IMAGINES MAJORUM


Portraits de famille, consistant en masques de cire qui reproduisaient les traits des défunts, et qui étaient conservés avec un soin attentif par leurs parents dans des cases ou des armoires placées autour de l'atrium de leur maison ; ils les respectaient comme représentant et perpétuant leurs ancêtres (Liv. III, 58 ; Sall. Jug. 85 ; Suet. Vesp. 1). Le masque dans la gravure ci-jointe, prise d'un bas-relief sépulcral où l'on voit une femme pleurant la mort de son époux, est probablement une de ces images dans sa case.

L'honneur de se transmettre à la postérité par des figures de ce genre n'était conféré qu'à certaines personnes chez les Romains, c'est-à-dire à celles qui avaient passé par une des hautes fonctions d'édile, de préteur ou de consul ; et, quand avaient lieu les funérailles d'un individu de ce rang et d'une ancienne famille, les masques étaient tirés de leurs cases et portés par des personnages qui marchaient devant la bière avec le costume et les insignes qu'avaient eus durant leur vie les personnages qu'ils représentaient (Eichstaedt, Dissertt. de Imagg. Rom). On les appelait les effigies (effigies) de la famille, et ils figuraient même des héros de l'histoire traditionnelle, Enée, les rois Albains, Romulus, etc (Tac. Ann. IV, 9 ; cf Polyb. VI, 53 ; Hor. Epod. 8, 2). Il est bien évident qu'il n'a jamais pu exister de portrait authentique ou contemporain d'un individu placé dans une antiquité si reculée, quand on admettrait même que l'original était vraiment un personnage historique ; mais il n'est pas douteux que les grandes familles romaines conservaient des représentations caractéristiques de leurs antiques et même fabuleux ancêtres, dont les traits et le costume reproduisaient quelques types traditionnels bien familiers et immédiatement reconnus par le peuple, tels qu'on les rencontre sur des monnaies, des médailles et des pierres gravées. C'est ainsi que nos représentations modernes de Jésus-Christ ont le même caractère, la même tournure, les mêmes traits, et, sans prétendre être des portraits fidèles, sont encore faites sur un modèle traditionnel de très haute antiquité.


Illustration complémentaire

Romain portant les portraits de ses ancêtres
Centrale Montemartini, Rome, 2001

© Agnès Vinas