Hermès psychopompe


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Hermès est un dieu psychopompe, c’est-à-dire qu’il a pour rôle de conduire les âmes des morts aux Enfers. Si Hermès joue ce rôle, c’est parce qu’en tant que « messager des dieux », il a la possibilité de passer d'un monde à l'autre : monde des dieux et des mortels, monde des vivants et des morts. Voilà pourquoi il est chargé d'escorter les âmes des morts, qui ne connaissent pas le chemin des Enfers.

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Hermès psychopompe

 
La mort de Sarpédon
Cratère attique en calice à figures rouges
Signé par Euxithéos (potier) et Euphronios (peintre)
Vers 515 av.JC
Entré au Metropolitan museum of New York en 1972
Rapatrié au Musée de la villa Giulia, Rome en 2008
 


Ce cratère en calice, utilisé lors des banquets pour y mélanger le vin coupé d'eau, a été réalisé par le potier Euxithéos et ses figures ont été peintes par Euphronios ; certainement conscients de son exceptionnelle qualité, les deux artistes ont signé leur œuvre, qui représente sur sa face principale un sujet homérique, la mort de Sarpédon.

Dans l'Iliade d'Homère, Sarpédon, fils de Zeus et Europe, fut tué pendant la guerre de Troie par Patrocle, d'un coup de pique en plein cœur. Les Grecs, ayant vaincu les Troyens, le dépouillèrent de ses armes. Mais Apollon, sur l'ordre de Zeus, vint lui-même enlever le corps de Sarpédon sur le champ de bataille, puis il le donna à Hypnos et Thanatos, qui le portèrent en Lycie auprès de son peuple.

Aussitôt Apollon enleva aux traits le divin Sarpédon, et, l'emportant loin de là, le lava dans le courant du fleuve, l'oignit d'ambroisie, et le couvrit de vêtements impérissables. Et il le fit emporter par les porteurs agiles, le Sommeil et la Mort, les jumeaux, qui, vite, le déposèrent dans la vaste et grasse Lycie.

(Homère, Iliade, XVI, 478-483)


La mort de Sarpédon


Sur le cratère, on peut voir Sarpédon blessé et sur le point de mourir. De part et d'autre de son corps, Hypnos (dieu du sommeil) et Thanatos (personnification de la mort) que l'on reconnaît à leurs ailes, se préparent à emmener le corps. Derrière Sarpédon, on reconnaît Hermès à son caducée. Il est présent car, en tant que dieu Psychopompe, il va escorter l'âme de Sarpédon aux Enfers. Les quatre personnages sont identifiés par leurs noms, écrits en rouge à côté de chacun d'eux.

Ce cratère est considéré comme un chef d'œuvre grec, car un grand soin a été apporté à sa composition symétrique en V, de part et d'autre de l'axe constitué par le corps d'Hermès. Tous les détails aussi sont remarquablement précis : les écailles des ailes d'Hypnos et Thanatos, les cils des personnages, la représentation des doigts. Des rehauts rouges ont été utilisés pour toutes les inscriptions, la crête du cimier des casques, la bride du pétase qui passe sous le menton et sur la nuque d'Hermès, le baudrier d'Hypnos, les blessures de Sarpédon et le sang qui en jaillit, ainsi que son bandeau. L'ensemble constitue un exemple exceptionnel de ce qu'a pu permettre la technique de la peinture à figures rouges dès la fin du VIe siècle.

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Lécythe d'Hermès psychopompe

     
Les lécythes sont des vases assez étroits et hauts, destinés à contenir de l'huile parfumée. Une variante est constituée par les lécythes à fond blanc, déposés dans les tombes avec les défunts, et qui souvent sont décorés de motifs funéraires. C'est le cas de celui-ci.  
Hermès au bord du Styx
Lécythe étrusque à fond blanc
Peintre de la Phiale
Vers 450 av.JC
Staatliche Antikensammlungen, Munich


La scène représente le messager des dieux, Hermès, assis sur un rocher. Hermès est jeune et barbu, il porte un manteau et un chapeau qui n'a pas la forme habituelle du pétase, mais il a dans sa main gauche le caducée qui permet de le reconnaître. De sa main droite, il fait signe à une femme qui se tient debout. Elle porte un épais manteau pourpre au dessus d'une fine tunique, et elle est en train d'ajuster une couronne sur sa tête. En arrière plan, se trouve une tombe en forme de puits sur une base à gradins qui a été ornée de rubans.

