7. Notus et Zéphyre

Notus
Cette génisse, Zéphyre, que Mercure conduit en Egypte, Jupiter l'a donc déflorée dans un amoureux transport ?

Zéphyre
Oui, Notus ; mais ce n'était pas une génisse alors ; c'était la fille du fleuve Inachus. Aujourd'hui Junon lui a donné cette forme, jalouse de voir Jupiter épris pour elle d'un violent amour.

Notus
Et l'aime-t-il encore, à présent qu'elle est génisse ?

Zéphyre
Certainement : et voilà pourquoi il l'envoie en Egypte. Il nous ordonne de ne pas soulever les flots qu'elle n'ait fait le trajet ; car elle doit, en arrivant, accoucher d'un fils dont elle est déjà grosse ; ce fils et sa mère deviendront ensuite des dieux.

Notus
Une génisse au rang des dieux ?

Zéphyre
Mais oui, Notus ; elle présidera même à la navigation, d'après ce que m'a dit Mercure ; elle sera notre souveraine et enverra chacun de nous où elle voudra, ou bien nous empêchera de souffler.

Notus
Il faut lui faire notre cour, Zéphyr, puisqu'elle doit être notre souveraine.

Zéphyre
Oui, par Jupiter ! nous obtiendrons par là ses bonnes grâces.... Mais voilà son trajet achevé, elle prend terre. Vois-tu ? elle ne marche plus sur quatre pieds. Mercure la fait tenir debout et la change de nouveau en une femme charmante.

Notus
C'est inconcevable, Zéphyre ! Elle n'a plus ni cornes, ni queue, ni pied fourchu ; c'est une aimable jeune fille. Mais qu'arrive-t-il donc à Mercure ? il n'est plus le même ; ce n'est plus un jeune homme ; il a pris une figure de chien.

Zéphyre
Pas d'indiscrétion : il sait mieux que nous ce qu'il a à faire.


Traduction d'Eugène Talbot (1857)