Minerve venait de m'instruire. «Il me reste encore, lui dis-je, à vous demander pourquoi ce jour s'appelle les Quinquatries. - C'est sous ce même nom, répondit-elle, que nos fêtes sont célébrées en Mars. Apprends aussi que c'est à moi que la troupe de ces musiciens doit l'invention de son art. C'est moi qui la première, perçant de quelques trous une branche de bois, en ai fait une longue flûte d'où s'échappaient des sons divers. Cette harmonie me plaisait ; mais ayant vu mon image réfléchie par les eaux limpides, je m'aperçus du gonflement de mes joues virginales. A ce prix, l'art me semblait chèrement acheté ; Adieu ma flûte, m'écriai-je, et elle alla tomber sur les gazons du rivage. Un satyre la trouve et d'abord la considère avec étonnement ; il ne sait comment s'en servir ; il découvre que le souffle en fait sortir un son ; tantôt ses doigts donnent passage à l'air, tantôt ils le compriment, et déjà il s'enorgueillit de son talent au milieu des nymphes. Bientôt il provoque Phébus lui-même ; il est vaincu par Phébus, et pendu ; et le fer sépare la peau de ses membres. Mais toujours c'est à moi qu'est due la découverte et l'invention de l'instrument mélodieux ; voilà pourquoi ma fête est célébrée aussi par ceux qui cultivent cet art».


Traduit par J. Fleutelot (1876)