Chryséis et Agamemnon

H. Roux, Herculanum et Pompéi
tome II, planche 71, pp.223 sqq (éd. 1875)

Agamemnon, malgré la violence de sa passion pour Chryséis, fut forcé de la renvover à son père Chrysès pour faire cesser la peste qui désolait les Grecs. Apollon, touché de la douleur de son prêtre Chrysès, qui, après avoir prodigué les présents et les supplications pour essaver de revoir sa fille, avait eu recours à l'intervention du dieu, venait d'obtenir enfin, par le fléau dont il avait châtié l'impiété d'Aganmeumnon, cet acte de justice et cette éclatante réparation. «Atride fait lancer à la mer une galère rapide armée de vingt rames choisies et portant une hécatombe sacrée ; il conduit par la main et fait monter lui-même la belle fille de Chrysès. Le sage Ulysse s'embarque le premier, et tous ceux qui le suivent parcourent la route humide». Chryséis est vêtue d'un pallium, qu'elle relève pour ne pas être embarrassée de ses plis traînants en entrant sur la galère. Elle s'appuie sur le bras d'Agamemnon et a déjà posé le pied sur la planche qui conduit au navire. Son attitude et sa physionomie sont admirables. Elle est triste, et son coeur est combattu sans doute par deux sentiments contraires, l'amour et le devoir : elle regrette la couche d'un vainqueur qui fut si généreux pour elle, et pense avec une douce émotion à sa patrie, à son vieux père qu'elle doit revoir bientôt. Il y a dans le mouvement de la figure d'Agamemnon une sollicitude excessive et une attention toute particulière. Il s'incline vers la captive pour lui dire à demi-voix un triste et dernier adieu. Il est suivi de deux guerriers, dont l'un est sans doute Ulysse ; l'enfant qui occupe la droite de Chryséis est peut-être le Camille qui doit assister à l'hécatombe offerte à Apollon.


Commentaire de M. L. Barré dans l'édition d'Herculanum et Pompéi mentionnée ci-dessus.