Emmanuel Théodose de La Tour d'Auvergne |
Le portrait du cardinal de Bouillon (1707/1709-1741) marque chez Rigaud le point d'aboutissement d'une lente évolution.
Dans la décennie 1690-1700, l'influence de Philippe de Champaigne sur les effigies ecclésiastiques du Catalan est sensible, de son Hyacinthe Serroni, archevêque d'Albi (1683-1685), décalque maladroit de l'Omer Talon (Washington, The National Gallery)
Philippe de Champaigne | Hyacinthe Rigaud |
au camaïeu de gris et d'ocres de l'abbé de Rancé (1696-1697), saint Jérôme moderne. Abbés et évêques sont systématiquement campés en buste sur un fond neutre ; leurs mains restent dissimulées, toute l'attention du peintre se concentrant sur les traits distinctifs de son modèle ; seul élément de décor, une colonne au fût ostensiblement ébréché rappelle à l'arrière plan la finitude de toute chose. Le portrait se charge d'un discours moral sous-jacent.
Hyacinthe Rigaud | Hyacinthe Rigaud |
Lorsque Rigaud commence son cardinal de Bouillon, il vient d'achever deux ans auparavant son Bossuet en habit gris d'hiver (1701-1705), figure solennelle d'un intellectuel surpris dans l'intimité de son cabinet d'étude. La quête de la majesté y atteint un subtil mais fragile équilibre.
Avec le cardinal de Bouillon, Rigaud crée une formule qu'il ne cessera d'éprouver jusqu'à l'épuisement et qui donnera le ton, quoique simplifiée, à tous ses portraits d'ecclésiastiques en grand format de la période 1710-1740 : de François Robert Secousse (1708), vicaire de Saint-Eustache à Monseigneur de Rohan-Guémené (1733), archevêque de Reims, en passant par Charles de Saint-Albin (1723), archevêque de Cambrai, le cardinal André Hercule de Fleury (1728) ou Henri Oswald de La Tour (1732), cardinal d'Auvergne.
Hyacinthe Rigaud | François Stiémart d'après Hyacinthe Rigaud |
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