Bernard / Bernat Xanxo (XVe-XVIe s.)

Fils de Berenger Xanxo, il se livra à de vastes entreprises commerciales dans les dernières années du règne de Charles VIII et acquit une immense fortune. Dès l'année 1484, il tenait en afferme le droit de pariatge de la ville de Perpignan, en compagnie d'autres associés. Le 9 mars 1489, une saisie fut opérée sur tout ce qui se trouvait au pouvoir de Bernard Xanxo, provenant des ambassadeurs de la république de Venise. Le 29 octobre 1491, en qualité de marguillier de l'église Saint-Jean de Perpignan, Bernard Xanxo fit une concession de sépulture dans les cloîtres de la nouvelle église en faveur de la famille Moner. En 1492, étant créancier de tous les juifs de Montso, il fit saisir leurs biens déposés chez Abraham Menassem, juif du Call de Perpignan. Il engagea à ce sujet de nombreux procès. Son nom figure le plus souvent dans des actes relatifs à des opérations commerciales ou financières : dans un emprunt négocié le 14 août 1493, dans une expédition de draps de Perpignan à Valladolid, peu de temps après. En 1494, Bernard Xanxo eut des difficultés avec les officiers de la Procuration royale qui avaient opéré une saisie sur les revenus des boucheries de Perpignan, dont il était un des fermiers, de concert le chevalier Vincent Canta. En 1301, il plaida contre Pierre Angles, son associé dans la ferme locale du poisson de Perpignan. Comme fermier de la leude royale de Collioure, Bernard Xanxo eut de nombreux demêlés au sujet des droits dus pour l'entrée de froment, de blés. Le 11 octobre 15O7, la communauté de Saint-Jacques prit l'engagement de lui embourser les droits d'expédition du privilège octroyé par le roi au sujet des amortissements, dès que Bernard Xanxo aurait fait la remise du document officiel. Le 26 du même mois, ce riche négociant de Perpignan fut frappé de deux amendes pour n'avoir pas fait enlever, dans le délai prescrit, des pierres et autres matériaux de construction qu'il avait déposés sur les places «de las Cèbes et de l'Huile» et n'avait pas reconnu à temps la tenure de la maison du damoiseau Gelabert de Llupia.

C'est vers cette époque qu'il faut faire remonter la construction de la maison que l'on voit encore sur la rue de la Main-de-Fer, qui est actuellement occupée par le Cercle de l'Union. Ce magnifique hôtel gothique fut bâti sur l'emplacement de cinq autres maisons qu'on démolit tout exprès. Il a servi de maison d'habitation aux nobles familles de Llupia, del Viver, de Taqui, de çagarriga, de Cruilles, d'Oms, de Blanes, d'Ortaffa, de Banyuls et de Vilanova. Sa façade ornée de pilastres à bossages, ses larges fenêtres à meneaux, sa grande porte en plein cintre et à longs claveaux, les fines ciselures de son ornementation intérieure, les admirables moulures du vestibule, en font un bijou de style gothique.

Le 26 juin 1508, de concert avec les nobles François Rexach, Gaspard dez Vivers, seigneur d'Alénya, Thomas de Vilanova et Bernard Alénya, mercader de Perpignan, Bernard Xanxo servit de caution à Bernard de Llupia qui avait affermé à Barcelone le droit de bulle de la table ou banque de Perpignan, à raison de 750 pacifics d'or par an. Bernard Xanxo possédait des troupeaux de bétail pour lesquels il payait des droits de passage à Belpuig, en 1508. Trois ans plus tard, il adressa des réclamations au sujet des droits imposés sur la sortie des fers du Roussillon. L'activité de ce riche commerçant perpignanais s'étendait donc sur presque toutes les branches du commerce et de l'industrie. En 1510, Bernard Xanxo fut inscrit sur la matricule des bourgeois honorés de Perpignan. Le 20 janvier 1517, il reçut les pouvoirs de procureur de l'évêque d'Elne, Bernard de Messa, de la part de Pierre-Fernand Jehen, dominicain, qui avait été institué procureur de ce prélat par acte daté de Londres, le 24 septembre 1516. L'historien Capmany apprend qu'un gros navire de Bernard Xanxo, chargé de marchandises du Levant, fit voile d'Alexandrie en 1523. A son arrivée à Messine, la peste s'étant manifestée dans l'équipage, l'on se vit obligé de décharger la cargaison.

Bernard Xanxo avait épousé Elisabeth qui lui donna une fille unique, Angèle, laquelle unit ses destinées à François de Llupia (voir ce nom). De ce mariage naquit Louis de Llupia qui devint Procureur royal du Roussillon. Bernard Xanxo fut inhumé dans le caveau de sa famille, qui était creusé sous la chapelle de Saint-Bérenger, située dans l'église Saint-Jacques de Perpignan.

Archives des Pyr.-Or., B. 347, 353. 412, 413, 414, 413. 416, 417, 418, 419, E. (Titres de famille). 821. G. 48, 152. - Publicateur des Pyrénées-Orientales, année 1833. - Alart, La maison de la Main-de-fer et la famille Xanxo de Perpignan, dans le Journal des Pyrénées-Orientales, n° des 4, 8 et 11 mai 1861.