Construit loin de tout lieu habité, dans la solitude des montagnes que recherchaient les bénédictins, le monastère de Saint-Martin du Canigou est tout autant dans l'histoire de la Catalogne un symbole qu'un monument historique, joyau de l'art roman. | Gravure du XIXe siècle | |
A travers les avatars de l'Histoire, le monastère reste un centre actif de la vie religieuse, jusqu'au tremblement de terre qui le détruit en partie en 1428. Dès lors, il entre peu à peu dans la voie d'une décadence matérielle et religieuse irrémédiable, accélérée par l'absence prolongée d'abbés qui y résident de moins en moins. En 1779, les cinq derniers moines, âgés et infirmes, qui l'habitent encore, demandent à rentrer dans le siècle. Le pape Pie VI accède à leur demande en 1781, puis le conseil souverain du Roussillon décide en 1783 la suppression du monastère. Bientôt, le mausolée du comte Guifred, la châsse, le retable de saint Gauderique et de nombreux chapiteaux sont déplacés. L'abbaye abandonnée tombe en ruines et devient un magnifique sujet d'inspiration pour les artistes romantiques. | Gravure de Chapuy, XIXe siècle | |
C'est cette ruine que découvre au mois de juillet 1883 le grand poète catalan Jacint Verdaguer, au cours d'un séjour de plus d'une semaine. Là, dans les ruines de Saint-Martin, dans les bois qui l'entourent et sur les sentiers qui mènent à la cime du Canigou, il s'imprègne de ce panorama magique. Il finit alors de composer le long poème Canigó, qu'il avait en tête depuis quelques années, et qui a tant contribué à faire de cette montagne un symbole de la terre catalane. © Robert Vinas | © Agnès Vinas |