Albert Saisset (1842-1894)

Il naquit à Perpignan le 10 novembre 1842. Il descendait d'une famille qui a fourni des notabilités à la magistrature et au barreau roussillonnais.

Albert Saisset fit au collège de sa ville natale ses premières études qu'il termina brillamment au lycée de Montpellier. Indécis sur la carrière qu'il devait entreprendre, il subit les examens d'entrée à l'école de Saint-Cyr et fut déclaré admissible. Albert Saisset suivit durant deux ans les cours de l'Ecole supérieure de Commerce de Paris (1861-1863). Après un stage de deux années à la maison de banque de Justin Durand, il prit la direction de l'ancienne maison financière de M. Garrette.

Possédant le secret assez rare d'allier les chiffres et les vers, Albert Saisset consacra souvent à rimer les loisirs que lui laissaient les affaires. Il écrivit d'abord des poésies françaises dont une faible partie fut publiée sous le titre : Poésies roussillonnaises. En 1884, Albert Saisset présenta au concours de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales une pièce en vers français intitulée Perpignan qui obtint le premier prix. Deux ans après, il fut appelé à la direction des travaux de la section des lettres de cette même société. Albert Saisset composa les paroles de Salut au Roussillon que Bonaventure Petit mit en musique. Les deux auteurs assistèrent à la répétition générale de cette cantate que l'Estudiantina catalana interpréta pour la première fois le 17 mars 1886. En 1887, parut sans nom d'auteur un premier recueil de poésies catalanes, intitulé Oun pougnat da catalanades. Ce fut une révélation, et dans tout le Roussillon on lut les monologues contenus dans ce fascicule. Un second recueil ne tarda pas à paraître, sous la rubrique : Cosas y altres. Le public roussillonnais désirait connaître le nom de l'auteur de ces pièces catalanes. Avec le troisième fascicule qu'il publia sous le titre : Historis y coumedi, Albert Saisset déchira le voile de l'anonyme et édita désormais les productions de sa Muse sous le pseudonyme d'Oun Tal.

Jusqu'au jour de sa mort, survenue le 14 août 1894, il publia les seize recueils suivants : Oun pougnat da catalanades, 1887, in-8° de 18 pages ; Cosas y altres, 1888, in-8° de 18 pages ; Historis y coumedi, 1888, in-8° de 22 pages ; Bestis y gen, 1888, in-8° de 18 pages ; L'Hourtoulana, paraulas y mousica, 1888, in-fol. ; Proubem da riure !, 1889, in-8° de 24 pages ; Bingnas y donas, coumedi en dous actes, 1889, in-8° de 66 pages ; Fablas y fabliols, 1890, in-8° de 19 pages ; Countas de l'altra moun y d'aquest, 1890, in-8° de 20 pages ; Jamecs, 1890, in-8° de 19 pages ; Oun poc da tout, 1891, in-80 de 19 pages ; Passe-Temps, 1891, in-8° de 20 pages ; Barrajadis, 1892, in-8° de 19 pages ; Plors y rialles, 1893, in-8° de 19 pages ; Cansous, 1893, in-8° de 21 pages ; Pims y pams, 1893, in-8° de 20 pages.

Albert Saisset édita en outre, en 1894, une Grammaire catalane, in-18 de 93 pages, dans laquelle il préconisa et mit en usage une orthographe phonétique du catalan, rompant de propos délibéré avec la tradition et l'étymologie.

La collection de ses oeuvres s'est accrue après son décès des fascicules suivants : Pa la gen fis, 1895, in-8° de 18 pages ; A tort y a trabès, 1897, in-8° de 19 pages ; Oun moun de coses, 1898, in-8° de 22 pages ; Bersous nous, 1900, in-8° de 19 pages ; Lligiou, 1900, in-8° de 18 pages ; Altre barrajadis ; Cosas de Roussillou ; Oun biatge à Barcelona (prose).

«Tous ses monologues, dit M. Delpont, toutes ses chansonnettes reflètent le ciel, la mer et les montagnes incomparables du Roussillon ; un souffle les anime qui condense dans leurs vers le soleil bienfaisant, l'atmosphère limpide, les cimes neigeuses et les horizons capricieux de nos paysages catalans. Ils sont, d'autre part, une reproduction vivante des types et des moeurs de notre temps ; de ces types et de ces moeurs, Saisset a excellé à en rendre le côté rieur, bon enfant ; lire ses oeuvres, c'est se faire une pinte de bon sang. C'est rire aux éclats et oublier, pour un instant, les petites misères de la vie. Une seule réserve s'impose, quant au caractère littéraire de ses catalanades. Saisset n'écrivait pas le catalan, il le parlait ; ne tenant aucun compte de l'orthographe et des prescriptions de la grammaire catalane, il écrivait phonétiquement.»

J. Gamaud, Eloge de M. Albert Saisset, dans le XXXVIe Bulletin de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales. - J. Delpont, Journal commercial illustré des Pyrénées-Orientales, n° VIII. - J. Amade, Anthologie catalane (introduction).