Jacques Gamelin (1738-1803)
Il naquit à Carcassonne le 3 octobre 1738. Il fut d'abord
placé chez Puymaurin, syndic général des
états du Languedoc, qui, s'apercevant que son
employé, au lieu de copier des états, ne
s'occupait qu'à faire des dessins, décida sa
famille à le laisser suivre sa vocation. Gamelin fut
envoyé à l'Académie royale de peinture de
Toulouse. Après avoir travaillé à Toulouse
dans l'atelier de Rivals, il se rendit à Paris où
il remporta le grand prix de peinture. Il alla ensuite à
Rome étudier les chefs-d'oeuvre des maîtres sous
l'habile direction de Vien et de David. On le trouve encore dans
cette ville, en 1771, pourvu du double titre de professeur de
l'Académie de Saint-Luc et de peintre du pape
Clément XIV. En 1774, Gamelin fut nommé professeur
à l'Académie de Toulouse. Deux ans après,
il était directeur de l'école de peinture de
Montpellier. Il occupa ce poste jusqu'au moment de la
Révolution.
En 1784, Gamelin vint à Perpignan pour exécuter
les deux tableaux et les peintures murales que l'on voit encore
de nos jours dans la chapelle de l'Immaculée-Conception,
à la cathédrale Saint-Jean. Cette oeuvre est
d'autant plus précieuse qu'en fait de fresques ou de
peintures murales anciennes, c'est la seule composition de haut
style que l'on puisse citer, non seulement dans l'église
Saint-Jean, mais encore dans toutes celles de Perpignan et du
département. Les plans et projets de ces peintures,
arrêtés en septembre 1781, furent
considérablement modifiés dans le cours de
l'année suivante, époque où ils furent
définitiveinent arrêtés et mis à
exécution. Les deux tableaux représentent le
mystère de la Pentecôte et la scène de
Jésus au Temple. La chute des anges
rebelles fait le sujet de la fresque. Ces divers travaux qui
coûtèrent quinze cents livres ne furent pas
terminés avant 1790. Gamelin adressa aux membres du
district de Perpignan une réclamation tendant à se
faire solder sept cent cinquante livres qui lui étaient
dues. Le conseil fit droit à sa demande, le 7 avril 1793,
et les honoraires lui furent intégralement
payés.
Vers la même époque, Gamelin peignit le plafond de
la chapelle du Tiers-Ordre de Saint-Dominique, convertie
actuellement en magasin du génie militaire. C'est dans
cette église que furent jugés, en 1846, les
brigands catalans si connus dans le pays sous le nom de
Trabucayres.
Le Musée de Perpignan possède entre autres
tableaux de valeur de Gamelin un Christ expirant. On
remarque dans le transept de gauche de l'église
Saint-Jacques de cette même ville une Cène
peinte par Gamelin, tableau récemment classé dans
la liste des monuments historiques.
Durant les guerres de la Révolution, Gamelin avait
été attaché comme peintre à
l'armée des Pyrénées-Orientales que
commandait Dugommier. Il avait le rang et les appointements d'un
capitaine de génie. On trouve à l'hôtel de
la Préfecture quatre tableaux de Gamelin qui se
rapportent à cette époque et qui offrent un
intérêt local autant qu'artistique : le camp de
l'Union, la Bataille de Peyrestortes, les portraits
des généraux Dagobert et Dugommier
que la gravure a souvent reproduits et que le gouverneraient fit
copier pour Versailles. Ces toiles sont des esquisses ; elles
n'ont pas les qualités essentielles qui
caractérisent l'oeuvre de Detaille, mais elles
constituent plutôt des documents historiques. Après
la Révolution, Gamelin rentra dans son pays natal.
Jusqu'à sa mort, survenue le 22 octobre 1803, il occupa
la chaire de professeur de dessin à l'Ecole centrale de
l'Aude.
On conserve de lui, au Musée de Toulouse, deux beaux et
grands dessins au lavis ayant pour sujet : l'un Achille
traînant le corps d'Hector autour des remparts de
Troie ; l'autre Ulysse massacrant les prétendants
de sa femme. Gamelin publia à Toulouse, en 1779, un
nouveau recueil d'ostéologie et de myologie, pour
l'utilité des sciences et des arts, en 2 vol. in-folio
avec 100 planches et texte.