LATRO (λάτρις)


  1. Dans son sens primitif, un serviteur travaillant pour un salaire. Par la suite, ce mot servit à désigner une soldat mercenaire, prenant du service à l'étranger pour une solde convenue, comme les condottieri italiens du moyen âge, et les troupes suisses qu'entretenaient autrefois les rois de France. Mais comme ces corps commettaient de grands excès dans les pays qui les employaient, il finit par devenir synonyme de voleur, de bandit ou d'assassin (Varro. L.L. VII, 52 ; Festus, s.v. ; Serv. ad Virg. Aen. XII, 7 ; Plaut. Mil. IV, 1, 2 ; Juv. X, 22 ; Val. Maxim. V, 9, 4).

  2. Sorte de jeton qui servait à jouer un jeu d'adresse fort semblable à nos dames (ludus latrunculorum) ; ce jeton portait aussi le nom de miles et celui d'hostis, car on pouvait dire que le jeu représentait une troupe de partisans ou de soldats engagés dans l'attaque ou la défense d'une position fortifiée (Ov. A. Am. III, 357 ; Mart. VII, 72 ; XIV, 20). On distinguait les pièces des deux adversaires par la différence de leur couleur ; d'un côté elles étaient noires, et de l'autre rouges ou blanches, comme le montre clairement la planche, représentant deux Egyptiens jouant à ce jeu.

Ces latrones étaient faits de différentes substances, de bois, de métal, de verre, d'ivoire, etc. Les mouvements se faisaient sur des lignes tracées sur la table, et le talent était de se placer de manière à enfermer une des pièces de son adversaire entre deux des siennes, auquel cas elle était prise, ou de la pousser en tel endroit qu'il lui fût impossible de bouger ; alors on disait que le joueur était alligatus ou incitus «en échec» ; car ciere est le mot qui répond à notre mot bouger, se remuer ; de là l'expression ad incitas redactus, littéralement, réduit à l'extrémité, ce qui répond à notre échec et mat (Senec. Ep. 106 et 117 ; 0v. A.Am. III, 357 ; Plaut. Poen. IV, 2, 86).