I. Hésiode est le premier auteur qui se serve de ce terme, et il l'emploie pour désigner, comme l'indique l'étymologie (a-damazô), un métal excessivement dur, indomptable ; les dieux seuls possèdent le secret de sa préparation et s'en servent pour fabriquer toutes sortes d'armes ou d'instruments divins. Il est difficile de savoir si le poète a eu en vue un acier d'une trempe particulière ou un alliage analogue à l'airain. Dès lors, adamas est resté, dans cette acception, un terme exclusivement à l'usage des poètes : c'est de ce métal divin que sont faits le casque d'Hercule ; la faux de Saturne, les chaînes de Prométhée, la charrue d'Aeétès. Les poètes latins sont fidèles à cette tradition, et ils emploient les adjectifs adamantines ou adamanteus toutes les fois qu'ils veulent indiquer une résistance presque surnaturelle, particulièrement quand il s'agit des choses en rapport avec le royaume de Pluton, de tout ce qui est soumis aux lois de l'inexorable Destin : les tablettes des Parques, les portes des enfers, les chaînes de Cerbère sont fabriquées de ce métal. Dans Théocrite le Hadès lui-même était déjà nommé adamas Aidês.
II. Le diamant (adamas gemma), la pierre la plus dure et la plus fine. Théophraste est le premier qui emploie le mot adamas dans ce sens. Selon l'opinion des anciens, le diamant ne pouvait pas être taillé ; cependant tel qu'il se présente quelquefois dans son état primitif de cristallisation, ou poli par le frottement et tout à fait transparent, il était employé comme ornement des bagues. On en incrustait aussi dans des vases de prix. Certains naturalistes anciens prétendaient qu'on pouvait le ramollir au moyen de sang de bouc. Cette fable prouve seulement que les anciens broyaient le diamant ; ils enchâssaient les morceaux les plus acérés dans des instruments dont les lapidaires se servaient pour tailler, graver et polir les pierres précieuses. L'entrée des diamants dans l'empire romain fut soumise à des droits. Les médecins s'en servaient comme contre-poison et comme remède contre l'hypochondrie.
III. Le nom primitivement appliqué aux plus durs métaux, et ensuite au diamant, le fut enfin à l'aimant (magnes). Pline attribue cependant à l'adamas une vertu antimagnétique ; et par suite d'une confusion dans les noms, d'autres auteurs disent qu'une espèce d'adamas se trouve dans les mines de fer, ou donnent pour patrie à l'aimant l'Inde, qui était celle du diamant.
Article de Ch. Morel