Pourquoi les sorcières ont-elles été pourchassées ?
Le diable distribuant des poupées magiques aux sorcières
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- Les chats noirs sont depuis toujours associés au diable. D'ailleurs même encore aujourd'hui, on dit que le chat noir porte malheur.
- Le serpent, dans les civilisations judéo-chrétiennes, est le premier animal jugé et assimilé au diable : il a été le serpent de la Bible, responsable du péché originel. Le serpent symbolise la prudence mais est aussi l’une des manifestations favorites du diable.
- La chauve-souris, de tout temps, a été l’incarnation des comportements maléfiques. En Europe, cet animal a longtemps été associé au diable et aux démons.
- Le crapaud : au Moyen Âge, il était considéré comme un représentant du Mal. Il servait dans des breuvages magiques utilisés en sorcellerie. À tel point que la présence d’un crapaud près d’une habitation était une preuve suffisante pour accuser de sorcellerie l’habitant du lieu.
II- L'image des sorcières à travers les siècles
a- Au Moyen Âge
La sorcellerie au Moyen Âge est associée à la magie et aux croyances populaires (cycles de la lune, des saisons, chat noir portant malheur). De plus la sorcellerie est associée à une forme de culte du Diable ainsi qu'à une image très négative de la femme (référence à Eve et le serpent dans l'ancien Testament). Dans le Traité du crisme de Vauderie (v.1460) de Johannes Tinctoris, des sorciers et des sorcières se déplacent dans les airs sur des balais, en compagnie de démons.
Ms Français 961, fol.1 - BnF - Gallica
b- Au XIXe siècle
Au XIXe siècle, les sorcières sont surtout présentées, sur de nombreuses gravures romantiques illustrant des ouvrages d'histoire, comme de malheureuses victimes de la barbarie de l'Inquisition. Ce thème a beaucoup de succès, et permet aussi aux illustrateurs de représenter des femmes nues...
Sur ces gravures, des femmes se font torturer : elles sont nues, mains et pieds liés. Avec ses images, on comprend que sous la torture des Inquisiteurs, les pauvres femmes accusées de sorcellerie avouaient tout ce dont on les accusait. Cela se comprend car elles subissaient des humiliations ainsi que des souffrances physiques et morales.
c- De nos jours
La sorcellerie n'est plus considérée comme un crime. Par exemple dans les films et les séries télévisées, elle est représentée positivement.
Hermione - Harry Potter | Les quatre sorcières de la série Charmed |
Hermione dans Harry Potter est certes une sorcière, mais bien différente de celles du Moyen Âge : dans les romans et leurs adaptations cinématographiques, elle est considérée comme une héroïne.
Cette image moderne des sorcières est aussi représentée dans la série Charmed ; elles œuvrent pour le bien et combattent le mal (la magie noire).
Au XXIe siècle, les pratiques de sorcellerie ont pris d'autres formes. On parle de tireuses de cartes, de spiritisme, de parapsychologie, de voyance, d'astrologie, d’herboristerie….
Auparavant, afin de trouver des réponses à des questions précises sur l'avenir, il fallait se cacher. Tandis que maintenant, on peut librement se rendre chez une voyante extralucide. De même, à la place de celles qui possédaient un don et qui guérissaient en soignant l'âme et le corps, ce sont à présent les homéopathes, les lithotérapeutes ou les voyantes. Les «sorcières» d'aujourd'hui sont acceptées et reconnues, mais il faut tout de même se méfier des escrocs, qui peuvent être jugés et sanctionnés.
III- La chasse aux sorcières
a- L'Inquisition
Au début du XIIIe siècle, face aux mouvements manichéens, cathares et albigeois, l’Église chrétienne décide de mettre en place une institution judiciaire chargée de lutter contre l’hérésie. C’est ainsi que naît l’Inquisition.
Dès 1199, le pape Innocent III promulgue une bulle qui lance les prémices de l’Inquisition. En 1231, en créant la constitution Excommunicamus, le pape Grégoire IX met en place l’Inquisition. Derrière ce terme, souvent associé dans les représentations contemporaines à la torture et l’arbitraire, se cache une puissance originale. Excessif ou clément, souvent contesté, ce véritable tribunal de la foi s’appuie en fait sur des rapports ambigus et complexes entre l’Église et les États.
Les mouvements hérétiques, vaudois ou cathares se voient reprocher de renoncer à la foi de l’Église romaine, qui est la seule considérée comme authentique et non inspirée par le Mal. C'est à Avignon, que Jean XXII (1316-1334), après consultations d’évêques, de supérieurs d'ordres et de théologiens, rédigea la bulle Super illius specula (1326).
La sorcellerie étant désormais assimilée à une hérésie, les inquisiteurs recevaient donc l'ordre de la poursuivre. Car les sorciers signant un pacte avec le diable tournaient le dos à la vraie foi. Ils méritaient donc le sort des hérétiques. La traque de la sorcellerie, désormais confondue à l'hérésie, prend de l'ampleur dans la chrétienté médiévale.
Il faut remarquer que cette bulle fut promulguée juste avant l'histoire du Nom de la Rose, puisque celle-ci se déroule un an plus tard, en 1327.
b- Le traitement des sorcières
La chasse aux sorcières ne fait que commencer et se prolongera dans le temps, trouvant son apogée avec l’édition en 1486 du premier exemplaire du Maleus Maleficarum, autrement connu sous le titre de Marteau des sorcières. Ce livre permettait aux Inquisiteurs de mener à bien l’éradication des sorcières : pour localiser ces créatures démoniaques, il fallait repérer sur leur corps la marque du Diable sous plusieurs formes. Un grain de beauté pouvait constituer cette marque. Pour la trouver, la sorcière était entièrement dénudée, et ses vêtements étaient brûlés. Elle attendait, nue, et était aspergée d’eau bénite. Sur l’ordre de l’Inquisiteur, on la rasait entièrement : cheveux, sourcils, poils et duvets. La pilosité était en effet associée à la bestialité, et donc au mal. Elle était ensuite attachée à une table ou suspendue pour être examinée au plus près. Lorsque la marque était découverte, elle était piquée avec une aiguille pour voir si du sang en coulait : l’absence de sang prouvait son appartenance au mal. |
Puis on torturait l'accusée pour obtenir les aveux nécessaires. Dans tous les cas, il était impossible pour une accusée de se disculper et finalement, lorsque ces supplices étaient terminés, dans la majeure partie des cas, l’audience se concluait par le bûcher.
c- Dans le film Le Nom de la Rose
Ce photogramme illustre l'arrestation de la jeune paysanne. Elle est tenue violemment par les gardes, elle se débat mais en vain. Les gardes lui arrachent ses vêtements, sûrement pour chercher la marque du diable.
La jeune paysanne est prostrée, affaiblie au sol lors de son procès.On l'a probablement torturée.
Le dénouement est sans surprise : la jeune paysanne accusée de sorcellerie est condamnée à mourir sur le bûcher.
Conclusion
Vers le milieu du XVe siècle, on brûle des hommes, mais surtout des femmes. Les sorcières sont considérées comme les fiancées du Diable et accusées d'être hérétiques. Les dénonciations sans preuves vont bon train, les juges civils et religieux les jugent sans véritables enquêtes. Il paraît qu'elles vont au sabbat, jettent des sorts, sèment la maladie et la mort. Pendant deux siècles, des milliers de sorcières sont traquées, dénoncées, interrogées, torturées avant d'être livrées aux flammes. Il faudra attendre la toute fin du XVIIe siècle pour que la raison mette fin à ces massacres de masse.
Les bûchers de l’Inquisition (1559)
Najwa EM et Laura M, 205.