Achille baigné dans le Styx

H. Roux, Herculanum et Pompéi, tome III, planche 141, pp.91 sqq (éd. 1875)

Thétis vient de plonger Achille dans le Styx, afin de le rendre invulnérable. La Fable raconte que pour faire cette opération la déesse tint son fils par le talon, et que cette partie seule resta exposée aux atteintes du fer. Le peintre paraît avoir choisi un autre moment de la même action, celui où l'héroïque enfant, sorti des ondes du fleuve et placé dans une position plus commode, sourit à sa mère. Deux autres nymphes, placées sur le bord de la source, admirent le courage de la mère et la grâce de l'enfant. Sur des rochers, une déesse ailée, le front ceint d'un nimbus, préside à toute l'action : c'est sans doute la déesse Styx, fille de l'Océan et de Téthys (Têthus), qu'il ne faut pas confondre avec l'épouse de Pélée, Thétis (Thetis) (Hesiod., Theog. 136, 337 et 244.). Styx était une espèce de Némésis ; elle a des ailes et une longue robe à manches, comme cette dernière déesse.

Ce tableau est beaucoup plus remarquable sous le rapport de la composition et du dessin que sous celui du coloris. L'attitude des quatre femmes est pleine de contrastes charmants ; les lignes en sont pures ; les raccourcis, et particulièrement celui du cou d'une des nymphes, sont rendus avec une grande habileté. C'est ce qui a porté quelques critiques à supposer que cette fresque était la copie d'un autre tableau, qui doit offrir un chef-d'oeuvre complet et réunir en lui tous les genres de mérite : à la vérité, cet original n'a encore été vu nulle part.


Commentaire de M. L. Barré dans l'édition d'Herculanum et Pompéi mentionnée ci-dessus.