Raymond de Costa (? -1310)
Gisant de Ramon de Costa
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Fils d'Arnaud de Costa, il fut élu évêque
d'Elne en 1289. Le 11 octobre de cette année, il
confirma, en sa qualité de chapelain-majeur,
l'érection d'une vicairie-perpétuelle dans
l'église Saint-Jean de Perpignan. Après avoir
été consacré, il promit obéissance
au chapitre de Narbonne, sede vacante, le 20 mars 1200.
La même année, il fit quelques statuts pour
l'église Saint-Jean de Perpignan. Le 6 novembre 1296,
Ermengaud de Llupia lui fit hommage pour le village de Bages qui
faisait partie de la dot de sa femme. Raymond de Costa
souscrivit, le 29 juin 1298, à un acte de renonciation
que se firent dans le château d'Argelès les rois
d'Aragon et de Majorque ; il apposa encore sa signature à
la lettre que les évêques de la province de
Narbonne adressèrent à Philippe le Bel, le 28
septembre 1299. Cette même année,
l'évêque d'Elne attesta, dans son palais de
Perpignan, l'authenticité du testament de Jacques, roi
d'Aragon, et la conformité de la copie avec l'original
qui lui furent présentés par un notaire. C'est
sous son épiscopat, et vers l'an 1300, que les consuls de
Perpignan firent construire, par ordre du roi de Majorque, sur
un fonds qu'il leur avait vendu, l'église de Notre-Dame,
appelée de la Réal, c'est-à-dire de
la royale, parce qu'elle était située
à proximité du donjon de la citadelle
qu'habitèrent successivement les rois de Majorque et
d'Aragon. Peu de temps après, Jacques, roi de Majorque,
requit de Raymond de Costa et Guillaume, abbé de Cuxa, de
mettre à exécution les dernières
volontés de Galcerand d'Urg, en ce qui concernait la
vente de la moitié de la seigneurie de Joch.
L'évêque et l'abbé déclarèrent
qu'ils ne voulaient point intervenir en cette affaire et qu'ils
s'en rapporteraient à ce que le monarque
déciderait à cet égard. Comme les
légats et nonces envoyés en France par le pape
Clément V, en 1310, voulaient lever des contributions sur
1e diocèse d'Elne, de la même manière qu'ils
faisaient sur le clergé des églises de France,
Raymond de Costa fit des représentations, et assura que
son église faisait partie de la province de Narbonne,
mais qu'elle n'était point rattachée au royaume de
France. Il fit valoir, en outre, le privilège du pape
Innocent IV qui interdit aux légats apostoliques
d'exercer leurs droits dans le diocèse d'Elne, à
moins qu'il n'en soit fait une mention formelle.
Raymond de Costa commença l'information contre les Templiers du
Roussillon, en 1309. Il ne reçut que vers la fin
de cette année-là les lettres de Gilles,
archevêque de Narbonne son métropolitain ; elles
lui transmettaient, avec les bulles du Pape, les articles ou
chefs d'accusation portés contre l'ordre du Temple et les
prescriptions à suivre pour la procédure.
Conformément au mandat apostolique dont il était
revêtu, il s'adjoignit deux chanoines de sa
cathédrale, Bernard-Hugues d'Urg, grand archidiacre, et
Raymond Guillem, sacristain, deux dominicains du couvent de
Perpignan, frère Bernard March, prieur, et frère
Bérenger d'Ardena, lecteur, et deux franciscains de la
même ville, les frères Arnau, gardien, et Guillaume
Brandi. L'interrogatoire des prévenus commença le
19 janvier 1310, et se poursuivit jusqu'au 26 du même
mois. Vingt-cinq témoins furent entendus et tous
soutinrent l'innocence de l'ordre avec fermeté. Le cahier
de l'enquête contre les Templiers roussillonnais fut clos
et scellé par Raymond de Costa, le 31 août 1310 et
expédié peu de jours après à
Rome.
Ce prélat mourut le 30 octobre de cette même
année et ne vit point l'issue de l'affaire criminelle
intentée aux Templiers. Il fut inhumé dans la
chapelle qu'il avait fait construire dans son église et
en faveur de laquelle il avait fondé des
bénéfices. On remarque à la base de son
tombeau, élevé dans la deuxième chapelle du
sud de la cathédrale d'Elne, des modillons pareils
à ceux qui se voient à la porte du cloître.
Ce sarcophage est encastré dans le mur. Sur la face
antérieure est relevée en bossage la statue de
l'évêque, grandeur nature, en habits pontificaux,
bénissant de la main droite, et maintenant de la gauche
sa crosse, dont la volute est brisée. La mitre
paraît très ornée, mais on n'en peut
apercevoir que la naissance ; le reste se cache derrière
le retable en bois de l'autel. La chaussure est pointue. Le
couvercle du sarcophage est prismatique. Sur le versant qui fait
saillie, sont sculptés la sainte Vierge et saint Jean,
aux pieds de la croix, et deux écussons chargés
d'un griffon, pareils à ceux du marbre funéraire
de son frère, le chanoine Pierre de Costa, qui se trouve
dans la chapelle attenante.