Pierre Talrich (1810-1889)
Il naquit à Serralongue en 1810. Orphelin de bonne heure,
il dut quitter son village natal. Il se rendit à Paris
où il parvint, par son travail, à une honorable
situation. Pierre Talrich fut, dans la capitale de la France, un
des plus ardents catalanisants. Il fonda à Paris le
cercle lo Pardal, où les fils du Roussillon se
réunissaient pour parler leur langue maternelle et
célébrer des fêtes en l'honneur de leur pays
natal. Au mois de décembre 1885, lorsque
l'Estudiantina catalana et la Cobla des Mattes
arrivèrent à Paris pour participer aux fêtes
du Soleil, Talrich se rendit à la gare pour leur
souhaiter la bienvenue. Il salua les deux sociétés
de ses compatriotes en improvisant le quatrain suivant :
Vosaltres que veniu, ab tota l'armonia
Del nostre bel parlar, nos portar l'alegria,
Infants de Perpinya, vos obrim nostre cor ;
Pel nostre Rossello es tot omplert d'amor.
Pierre Talrich s'était essayé avec bonheur dans
la poésie catalane avant l'apparition de son oeuvre
principale, Recorts del Rossello, qu'il publia à
l'âge de soixante-dix-sept ans. Il était
déjà connu dans le monde catalanisant pour sa
Cantata al Rossello et pour ses Recorts de las
Escaldes. Cette dernière oeuvre avait même
remporté un prix dans un concours poétique.
En 1887, Pierre Talrich fit imprimer à Perpignan
l'édition de Recorts del Rossello,
illustrée par Le Nain et Teyssonières. Un souffle
de mélancolie empreinte de couleur locale et de
lumière intense remplit le volume. C'est le Roussillon,
le Capcir, la Cerdagne et le Vallespir qui passent dans
l'esprit, lorsqu'on lit les vers fermes et pleins du
poème de Pierre Talrich. Ce poète avait aussi
écrit en prose française, vers 1855, un drame en
quatre actes, Vasconcellos, qui fut publié
à Paris, en 1902, chez Plon, par les soins de son
petit-fils, M. Paul Brinquant.
Pierre Talrich mourut à Paris, le 28 février
1880. Il suivit de quelques jours dans la tombe son frère
Eugène, qui avait été administrateur du
Siècle et fondateur du Temps. Le buste de
Pierre Talrich, oeuvre d'Alexandre Oliva, se trouve au
Musée de Perpignan.