Laomédon et Hésione
H. Roux, Herculanum et Pompéi, tome
III,
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Irrité contre Laomédon, qui lui avait refusé la récompense promise pour la construction des murs d'Ilion, Neptune envoya un monstre marin désoler les côtes de la Troade. L'oracle, consulté, répondit qu'il fallait exposer une vierge troyenne à la fureur du monstre, et le sort tomba sur Hésiome, fille de Laomédon. Hercule et Télamon, étant arrivés à Troie, la délivrèrent. Le commencement du combat des deux héros contre leur terrible adversaire est le moment que le peintre a choisi pour représenter cette action dans un paysage historique. La scène se passe hors des murs de Troie, qu'on aperçoit dans le lointain. Dans la plaine située entre les portes et le rivage, la fille de Laomédon, entièrement nue et accompagnée de sa mère et de sa nourrice, s'entretient avec un des héros qui vont combattre pour elle. A la massue qu'il porte et à sa stature, on reconnaît Hercule. Cependant Télamon, déjà sur le rivage, soulève un roc sur ses épaules et se prépare à le lancer à la tête du monstre. La disposition des deux personnages de cette fresque vient justifier, chose étrange, une foule de doutes qui m'ont été inspirés, il y a bien longtemps, par l'examen du passage dans lequel Valérius décrit le même combat. Maintenant, plus que jamais, je crois qu'il faut faire une part également active aux deux héros, soit dans tout le cours du récit, soit particulièrement dans ces vers :
Stat mediis elatus aquis, recipitque
ruentem |
«Debout, inébranlable au sein des
flots, Alcide |
Je lis hic au lieu de hinc, ne trouvant
point vraisemblable qu'Hercule ait jeté sa massue pour
prendre une pierre, puis qu'il ait ramassé la
première arme pour en frapper le monstre ne jugeant
pas en outre que l'ami et le compagnon d'Hercule, le futur
époux d'Hésione, puisse jouer dans ce combat le
rôle de simple spectateur. Cette manière
d'entendre le récit concorde d'ailleurs avec ce que
rapporte Hygin : Hercules et Telamon... eodem venerunt et
cetum interfecerunt (Fab., 89.) «Hercule et
Télamon arriverent et tuèrent le
monstre». Qu'importe que, dans le tableau, la massue
soit laissée au fils d'Alcmène et le rocher
soulevé par son compagnon, tandis que dans le
poème les rôles sont intervertis.
Peut-être ne s'agit-il pas tout à fait du
même moment de l'action et ce qui est seul important
d'ailleurs, c'est que ni l'un ni l'autre des deux
héros ne demeure oisif.
On voit à gauche, sur le rocher même où
Hésione allait être exposée si Hercule ne
l'arrêtait dans la plaine, une petite fabrique, un
petit temple ou plutôt un tombeau. C'est sans donc un
monument élevé aux victimes de la peste que le
monstre a depuis longtemps amenée avec lui sur ces
bords, ou peut-être aux jeunes filles qui ont
été dévouées avant que le sort
désignât Hésione. Tous ces détails
sont indiqués dans deux beaux vers de
l'Argonautique, traduits, hélas ! par quatre
vers bien faibles :
Auxerat haec locus, et facies maestissima
capti |
«De ces mots déchirants tout augmente
l'effet : |
Toutes ces parties du paysage semblent bien
traitées et d'une couleur très vraie : quant
aux figurines, elles sont d'un ton vague, et plutôt
indiquées que peintes.
Commentaire de M. L. Barré dans l'édition d'Herculanum et Pompéi mentionnée ci-dessus.