Ces visages qui hantent le cours de la vie...

Visages de la rue, visages de village, visages croisés, scrutés, entrevus, perdus.

Visages accrochés toujours aux mêmes endroits - toujours aux mêmes moments - Théâtre du quotidien.

Visages frémissants - avides ou vides.

 

Visage serré entre deux paumes offertes jusqu'à la fin d'un désespoir.

Visage, rond joyeux et qu'on laisse à regret au détour d'un moment.

Visage qu'on cloute d'un sourire fendu jusqu'à l'extrême, et qui n'exist pas.

Visage dont la bouche est fermée d'un fil barbelé, et qui n'existe plus.

Les Patots sont nés du Dérisoire et du Sublime.

Et ils ont hanté son Espace en forêt de totems raides aux longues têtes expressives et méfiantes. Et ils ont glissé le long des murs se retrouvant agglutinés dans les coins toujours là pour retenir leur chute molle, selon l'humeur, le temps, le vent.

Et ils ont éclaté en croix béantes, se retenant les unes aux autres par leurs seuls doigts écartelés.

Et ils ont foisonné en visages si ronds... surmontés de coiffes superbes, visages constellés de clous, d'éclats d'acier, sur ce liège si pâle, si ocre, si tendre, si lisse comme bébé.

 
 

Dentelle de liège qui frise un regard... Pointes acérées qui interrogent...

Bras démesurément longs... écartés à jamais sur un désir inassouvi des autres.

 

Cathy Massé, 20 décembre 1986