Jacques (Joseph, Jean, Jules) de Noëll naquit le 30 septembre 1866, à Saint-Laurent-de-Cerdans, et mourut le 14 février 1954 à Amélie-les-Bains. Musicien, il composa diverses sardanes, hymnes, cantates, et arrangements de musiques catalanes traditionnelles. Il fut directeur de l'Orphéon de Saint-Laurent-de-Cerdans pendant plus de vingt ans, ainsi que d'autres formations musicales en Vallespir.

Jacques de Noëll fait partie d'une fratrie de cinq, dont Louis, archéologue, et Joseph, notaire à Arles-sur-Tech. Jacques de Noëll, d'une vieille famille de propriétaires fonciers de Saint-Laurent-de-Cerdans, est un des descendants des seigneurs de Vilaro, titre acquis par la famille depuis le XVe siècle (Vilaro se trouvait sur le territoire de Coustouges). Par sa mère, il est apparenté aux Pons, de Corsavy, maîtres de forges. Par sa famille paternelle, il est cousin de «L'Ermita de Cabrenys», pseudonyme du docteur Emile Boix, et du poète Pierre Camo.

Passionné de musique, Jacques de Noëll suivit les cours du maître roussillonnais Augustin Taudou, grand prix de Rome, et professeur d'harmonie au Conservatoire national de Paris, qui le remarqua. En 1896, avec Albert de Manresa, il fonda l'Orphéon de Saint-Laurent-de-Cerdans. A la mort de Manresa, Jacques de Noëll prit seul la direction de l'Orphéon et le fit participer avec succès aux concours de chant choral organisés par la Fédération Musicale du Midi, dont il sera ultérieurement vice-président (9 départements du sud de la France). Jacques de Noëll créa également l'Union Chorale du Vallespir, comprenant les chorales de Saint-Laurent-de-Cerdans, Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains. En 1937, il reconstitua le Choral Amélien.

En dehors de son activité de directeur de chorale, Jacques de Noëll était également compositeur. Il composa nombre de chansons en français («Les lilas» fut couronné au concours de composition de la Ville de Paris), mais il se consacra tout spécialement à la composition de sardanes, d'hymnes ou de cantates inspirés par le Pays Catalan, et à l'arrangement de musiques traditionnelles telles que Lo Pardal, Salten i Ballen, Muntanyes Regalades.

Sous sa direction, le 2 juin 1911, l'Orphéon de Saint-Laurent-de-Cerdans participa aux Fêtes Catalanes de Céret, commémorant le 25e anniversaire de l'Harmonie du Vallespir. A cette occasion, l'Orphéon interpréta la cantate à six voix El Cant del Vallespir, sur un poème écrit par Jean Amade et une musique de Déodat de Séverac. Ensuite, les chorales réunies exécutèrent Salut au Vallespir, paroles et musique de Jacques de Noëll.

En 1919, il composa sur un poème de son ami Jean Amade, l'hymne Rosselló.

En 1925, le concours de sardanes d'Olot couronna Roses i clavells, qui sera médaillée en 1926 aux Jeux Floraux de Toulouse. Trois de ses musiques, Records del Rosselló, Nostra Terra et Cant de primavera furent couronnées au concours de composition de Barcelone en 1933. La sardane Nineta hermosa (ou «Hermosita») fut distinguée au concours de sardanes de Ripoll, en 1935.

Ses sardanes furent interprétées par des coblas réputées en Catalogne du sud, telles La Principal de Perelada ou la Santa Coloma de Farners.

Temporadess, Cant de Primavera, et Nostra Terra furent aussi récompensées aux Jeux Floraux du Genêt d'Or de Perpignan, respectivement en 1941, 1943 et 1951.

Jacques de Noëll mit également en musique des poèmes de Oun Tal, Charles Grando, Jacint Verdaguer.

Jacques de Noëll écrivit les paroles d'un Hymne au Canigou, dont Déodat de Séverac composa la musique, mais qui resta inédit. Une vive amitié le liait au grand compositeur languedocien ; ensemble ils donnèrent des concerts au bénéfice des blessés de la guerre de 1914-18. Après la mort de Déodat de Séverac, survenue à Céret en 1921, Jacques de Noëll lui rendit hommage en faisant jouer La Fille de la terre (Céret, 1924), et en organisant, avec le chef d'orchestre Joseph Lignon, un Festival Déodat de Séverac (Amélie-les-Bains, 1928).

Jacques de Noëll fut membre, dès sa création en 1906, de la Société d'Etudes Catalanes, dont Jean Amade était le vice-président. Les deux hommes nouèrent des liens amicaux très forts, et correspondirent de façon constante, quoique irrégulière, jusqu'à la mort de Jean Amade.

Jacques de Noëll faisait partie du mouvement régionaliste, et militait en faveur du maintien de la culture, de la langue et des traditions régionales. Après la dissolution de la SEC, il fit partie de La Colla, et participa aux Jeux Floraux du Genêt d'Or et à la Maintenance du Félibrige. Il introduisit les chansons en langue catalane dans le répertoire de l'Orphéon de Saint-Laurent-de-Cerdans.

Il donna des chroniques musicales au journal L'Indépendant, qu'il réunit ensuite dans un livre intitulé «A travers la musique méconnue» (1934), et publia sous le nom de J.N. de Vilaro.

Jacques de Noëll fut inhumé le 16 février 1954 à Saint-Laurent-de-Cerdans.

© Josianne Cabanas


SOURCES : archives familiales privées et presse.