I. Ajax, fils d'Oïlée

Fils d'Oïlée, roi de Locride, et d'Eriopis : un des héros de la guerre de Troie. Les Locriens Opontiens révéraient Ajax comme un héros national. Le guerrier qui figure sur quelques monnaies de Locres, nu, casqué, armé d'une épée et d'un bouclier, est le fils d'Oïlée. Une de ces monnaies, qui porte le nom d'Ajax, appartenant au Cabinet des médailles, ne laisse aucun doute à cet égard. Sur les médaillons de Locres, Ajax est représenté imberbe. Plus ordinairement il était figuré avec de la barbe : c'est ainsi que l'avait peint Polygnote dans le Poecile d'Athènes. Un groupe du sculpteur Onatas à Olympie, le montrait au moment où, désigné par le sort, il se préparait à combattre Hector. On le voit dans une peinture d'un tombeau de Vulci prenant part aux jeux funèbres en l'honneur de Patrocle. L'épisode de sa vie le plus souvent représenté est son attentat sur Cassandre après le sac de Troie.

II. Ajax, fils de Télamon

Fils de Télamon et de Périboée, qui commanda devant Troie les troupes de Mégare et de Salamine. Une pierre gravée antique montre Ajax blessant Hector en combat singulier ; une autre, défendant avec Teucer les vaisseaux des Grecs ; des peintures de vases, des pierres gravées le font voir combattant auprès du corps de Patocle, protégeant Ulysse sous son bouclier, emportant Achille blessé, etc. Ce dernier sujet a été fréquemment représenté. Sans parler du fragment célèbre connu sous le nom de Pasquano à Rome et des groupes analogues qui sont à Florence, dans lesquels les uns voient Ajax et Achille, d'autres Ménélas et Patrocle, divers monuments sur lesquels on lit les noms des deux premiers héros, ne sont sujets à aucun doute : tels sont un beau miroir gravé du musée de Chiusi et la coupe du musée étrusque du Vatican.

Homère le représente comme le plus vaillant des Grecs après Achille. Pline et quelques auteurs de l'antiquité parlent d'un concours qui réunit à Samos, du temps d'Alcibiade, les peintres les plus célèbres de la Grèce, concours dont le sujet était la dispute d'Ajax et d'Ulysse réclamant la possession des armes d'Achille. Timante l'emporta sur ses rivaux. Un contemporain de César, Timomaque, peignit l'Ajax de Sophocle, qui songe à mourir après avoir massacré les troupeaux des Grecs. Ce tableau paraît avoir été aussi célèbre que la Médée du même artiste.

Deux monuments rappellent le sujet traité par Timante : le premier est une coupe d'argent de la collection Strogonoff ; le second un sarcophage trouvé à Ostie, vers 1834. Une cornaline de la collection du duc de Blacas, une sardoine du musée de Berlin, semblent un souvenir du tableau de Timomaque. La Table iliaque, une médaille de Prusia ad Olympum, un vase de Vulci, avec le nom d'Ajax en caractères étrusques, au Cabinet des antiques, et plusieurs pierres gravées, nous montrent le fils de Télamon se perçant, ou prêt à se percer de son glaive. - Philostrate dit que l'on reconnaissait Ajax à son air farouche (apo tou blosurou). Polygnote l'avait représenté dans la Lesché de Delphes, avec la barbe et, selon toute apparence, avec un caractère de virilité sauvage, et c'est ainsi qu'on le voit sur presque toutes les pierres gravées. Néanmoins, on est autorisé à croire, d'après quelques monuments, qu'il était représenté parfois imberbe, et sous les formes élégantes d'Achille.

Article de E. Vinet