On peut supposer que cette femme représente l'âme de la défunte, qui quitte la tombe dans laquelle repose son corps : Hermès va se charger de l'escorter jusqu'aux Enfers, puisqu'il est le seul à en connaître le chemin. Une fois qu'il l'aura conduite auprès de la barque de Charon, elle pourra traverser le Styx et connaître son destin d'outre-tombe. Hermès aura alors accompli son travail de psychopompe.

La technique de ce lécythe est remarquable : le dessin est très raffiné, limité à quelques lignes de couleurs pastel qui s'harmonisent. La technique de peinture sur fond blanc bénéficie des progrès réalisés sur les figures rouges, et on voit que les peintres ont acquis une grande dextérité pour suggérer beaucoup, avec seulement quelques traits.

 

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Orphée et Eurydice

     
Ce bas-relief fait partie d'un ensemble de six copies romaines, toutes inspirées d'un chef d'œuvre de la sculpture grecque classique. Le Louvre en possède une complète, mais aux personnages mal identifiés. Celui-ci a été découvert dans la villa Sora, une luxueuse demeure maritime proche d'Herculanum.  
Orphée et Eurydice
Bas-relief romain du Ier s. apr.JC
Copie d'un original grec du Ve s. av.JC
Découvert dans une villa d'Herculanum
Musée National de Naples


Le bas-relief d'origine était probablement à destination funéraire : il pouvait se trouver sur une tombe athénienne, et représenter le douloureux moment de la séparation de la famille et du défunt, mais transposé dans une scène très célèbre de la mythologie.

Il s'agit en effet du moment où Orphée perd définitivement Eurydice. Rendu inconsolable par la mort de son épouse, Orphée était descendu aux Enfers et avait réussi à persuader Hadès et Perséphone de relâcher l'âme d'Eurydice et de la laisser remonter sur terre avec lui ; mais il avait fait la promesse de ne pas la regarder avant d'être ressorti des Enfers. Orphée pourtant se retourne, et c'est ce moment que représente ce bas-relief.


Déjà, revenant sur ses pas, il avait échappé à tous les périls, et Eurydice lui étant rendue s'en venait aux souffles d'en haut en marchant derrière son mari (car telle était la loi fixée par Proserpine), quand un accès de démence subite s'empara de l'imprudent amant - démence bien pardonnable, si les Mânes savaient pardonner ! Il s'arrêta, et juste au moment où son Eurydice arrivait à la lumière, oubliant tout, hélas ! et vaincu dans son âme, il se tourna pour la regarder. Sur-le-champ tout son effort s'écroula, et son pacte avec le cruel tyran fut rompu, et trois fois un bruit éclatant se fit entendre aux étangs de l'Averne. Elle alors : « Quel est donc, dit-elle, cet accès de folie, qui m'a perdue, malheureuse que je suis, et qui t'a perdu, toi, Orphée ? Quel est ce grand accès de folie ? Voici que pour la seconde fois les destins cruels me rappellent en arrière et que le sommeil ferme mes yeux flottants. Adieu à présent ; je suis emportée dans la nuit immense qui m'entoure et je te tends des paumes sans force, moi, hélas ! qui ne suis plus tienne.» Elle dit, et loin de ses yeux tout à coup, comme une fumée mêlée aux brises ténues, elle s'enfuit dans la direction opposée ; et il eut beau tenter de saisir les ombres, beau vouloir lui parler encore, il ne la vit plus, et le nocher de l'Orcus ne le laissa plus franchir le marais qui la séparait d'elle. Que faire ? où porter ses pas, après s'être vu deux fois ravir son épouse ? Par quels pleurs émouvoir les Mânes, par quelles paroles les Divinités ? Elle, déjà froide, voguait dans la barque Stygienne.

(Virgile, Géorgiques, IV, 485-507)


Alors qu'il n'est pas mentionné dans la légende, Hermès est ici également présent, car en tant que dieu psychopompe, il doit ramener l'âme d'Eurydice aux Enfers. On le reconnaît grâce à son pétase (chapeau) et à ses sandales ailées. Alors que les deux époux se touchent une dernière fois, inconsolables, il saisit délicatement l'avant-bras d'Eurydice pour la tirer en arrière.

On reconnaît Orphée à la lyre qu'il tient dans la main gauche, mais aussi grâce aux inscriptions au-dessus des têtes des personnages. Le fait que ce bas-relief ait été trouvé non pas dans une nécropole mais dans une villa romaine, peut-être dans le triclinium où se déroulaient les banquets, indique que son propriétaire était sensible à l'histoire qu'il représentait plus qu'à sa symbolique funéraire.


Maël M. 217


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