UMBRAE


Les ombres, les âmes des morts descendues aux sombres bords. Les anciens croyaient que l'esprit de l'homme descendait, après l'extinction de la vie, dans des régions souterraines, où il gardait la figure et l'apparence qu'il avait eues pendant la vie, de manière à rester reconnaissable pour les parents, pour les amis qui l'avaient connu, sans pourtant conserver en réalité aucune substance corporelle ; en d'autres termes, il était visible, mais impalpable. Ceux qui avaient mené une vie vertueuse étaient transportés dans l'Elysée, où ils jouissaient d'une éternelle jeunesse et de la société de ceux de leurs amis et de leurs parents qui avaient obtenu la même récompense ; ceux au contraire qui avaient vécu dans le vice étaient jetés dans le Tartare, où ils supportaient d'éternels châtiments (Serv. ad. Virg. Aen. VI, 654 ; Tibull. III, 2, 9 ; Lucret. I, 20 ; Hor. Od. IV, 7, 14). Les poètes et les artistes donnent donc toujours aux ombres une forme corporelle offrant les mêmes caractères que la personne pendant la vie, ainsi que le montre la gravure ci-jointe, qui représente l'ombre de Déiphobe, dans le Virgile du Vatican, mutilée comme le fut le fils de Priam par les Grecs au moment de la prise de Troie.


Illustration complémentaire

Sarcophage de Protésilas, conduit aux Enfers par Mercure
Musée du Vatican, Galerie des Candélabres, 2001

© Agnès Vinas