VELUM (ἱστίον)

  1. En général, toute voile de navire (Liv. Virg. Ov.) ; mais particulièrement la large voile carrée ou grande voile, par opposition à la misaine (dolon), au hunier (supparum), et autres voiles qui avaient à leur forme ou à leur place sur le navire un nom particulier (Stat. Silv. III, 2, 27 ; Virg. Aen. I, 106). Elle était fixée en haut à une vergue (antenna) et formée de pièces carrées cousues ensemble, comme le représente la figure ci-dessous, empruntée au Virgile du Vatican.
  1. Dans les mauvais temps, ou quand on arrivait au port, on abaissait la vergue à la moitié de la hauteur du mât, et on carguait la voile ou on prenait des ris, comme le représente la gravure ci-dessous, d'après une lampe en terre cuite ; opérations qu'exprimaient les locutions demittere antennas (Hirt. B. Alex. 45), abaisser la vergue ; velum subducere, ou antennis subnectere (Hirt. l.c. ; Ov. Met. XI, 483), carquer la voile ; velum legere (Virg. Georg. I, 373), raccourcir la voile (cf Vitruv. X, 3, 5 et 6).
  1. Au contraire, quand le bâtiment mettait en mer par un beau temps, la vergue était hissée jusqu'au haut du mât, les garcettes lâchées et les coins de la voile abaissés jusqu'au pont. C'est l'opération qu'on est en train d'accomplir dans le dessin ci-après, emprunté à un bas-relief funéraire de Pompéi, et qu'expriment les locutions suivantes : vela facere (Cic. Tusc. IV, 4), faire toutes voiles ; vela pandere (Ib. IV, 5), étendre les voiles ; vela solvere et deducere (Virg. Aen. IV, 574 ; Ov. Met. III, 663), dérouler la voile et la laisser tomber de la vergue.
  1. (παραπέτασμα). Rideau suspendu devant la porte de la rue d'une maison pour en fermer l'entrée, quand la porte même restait ouverte (Suet. Claud. 10 ; Juv. VI, 228). Dans l'intérieur d'une maison, il servait, comme ce que nous appelons une portière, à séparer deux appartements différents, ou à couper en plusieurs parties une pièce très grande (Plin. Ep. IV, 19, 3).

    Dans un temple, on l'employait pour voiler l'image d'une divinité, et il n'était tiré que dans certaines occasions solennelles, comme on fait encore dans quelques églises catholiques (Apul. Met. XI, p.251 et 257) ; enfin, comme les rideaux de nos fenêtres, il servait avec les volets (foriculae) à bannir la lumière (Juv. IX, 104 ; Mart. I, 35). Ces rideaux étaient tantôt d'une seule pièce, et on les soulevait de bas en haut, ce qu'indique l'expression allevare velum (Sen. Ep. 80), lever le rideau, ou la portière était formée de deux rideaux qui s'ouvraient par le milieu, comme on le voit par la figure ci-jointe, qui représente l'entrée du palais de Didon, d'après le Virgile du Vatican ; ce que désigne l'expression vela reducere (Apul. ll.cc.), tirer les rideaux.
  1. Toile ou rideau d'un théâtre (Ov. A. Am. I, 103 ; Prop. IV, 1, 15). Voyez aulaea.
  1. Banne de toile tendue au-dessus de la tête des spectateurs, dans un théâtre ou un amphithéâtre, pour les protéger contre le soleil et le mauvais temps (Plin. H.N. XIX, 6 ; Lucret. IV, 73). Voyez velarium.
  1. Comme velamen, terme général pour toute espèce de couverture, de draperie, qu'il s'agisse de personnes (Cic. Cat. II, 10) ou de choses (Id. Verr. II, 5, 12).

Illustrations complémentaires

Ulysse attaché au mât de son bateau écoute le chant des Sirènes
Mosaïque de Dougga, v. 260 apr.JC
Musée du Bardo, Tunis (Tunisie)

© Agnès Vinas, 2001

La voile vient d'être carguée à l'arrivée au port
Moulage de la colonne Trajane, 113 après JC
Museum für Antike Schiffahrt,
Mainz (Allemagne), 2002

© Agnès Vinas

Velum du Colisée (reconstitution)
Augé de Lassus, Les Spectacles antiques (1888) p.195