Hermès, le messager des dieux
Alors que dans l'Iliade d'Homère la messagère des dieux est la déesse Iris, dans l'Odyssée c'est Hermès qui remplit cette fonction. Avec ses sandales ailées, il peut se déplacer rapidement dans les airs et atteindre sans effort des lieux à l'autre bout du monde, ou même situés dans l'Ailleurs. Dans l'Odyssée, c'est Hermès qui prémunit Ulysse contre les charmes de la magicienne Circé et qui, obéissant aux ordres de Zeus et d'Athéna, se rend jusqu'à l'île de la nymphe Calypso pour lui demander de laisser partir Ulysse qu'elle retient prisonnier depuis des années.
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Cet Hermès n'est qu'un tout petit détail d'un plafond monumental dominant l'escalier de la résidence Würzburg en Bavière. Il s'agit d'une immense fresque réalisée d'un seul tenant (30 x 18 m), qui représente l'hommage des quatre continents au prince-évêque Carl Philipp von Greiffenclau. | Hermès/Mercure | |
Détail du plafond à fresque de l'Allégorie des planètes et des continents |
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Giambattista Tiepolo (1696-1771) | ||
1750-1753 | ||
Résidence Würzburg, Würzburg, Bavière |
Cette fresque représente les dieux symbolisant les planètes, et sur la corniche sont représentés les quatre continents connus : l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Amérique. Hermès est reconnaissable à son caducée et à ses chaussures ailées ; il est en train de passer d'un continent à l'autre, et son grand manteau orange suggère la vitalité de son vol.
Comme il se trouve sur un plafond, au-dessus de la tête du spectateur, il est vu en raccourci. C’est un trompe-l’œil qui nous donne l’impression qu'il flotte dans les airs. Au XVIIIe siècle, le trompe-l’œil est un élément significatif du baroque. Surtout utilisé dans les églises et les cathédrales, il exprime la vision baroque du monde : ce qui est, en fait n’est pas. Ce que nous voyons n'existe pas vraiment. Le monde est illusion.
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Hermès reçoit ses ordres de Zeus et d'Athéna |
Pendant tout le courant du XVIIIe siècle, les progrès des fouilles de Pompéi et Herculanum ont permis de mettre au jour les vestiges de la civilisation romaine, ce qui a donné lieu en Europe à une folie antiquisante, exprimée dans l'art par le style néo-classique | |
John Flaxman (1755-1826) | ||
Illustration de l'Odyssée d'Homère | ||
1805 | ||
Tate Britain, Londres |
John Flaxman est un dessinateur anglais qui a vécu à Rome de 1787 à 1794, où il a commencé à illustrer les grandes œuvres de la littérature grecque antique : l'Iliade, l'Odyssée et le théâtre d'Eschyle. Ses illustrations de l'Odyssée se caractérisent par un dessin très précis, avec une ligne d'une grande pureté, débarrassée de tout le superflu. Et sa connaissance des œuvres gréco-romaines lui permet de tenter une reconstitution quasiment archéologique des costumes et du mobilier.
Dans le dessin ci-dessus, Athéna (à droite) et Zeus (au centre) ordonnent à Hermès (à gauche) d’aller sur l’île de Calypso pour délivrer Ulysse retenu par la nymphe Calypso. Zeus est assis sur son trône avec son animal représentatif, l’aigle. Athéna porte ses attributs, l'égide, le casque et la lance. Pour suggérer le lieu où se déroule la scène, sur l'Olympe, Flaxman se contente d'un arc de cercle bordé d'étoiles.
Hermès va trouver Calypso |
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John Flaxman (1755-1826) | ||
Illustration de l'Odyssée d'Homère | ||
1805 | ||
Tate Britain, Londres |
Hermès s’exécute, enfile ses sandales ailées puis part à la recherche d’Ulysse, prisonnier sur l'île de Calypso. Sur l'illustration ci-dessous, il ordonne à la nymphe de renvoyer Ulysse qu’elle retient prisonnier par amour depuis sept ans sur son île. On sent ici l'influence des découvertes pompéiennes sur les artistes du début du XIXe siècle : la coiffure, la robe et surtout le mobilier qui entoure Calypso, sont typiquement ceux que l'archéologie venait de découvrir sous les cendres du Vésuve, et dont de nombreux témoignages commençaient à envahir les collections des musées européens.
Simon C., 217