cossus par tes moeurs ; préfère-les aux images de tes ancêtres».
Tota licet veteres exornent undique cerae
Atria, nobilitas sola est atque unica virtus.
Paulus,vel Cossus, vel Drusus moribus esto ;
Hos ante effigies majorum pone tuorum
, (Ibid). «Plus ces images, dit Plutarque (Prob. 16), étaient dégradées par le temps, plus elles inspiraient d'orgueil et de respect».

(19)  Ces citernes, que nous rencontrons dans presque tous les édifices publics ou privés de Pompéi, étaient généralement formées d'une sorte de béton auquel Vitruve donne le même nom qu'au pavage dont nous avons parlé, celui d'opus signinum ; seulement, la recette que Vitruve nous a transmise pour le béton des citernes diffère de celle donnée par Pline pour le pavage : «Il faut, dit-il, avoir de bon sable, le plus net et le plus âpre que l'on pourra trouver, des cailloux cassés qui ne pèsent pas plus d'une livre chacun ; et, avec la plus forte chaux que l'on pourra faire, on composera un mortier qui aura deux parties de cette chaux avec cinq parties de sable. A ce mortier l'on mêlera les cailloux ; on jettera tout cela dans une tranchée qui sera de la profondeur que doit avoir la citerne, on le battra avec de gros leviers ferrés par le bout, et l'on fera ainsi les quatre murailles. Ensuite on videra la terre qui est au milieu jusqu'au bas des murailles, et, le fond étant bien aplani, on le recouvrira du même mortier, que l'on battra bien, pour en faire le pavé auquel on donnera une épaisseur convenable». (VIII, 6).

(20)  «Et, toute affaire cessante, trompe par la porte dérobée l'attente du client qui fait sentinelle dans ton atrium».
Et rebus omissis
Atria seroantem postico falle clientem
, (HORACE, I, 5).

(21)  Le mot oecus (oikoV, maison) signifie la partie par excellence de l'habitation. Exèdre veut dire siège pour plusieurs personnes, et par extension la pièce où se trouvaient les sièges de cette espèce. On donnait aussi quelquefois le nom d'oecus à l'appartement où les femmes se tenaient habituellement pour travailler, et celui d'exèdre à une grande galerie garnie de sièges où on recevait les philosophes, les rhéteurs, les grammairiens et les poètes.

(22)  «Voici, dit Ménélas en indiquant Trimalcion, celui chez lequel vous dînez aujourd'hui (chez lequel vous posez le coude)».
Hic est, inquit Menelaus, apud quem cubitum ponetis, (PETRONE, Satyricon, XXVII).
Lorsqu'on était rassasié, on s'étendait sur le lit ; mais un mets piquant ou recherché paraissait-il sur la table, le convive se relevait sur le coude : Languidus in cubitum jam se conviva reponet (HORACE, II, Sat.4).

(23)  PLINE. VIII, 48.
Dresser les lits était, chez les Romains, synonyme de dresser la table, mettre le couvert.
«Fais dresser les lits et aie soin que tout soit prêt».
Et lectulos jube sterni nobis et parari caetera, (Térence, Adelph. II, 5).

(24)  «Nos ancêtres, dit Ovide, plus occupés de la guerre que du soin de leur cuisine, laissaient souvent brûler les grains au lieu de les torréfier ; ils firent une divinité de Fornax, et les laboureurs la prièrent de se charger de cuire leurs moissons».
Facta dea est Fornax ; laeti fornace coloni
Orant ut fruges temperet illa suas
, (Fastes. II, v. 525 et 526).
Au mois de février on célébrait, en l'honneur de cette singulière divinité, des fêtes appelées Fornacales.