V, 24, 4

La troisième juridiction [de la Carie] siège à Apamée, nommée auparavant Celaenes, puis Cibotos ; elle est située au pied du mont Signia, et entourée par le Marsyas, l'Obrima et l'Orga, qui se jettent dans le Méandre. C'est là que revient, à la surface du sol, le Marsyas, né et peu après perdu sous terre à Aulocrène, là où il disputa à Apollon le prix de la flûte. On appelle ainsi une vallée qu'on rencontre à 10,000 pas d'Apamée, sur la route de Phrygie. De cette juridiction on peut nommer les Métropolites, les Dionysopolites, les Euphorbènes, les Acmoniens, les Peltènes, les Silbians, outre neuf autres peuples sans renom.

XVI, 89

On dit qu'à Argos existe encore un olivier auquel Argus attacha Io, changée en vache. Dans le Pont, aux environs d'Héraclée, sont les autels de Jupiter surnommé Stratius ; là on voit deux chênes plantés par Hercule. Dans la même contrée est le port d'Amycus, célèbre parce que le roi Bébryx y fut tué. Depuis le jour de la mort de ce prince, son tombeau est couvert par un laurier appelé fou, parce que si on en porte une branche dans un navire la discorde se met dans l'équipage jusqu'à ce qu'on jette à la mer cette branche. Nous avons parlé de l'Aulocrène, pays par où l'on va d'Apamée en Phrygie : on y montre un platane auquel fut pendu Marsyas vaincu par Apollon, et ce platane avait été dès lors choisi à cause de sa hauteur ; à Délos on voit un palmier qui date de la naissance de ce dieu. A Olympie est un olivier sauvage avec lequel se fit la première couronne d'Hercule, et maintenant on le conserve religieusement. A Athènes aussi, dit-on, subsiste encore l'olivier produit par Minerve dans son combat.

XXI, 6

En ceci la sévérité était fort grande. L. Fulvius, banquier, dans la seconde guerre punique, accusé d'avoir pendant le jour, de son balcon, regardé dans le forum, ayant une couronne de roses sur la tête, fut emprisonné par l'ordre du sénat, et il ne fut relâché qu'après la fin de la guerre. P. Munatius, ayant mis sur sa tête une couronne de fleurs enlevée à la statue de Marsyas, fut condamné aux fers par les triumvirs ; il en appela aux tribuns du peuple, mais ceux-ci n'intercédèrent pas. I1 en était autrement à Athènes, où des jeunes gens en débauche, avant midi, entraient même dans les écoles des philosophes. Chez nous on ne trouve pas d'exemple d'une licence pareille, si ce n'est chez la fille du dieu Auguste, laquelle, dans ses débauches nocturnes, couronna la statue de Marsyas (1), comme le déplore la lettre de son divin père.

(1) Il y avait dans le Forum une statue de Marsyas, autour de laquelle se rassemblaient les prostituées.

XXXV, 36, 6

On dit encore que Zeuxis peignit plus tard un enfant qui portait des raisins : un oiseau étant venu les becqueter, il se fâcha avec la même ingénuité contre son ouvrage :«J'ai mieux peint les raisins que l'enfant ; car si j'eusse aussi bien réussi pour celui-ci, l'oiseau aurait dû avoir peur». Il a fait aussi des figures en argile, les seuls ouvrages que Fulvius Nobilior (an de Rome 666) laissa à Ambracie, lorsque de cette ville il transporta les Muses à Rome. On a à Rome, de la main de Zeuxis, une Hélène, dans les portiques de Philippe, et, dans le temple de la Concorde, un Marsyas lié.


Traduit par Nisard (1855)