Coiffures et maquillage de Cléopâtre au cinéma
La mythique reine égyptienne Cléopâtre a connu de nombreuses adaptations cinématographiques tout au long du XXe, et même du XXIe siècle. Dans tous ces films, les représentations de cette reine, essentiellement connue pour sa beauté captivante, notamment avec un regard assez pénétrant accentué par le trait de liner, montrent comment les clichés liés à son aspect physique perdurent encore aujourd'hui et n'ont pas vraiment évolué malgré tout. Nous pouvons donc nous demander en quoi ces adaptations cinématographiques de Cléopâtre représentent la société de l'époque. Pour y répondre nous nous appuierons sur différentes oeuvres plus ou moins connues.
Nous n'avons que très peu d'informations sur ce film du fait de son ancienneté. En ce qui concerne les coiffes et le maquillage de Cléopâtre, ils ne sont pas exubérants et plutôt simples, contrairement à ce que nous avons l'habitude de voir aujourd'hui. Cette simplicité est due à l'époque ainsi que le contexte dans lequel le film a été tourné, où la femme n'est pas du tout émancipée ou du moins elle n'est pas exubérante et assez discrète. Cléopâtre possède donc de belles tenues, car c'est tout de même une reine, mais qui restent assez simples, de même que son maquillage plus léger.
Theda Bara est en effet la vamp de l'époque : elle arbore un maquillage très noir au niveau des yeux, ce qui rend son regard plus pénétrant et la rend donc plus impressionnante. Quant à ses costumes, ils sont beaucoup plus légers, si l'on peut dire, car le réalisateur J. Gordon Edwards ose des tenues plus dénudées qui vaudront au film de nombreuses censures.
Les coiffes deviennent beaucoup plus travaillées et se rapprochent de celles qu'utilise le cinéma aujourd'hui. Le maquillage est présent, mais sans être outrancier, il accentue seulement les yeux afin de souligner le regard. Sur ses coiffes, nous pouvons retrouver quelques symboles égyptiens tels que le serpent, qui montre que Cléopâtre n'est en rien similaire aux Romains et s'en démarque donc. Dans la société américaine où évolue Claudette Colbert, le personnage de Cléopâtre représente la femme séduisante par excellence, venue d'ailleurs et qui s'affirme avec ses tenues. En 1934, bien que la condition de la femme ne soit pas optimale, elle commence à évoluer un peu, comme le montre cette adaptation assez différente et plus moderne que les précédentes.
Le titre est déjà assez évocateur : Cléopâtre est souvent dans des positions féminines jouant de son charme. Elle a les yeux soulignés et des sourcils très fins mais ne possède pratiquement pas de coiffes, elle a souvent les cheveux attachés sur le côté pour avoir le visage dégagé. La seule coiffe assez importante qu'elle porte, c'est lorsqu'elle sort et se montre au peuple avec ses deux sceptres de reine d'Egypte. Elle est souvent allongée au bord d'une piscine en tenue légère, et on peut la voir également seins nus. Dans les films précédents, bien qu'elle soit séduisante et qu'elle le sache, c'est avant tout une figure politique, c'est la reine d'Egypte. Dans celui-ci, le réalisateur met plus l'accent sur la femme qu'elle est, qui nourrit encore aujourd'hui une sorte de mystère fascinant. C'est donc l'image contemporaine qui lui est attribuée, celle d'une femme puissante dont sa force provient de son charme et qui obtient tout ce qu'elle désire grâce à sa beauté physique envoûtante.
Linda Cristal possède des coiffes qui se rapprochent beaucoup de celles utilisées actuellement. En effet ces coiffes sont à la longueur d'un carré orné de tresses, avec des perles et sa couronne au-dessus. Lorsqu'elle se montre à quelqu'un d'important, elle arbore une coiffe encore plus impressionnante, car la partie supérieure dorée est beaucoup plus travaillée. Quant au maquillage, il est plutôt fin, les yeux et le coins des paupières sont maquillées pour donner un effet plus grand de l'oeil et donc plus séduisant. Dans des années 50/60 où les images de pin up se multiplient, Cléopâtre est la représentation assez parfaite d'une femme séduisante qui joue de son charme et qui sait ce qu'elle veut.
