TRICLINIUM (τρίκλινον)
- Ce mot n'indiquait pas un seul lit de table (lectus tricliniaris), mais la réunion de trois lits de table (Varro, L.L. IX, 9 ; R.R. III, 13, 2 ; Macrob. Sat. II, 9), disposés de manière à former trois côtés d'un carré, avec un espace vide au milieu pour la table, et le côté ouvert pour laisser les domestiques passer et apporter les plateaux sur lesquels sont arrangés les plats. Un triclinium ainsi constitué était en général destiné à la réception de neuf personnes, trois sur chaque lit ; mais ce nombre n'était pas de rigueur, car souvent toutes les places n'étaient pas prises ; et d'autres fois, chaque lit n'était disposé que pour une seule personne, de manière que toute la compagnie ne se composât que de trois convives ; au contraire, dans le specimen donné ci-dessous, si les deux lits de côté ne reçoivent chacun que trois personnes, il n'y a pas moins de sept individus sur celui qui est vu de face.
Le bas-relief original auquel est empruntée cette gravure
fut trouvé à Padoue (autrefois Patavium),
très endommagé, mais conservant pusieurs
détails assez apparents pour donner une idée
exacte de la manière dont étaient disposés,
avec les convives qu'ils portaient, les trois lits d'un
triclinium. Dans ce specimen pourtant, ce ne sont pas,
à proprement parler, des lits (lecti), mais des
massifs de maçonnerie, analogues à ceux qu'on voit
dans la gravure du mot
trichila, et sur chacun desquels on étendait un
matelas, dont on aperçoit ici les bords sous le corps des
figures couchées. Si une table, comme celle du dernier
dessin, était placée au milieu, entre les lits, la
scène serait complète. Les figures de gauche sont
encore couchées, comme en train de dîner ; celles
de droite, déjà repues, se sont étendues
sur le dos pour faire leur sieste (Juv. I, 56 ; Ov. Am.
II, 5, 13), tandis que le reste de la compagnie, tout au bout du
triclinium, boit à pleines coupes. Cette
scène représente peut-être une fête
funéraire (silicernium) ; ou ce qui est plus
probable, une débauche de vin après un repas
(comissatio, symposium), partie pour laquelle on avait
coutume d'inviter d'autres convives encore que ceux qui avaient
assisté au dîner ; c'est ce qui expliquerait ce
qu'il y a d'inaccoutumédans le nombre des buveurs
pressés sur le lit du fond.
- Salle à manger, où était disposé le triclinium (Cic. de Or. II, 65 ; Phaedr. IV, 24 ; Petr. Sat. 22 ; Vitruv. VI, 6, 7 et 7, 4). On a découvert dans les maisons de Pompéi plusieurs appartements de ce genre, presque tous petits, et munis de massifs de maçonnerie, au lieu de couches mobiles, sur lesquels on étendait un matelas, ainsi que le montre la gravure précédente ; mais il faut bien comprendre que d'autres salles à manger, originairement munies de véritables lits, ont perdu leurs caractères distinctifs par l'enlèvement du mobilier qui leur appartenait.
Illustration complémentaire |
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Mosaïque du triclinium de la maison de la
Chasse © Agnès Vinas |