Le culte de Dionysos
Dionysos est un dieu errant qui a été honoré dans tout le monde grec. Chaque cité grecque a ses propres fêtes en son honneur, et à Athènes, quatre fêtes lui sont consacrées : les Dionysies rustiques, les Lénéennes, les Anthestéries et les Grandes Dionysies. C'est Clisthène qui, au VIe siècle, aurait remplacé les jeux en honneur du héros local Adraste par des jeux en l'honneur de Dionysos, et c'est dans le théâtre de Dionysos, au pied de l'Acropole, qu'ont été créées aux Ve et IVe siècles les grandes tragédies et comédies, inséparables du développement de la cité démocratique.
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Le théâtre de Dionysos à Athènes
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Le théâtre de Dionysos est un théâtre d'Athènes qui remonte au Ve siècle av.JC. Sa construction s'est élaborée petit à petit : au début, il y avait seulement l'orchestra en terre battue, la scène en bois, et les spectateurs étaient simplement assis sur la pente de la colline. Puis furent construits des gradins en bois, et enfin ces derniers furent remplacé par des gradins en pierre tels que l'on les connaît aujourd'hui. La construction fut achevée entre 338 et 326 av. JC.
C'est dans ce théâtre de Dionysos que se déroulaient les grandes Dionysies. Des danses, des chants rituels et des sacrifices rituels, finirent par évoluer en représentations théâtrales. C'est là que furent créées les célèbres tragédies classiques d'Eschyle, Sophocle et Euripide, et les comédies d'Aristophane.
L'architecture du théâtre de Dionysos
Avec ses 78 rangées de sièges et sa capacité de 17 000 spectateurs, le théâtre de Dionysos attirait de nombreuses personnes de distinction, tels différents dignitaires, des magistrats ou encore des arbitres de concours. Pour accueillir ces gens de grande influence, la première rangée de sièges constituée de 67 sièges en marbre comprenant un dossier leur était réservée. C'est ce que l'on appelle la proédrie. Le reste des citoyens d'Athènes prenait place au dessus d'eux, sur les gradins du koilon.
L'orchestra était le cercle de terre battue d'abord, puis de marbre, au centre de l'édifice, encerclé à moitié par le koilon. Les danses et les chants du chour s'effectuaient à cet endroit, autour de l'autel de Dionysos, la thymélé, sur laquelle des victimes étaient offertes en sacrifice. Au début d'une représentation, le chour pénétrait dans cette orchestra par les deux entrées latérales, les parodoi.
Derrière le proskenion, ou logeion, où évoluaient les acteurs, se situait la skéné, une construction en bois figurant le plus souvent une facade de palais, ou une série de maisons dans la comédie. Les acteurs passaient par trois portes, qui donnaient sur les coulisses dans lesquelles ils pouvaient changer de masques et de costumes pour interpréter leurs personnages.
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Le théâtre et les Grandes Dionysies
Dionysos est le dieu du théâtre. Les Grandes Dionysies, fêtes qui lui étaient consacrées, mettaient en scène d'abord l'arrivée du dieu. Pour symboliser cette arrivée, sa statue, qui était habituellement au théâtre de Dionysos à Athènes, était déplacée à Eleuthères et une marche était organisée d'Eleuthères à Athènes avec la statue. Une grande procession suivie de danses et de chants satyriques ouvrait le festival.
Les concours dramatiques étaient l'événement de la fête. Il consistaient en séries de représentations de trois tragédies, suivies d'un drame satyrique, et d'une comédie. Ces représentations étaient obligatoires pour les citoyens, qu'elles invitaient à réfléchir, par le biais de représentations d'événements mythiques, aux problèmes qui se posaient à la cité.
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Les représentations
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Ce cratère représente les préparatifs d'un drame satyrique, pièce comique que l'on jouait après les trois tragédies (trilogie) pour compléter la tétralogie. Le peintre a représenté Dionysos et Ariane, sa femme (en blanc) enlacés, au milieu des préparatifs. Le reste des personnes représentées sont des acteurs qui tiennent un masque à la main et dont les noms sont écrits à côté de chacun d'eux. Tous sont des hommes, même pour jouer des rôles de femmes.
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Même non signé, ce cratère est attribué à Astéas, un peintre actif entre 360 et 330 av.JC, qui a réalisé plus de deux cents vases et établi les caractéristiques principales de la céramique de Paestum en Grande Grèce. | Zeus et Hermès sous les fenêtres d'Alcmène |
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Cratère en cloche paestan à figures rouges | ||
Attribué à Astéas | ||
350-340 av.JC | ||
Musées du Vatican / Musée grégorien étrusque |
Ce cratère représente Zeus, le dieu des dieux, qui a pris l'aspect de l'époux d'Alcmène, Amphitryon, et qui, avec l'aide d'Hermès qui l'éclaire, s'apprête à séduire Alcmène. Zeus dépose une échelle pour grimper jusqu'à Alcmène. Celle-ci le regarde la rejoindre en tenant ses mains posées sur l'appui de la fenêtre. Zeus aurait alors fait ralentir le temps pour qu'une nuit en fasse trois, et Héraclès naîtra de cette rencontre.
Mais alors que dans le mythe Alcmène était renommée pour sa chasteté, elle est ici représentée par le peintre Astéas plutot comme une prostituée qui attend son client : la comédie a l'habitude de démythifier les légendes. Les coiffures grotesques, les gonflements du ventre et des fesses rembourrés sont typiques de la comédie de la Grande Grèce. La parodie et la caricature touchent tout le monde, y compris les dieux de l'Olympe.
Le théâtre inspire fortement la production des céramiques, parce qu'il fournit aux peintres des sujets populaires, facilement reconnaissables et toujours susceptibles de variations. Par sa vivacité, sa dimension burlesque, sa mise en scène sur différents plans et le raffinement de sa polychromie, on considère ce cratère comme l'un des vases les plus raffinés non signés de la production d'Astéas, et l'un des derniers chefs d'œuvre de la céramique à figures rouges.
Marte D., 216