En 48 avant J.C, Jules César tombe amoureux de la reine d'Egypte, lui fait un fils et la rétablit sur son trône. Quatre ans plus tard, après l'assassinat de César, c'est Marc-Antoine qui ne peut résister au charme de Cléopâtre.
Dans les années 70, les femmes sont très maquillées, cette interprétation de Cléopâtre s'éloigne de cette habitude pour un retour à plus de simplicité. En effet, nous avons connu une Elizabeth Taylor extrêmement maquillée, alors que celle-ci se rapproche plus des Cléopâtre du début du XXe siècle, dans un style plutôt classique mais qui met en valeur la femme.
Cette Cléopâtre est assez représentative de son époque. En effet, les maquillages et coiffures osées sont un peu laissés de côté par la majorité des femmes, qui retournent vers un style plus simple et un maquillage présent mais finalement plutôt discret qui passe partout. Cependant, cette Cléopâtre représente tout de même une belle reine, mais sans exagération.
Dans ce film, nous retrouvons une Cléopâtre que l'on a l'habitude de voir, c'est-à-dire avec de grandes coiffes et un visage très maquillé au niveau des yeux ainsi que les paupières souvent poudrées de blanc. La femme qu'elle est est bien mise en valeur, à l'aide de ses tenues assez décolletées aussi.
Les maquillages reviennent à la simplicité, avec le contour des yeux et un petit trait de liner. Les coiffes quant à elles ne sont pas très hautes, mais assez travaillées, prenant la quasi-totalité de la tête. Cependant nous pouvons aussi la retrouver avec ses cheveux naturels et complètement lâchés, mais elle porte alors des bijoux d'oreilles volumineux pour compenser un peu. Son maquillage est plus proche de la société actuelle, c'est-à-dire avec un marquage des yeux suffisant pour souligner le regard et le rendre assez pénétrant, mais sans exagération. Les coiffes correspondent assez à son personnage, cependant c'est assez rare de voir une Cléopâtre les cheveux lâchés et sans rien dessus, comme nous pouvons la trouver dans ce téléfilm. En 2002, la femme est beaucoup plus libre que durant le XXe siècle, les coiffes et maquillages ne ressemblent plus tellement à l'époque car le XXIe siècle est un retour à la simplicité, après les années folles connues avec le siècle précédent. Les codes vestimentaires et maquillage sont imposés non pas par la société mais bel et bien par l'imaginaire qui a donné à cette reine tous ces aspects physiques qui la caractérisent. Cependant, nous ne sommes pas sûres que la véritable Cléopâtre, celle qui a existé, possède un dress code aussi complexe et travaillé...
Cette version de Cléopâtre représente la femme contemporaine, qui assume sa coupe courte, appelée "coupe à la garçonne" depuis les années 30, car avant une femme ne devait porter que des cheveux longs, la longueur était réservée aux femmes et le court aux hommes. Cette Cléopâtre casse donc en quelque sorte le mythe de le reine aux cheveux longs.
Sofia Essaïdi donne une interprétation assez différente de cette reine grâce à la comédie musicale qui change du film traditionnel. Le maquillage est très exagéré, mais c'est notamment dû au fait qu'il s'agit d'un spectacle, donc tout doit être accentué pour que tous les spectateurs puissent le voir. Les coiffes ne sont pas tellement volumineuses mais plutôt assez travaillées, et avec des touches de couleurs pour être plus visibles. Comme nous avons pu le constater, il y a eu de nombreuses adaptations inspirées de cette grande reine. Les représentations cinématograhiques du personnage de Cléopâtre ont évolué en même temps que la société. Cependant certains films ont cherché à casser les codes de leur époques en osant certains maquillages ou même certaines tenues. Cléopâtre est un mythe qui s'est construit dans l'imaginaire du public, qui a fini par en faire un personnage cliché avec son trait de liner et ses coiffes très travaillées. Pourtant ce personnage continue de fasciner, d'émouvoir un grand nombre de personnes. Même si Cléopâtre n'était pas si maquillée que cela en réalité, elle reste une figure de séduction, de pouvoir et de charme intemporels. |
Loréna V., 1S2 et Lou C., 1S3