Livre X - Lettres 20 et 21


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Aussitôt que, par votre bienveillance, seigneur, j'ai été élevé à la place d'intendant des finances du temple de Saturne, j'ai tout à fait renoncé à la plaidoirie, dont je ne m'étais pas d'ailleurs indistinctement chargé ; et j'y ai renoncé pour remplir, avec plus de liberté, tous les devoirs de mon nouvel emploi. Par cette raison, lorsque les peuples d'Afrique me demandèrent au sénat pour avocat contre Marius Priscus, je m'en excusai, et mon excuse fut reçue. Mais depuis que, désigné consul, vous eûtes declaré que de même qu'il ne fallait point contraindre ceux qui, comme moi, avaient été excusés, ils devaient souffrir aussi que le sénat usât du pouvoir qu'il a sur eux, et mît leur nom dans l'urne pour être tirés au sort avec les autres : j'ai cru qu'on ne pouvait faire moins sous un empire si doux, que de ne pas résister principalement à de si justes décrets de cette illustre compagnie. Je souhaite que vous approuviez les raisons de mon obéissance ; car je ne veux rien faire, ni rien dire, que des moeurs aussi épurées que les vôtres puissent condamner.


TRAJAN A PLINE

Vous avez rempli tous les devoirs d'un bon citoyen et d'un bon sénateur, en déférant à ce que le sénat désirait justement de vous. Je ne doute pas que vous ne remplissiez avec fidélité le ministère dont vous avez été chargé.

© Agnès Vinas

Lettre précédenteLettre suivante